Des scientifiques allemands ont publié un article le 4 août 2025 révélant qu’ils avaient utilisé l’émail dentaire de dinosaures. Le but ? Analyser le rapport de 3 isotopes naturels de l’oxygène, et ainsi tirer des conclusions sur le climat d’il y a plusieurs millions d’années.

Voyager dans le temps, tout le monde en a sans doute rêvé étant petit. Et, si les capsules temporelles existaient, mais n’étaient pas celles que l’on pensait ?

« Leurs dents ont enregistré le climat il y a plus de 150 millions d’années et nous sommes enfin capables de lire ces archives », voilà ce que révèle dans un communiqué Dingsu Feng, un des auteurs principaux d’une étude parue le 4 août 2025 dans la revue PNAS. Des scientifiques de l’Université de Göttingen, Mayence et Bochum, en Allemagne y révèlent avoir utilisé l’émail dentaire de dinosaures pour apporter un nouvel éclairage sur le climat de la période Mésozoïque, c’est-à-dire entre 252 et 66 millions d’années.

Alors, la grande question est : quel est le rapport entre l’émail des dents de dinosaures, et le climat de l’époque ?

Les isotopes sont des atomes qui possèdent le même nombre d’électrons – et donc de protons, pour rester neutre – mais un nombre différent de neutrons, selon l’IRSN.

Figurez-vous que l’émail est un des matériaux les plus stables dans le temps. Les chercheurs ont réussi à détecter, et donc, à analyser le rapport relatif entre les 3 isotopes naturels de l’oxygène présent dans les dents des dinosaures. Ces dents venaient de créatures préhistoriques d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique.

Dent de  Tyrannosaurus rex  découverte en Alberta, au Canada  // Source : Thomas Tütken
Dent de Tyrannosaurus rex découverte en Alberta, au Canada. // Source : Thomas Tütken

Dingsu Feng explique : « Nous avons désormais la possibilité d’utiliser l’émail dentaire fossilisé pour étudier la composition de l’atmosphère de la Terre primitive et la productivité de la végétation terrestre et marine de cette époque. Ceci est crucial pour notre compréhension de la dynamique climatique à long terme. »

Quel est le lien entre l’émail dentaire des dinosaures, l’oxygène et le climat ?

Les 3 isotopes naturels de l’oxygène retrouvés dans les dents des dinosaures viennent de l’air qu’ils ont respiré. Ces proportions entre ces 3 isotopes sont déterminées par :

  • les variations de CO2 dans l’atmosphère,
  • l’activité photosynthétique de la région.

Les résultats ont montré différentes choses.

D’abord, la production primaire des plantes, soit la quantité de matière organique qu’elles peuvent produire grâce à la photosynthèse, était deux fois plus importante par rapport à aujourd’hui. Cela a « probablement contribué à un climat particulièrement dynamique à l’époque des dinosaures », explique les scientifiques.

Ensuite, il y a 150 millions d’années, à l’époque de la fin du Jurassique, la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère était 4 fois plus importante en comparaison à celle de l’ère préindustrielle. Puis, à l’époque du Crétacé supérieur, c’est-à-dire, il y a entre 73 et 66 millions d’années, la concentration de CO2 atmosphérique est passé à un niveau 3 fois supérieur.

Crâne avec les dents d'un Kaatedocus siberi trouvé à Howe Ranch, Wyoming, États-Unis // Source : Sauriermuseum Aathal
Crâne avec les dents d’un Kaatedocus siberi trouvé à Howe Ranch, Wyoming, États-Unis. // Source : Sauriermuseum Aathal

Enfin, toujours pendant le Crétacé supérieur, les scientifiques ont aussi découvert des rapports anormaux dans les isotopes d’oxygène qui pourraient être le reflet d’une activité volcanique, comme une grosse éruption. Par ailleurs, les niveaux de dioxyde de carbone et les températures plus chaudes de l’époque pourraient expliquer pourquoi la végétation terrestre et aquatique était plus active.

En plus de toutes les informations sur le climat d’antan, l’émail dentaire des dinosaures nous apporte aussi d’autres éclaircissements : « L’analyse des trois isotopes de l’oxygène dans l’émail dentaire nous permet également de mesurer les proportions d’oxygène assimilées par l’air respiratoire et l’eau potable », explique le professeur Thomas Tütken, paléontologue et co-auteur de l’article. « Cela nous permet de mieux comprendre la physiologie et la paléobiologie des dinosaures, mais peut également être utilisé pour l’étude d’autres espèces de vertébrés. »

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