Décédée à l’âge de 91 ans le mercredi 1ᵉʳ octobre 2025, Jane Goodall a bouleversé notre compréhension de l’humanité en 1960 après une découverte majeure sur les chimpanzés. Retour sur un parcours surprenant d’une femme scientifique engagée et inspirante.

Vous vous souvenez peut-être de cette scène, en octobre 2024. Jane Goodall s’était adressée au siège de l’Unesco à Paris en parlant « chimpanzé ». Une séquence qui avait fait le tour des réseaux par la surprise provoquée et sa teneur inhabituelle. Derrière cette séquence, une éthologue, c’est-à-dire une scientifique étudiant le comportement animal, de renommée mondiale : Jane Goodall.

Le mercredi 1ᵉʳ octobre 2025, à l’âge de 91 ans, Jane Goodall est décédée de cause naturelle à Los Angeles, en Californie, alors qu’elle effectuait un tour de conférence aux États-Unis. C’est le Jane Goodall Institute qui a annoncé la triste nouvelle sur son compte Instagram.

Très engagée pour l’environnement, messagère de la paix pour les Nations Unies depuis 2002, Jane Goodall a bouleversé notre compréhension des chimpanzés et de l’humain dans les années 1960. Retour sur quelques dates clés pour comprendre qui était la femme derrière la scientifique et son apport incontestable à la science.

1934 : au commencement, il y avait Jane

Née le 3 avril 1934 dans la petite ville balnéaire de Bournemouth, en Angleterre, Jane a toujours aimé les animaux et les observer dans la nature, relate sa biographie sur le site du Jane Goodall Institute. Et, alors qu’elle n’était qu’une enfant, vivre et écrire auprès des animaux était un rêve. Un rêve qui aurait pu paraitre irréalisable sans le soutien inconditionnel de sa mère, Vanne.

1957 : le premier voyage en Afrique et une rencontre qui va tout changer

En 1957, à tout juste 23 ans, Jane Goodall part voyager au Kenya. Là, elle fera la rencontre du paléontologue et anthropologue Louis S. B. Leakey qui lui fera une proposition qui va tout changer : devenir son assistante et l’accompagner, d’abord, sur un chantier de fouille archéologique en Tanzanie.

Fait particulier : la jeune femme n’a jamais fait d’étude universitaire, faute de moyen.

1960 : une découverte qui a « redéfini l’humanité »

Après une campagne de fouille, l’anthropologue et sa nouvelle assistante se sont attelés à la tâche d’étudier les chimpanzés sauvages près du lac Tanganyika. Voulant mener une étude de terrain en Tanzanie, le Dr Leakey assigna Jane Goodall à cette mission qui débuta en juillet 1960. Il s’agit de la plus longue étude menée sur les chimpanzés dans le parc de Gombe en Tanzanie, toujours en cours aujourd’hui.

C’est en octobre 1960 que la jeune Anglaise fit une découverte qui bouleversa le monde scientifique : les chimpanzés fabriquent et utilisent des outils.

Auparavant, il s’agissait d’une caractéristique considérée comme étant propre à l’humain. D’après le site du JGI, le Dr Leakey aurait commenté, à la suite de cette découverte : « Maintenant, nous devons redéfinir la notion d’homme, la notion d’outil, ou alors accepter le chimpanzé comme humain. »

Par la suite, Jane Goodall a mis en avant de nombreuses similitudes entre les comportements de ces singes et nos comportements à nous, humains, entre autres :

  • Les chimpanzés chassent et mangent de la viande, et ne sont donc pas végétariens ;
  • ils se font la guerre et tuent ;
  • des liens étroits existent entre la mère et l’enfant ;
  • ils peuvent faire preuve d’altruisme et de compassion ;

À la suite de toutes ces découvertes s’est développée l’idée que nous sommes des « cousins » du chimpanzé.

Capture écran vidéo "Chimpanzés tambourinant" // Source : Current Biology/Eleuteri et al.
Capture écran vidéo Chimpanzés tambourinant. // Source : Current Biology/Eleuteri et al.

La future éthologue s’était, par ailleurs, illustrée par sa méthode d’observation qui avait fait jaser, étant à des kilomètres des approches classiques des scientifiques de l’époque. En effet, plutôt que de rester loin des singes et de les nommer par un numéro, Jane Goodall, au contraire, s’est approchée des animaux progressivement, et leur a attribué de vrais noms.

1963 : des travaux commandités par le National Geographic

En plus d’un magazine et d’une chaine de télévision, il y a aussi la National Geographic Society qui finance la recherche et l’exploration de chercheurs prometteurs.

Dès 1963, « les travaux et recherches de Jane étaient commandités par le magazine National Geographic », raconte sa biographie. En effet, le Dr Leakey était, lui-même, de base, bénéficiaire d’une bourse de la National Geographic Society.

1965 : le premier diplôme universitaire

Vivement critiquée pour ses méthodes peu orthodoxes, Jane Goodall a été acceptée à la prestigieuse université de Cambridge où elle a effectué un doctorat en éthologie.

Arrivée sans diplôme, ressortie en 1965 avec le titre de Docteure, voilà de quoi faire taire les mauvaises langues de la communauté scientifique de l’époque.

Jane Goodall
Jane Goodall, en 2010. // Source : Nick Stepowyj

1977 : fondation du Jane Goodall Institute

C’est en 1977 que la scientifique créa son Institut.

À travers cette initiative, elle a voulu soutenir « les initiatives de conservation centrées sur les communautés locales dans toute l’aire de répartition des chimpanzés (en Afrique) ». Par ailleurs, via le programme international Roots & Shoots du JGI, elle voulait œuvrer pour « la sensibilisation des plus jeunes au fragile équilibre entre les hommes, les autres animaux et la nature. »

2002 : messagère de paix pour l’ONU, et puis, une vie d’activisme

Nommée en 2002 comme messagère de la paix des Nations Unies, le Dr Goodall est progressivement devenue une figure internationale engagée pour l’environnement.

Outre son Institut, elle a soutenu « d’innombrables causes et organisations tout au long de sa vie, utilisant sa notoriété pour défendre les droits de l’homme, le bien-être animal, la protection des espèces et de l’environnement, ainsi que de nombreuses autres questions cruciales », détaille le site du JGI. Ce qui lui a valu, en 2019, d’être nommée pour le prix Nobel de la Paix.

Celle qui est devenue scientifique s’est éteinte en laissant derrière elle un héritage non négligeable. Un héritage pour lequel il lui est rendu hommage sur le site du JGI : « Elle a inspiré la curiosité, l’espoir et la compassion chez d’innombrables personnes à travers le monde et a ouvert la voie à beaucoup d’autres, en particulier aux jeunes qui lui ont donné espoir en l’avenir. »

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