Il y a eu Bruce Willis et son équipage de foreurs de pétrole dans Armageddon, il y a désormais les scientifiques de la Nasa. Eux aussi veulent pulvériser un astéroïde à coups de bombe nucléaire. En l’occurrence, il s’agit de YR4, un petit corps rocheux d’une cinquantaine de mètres découvert en décembre dernier, et qui pourrait bien tomber sur la Lune.
Les premières estimations, beaucoup plus pessimistes, ont conclu qu’il y avait une (petite) probabilité pour qu’il s’écrase sur la Terre, mais de nouvelles simulations avaient finalement écarté cette hypothèse. En revanche, les dernières mesures, plus précises, évaluent à 4 % le niveau de risque selon lequel YR4 pourrait finir sa course sur notre satellite d’ici à 2032.
Un risque pour la Terre, même depuis la Lune
Un risque suffisant selon certains chercheurs américains. Ils ont produit une étude prépubliée sur le serveur ArXiv (et donc pas encore validée par une revue scientifique) le 15 septembre 2025, qu’a repéré Live Science. Selon eux, il pourrait être envisagé de lancer une bombe nucléaire destinée à détruire cet astéroïde avant qu’il n’arrive à destination.
Mais pourquoi ? Selon les auteurs, même si la Terre n’est pas directement menacée, YR4 pourrait tout de même avoir des conséquences pour nous. Selon leurs calculs, un choc de cette ampleur sur la Lune éjecterait une certaine quantité de régolithe lunaire. La roche à la surface finirait en orbite basse terrestre, là où se trouvent quelques milliers de satellites, mais aussi la Station Spatiale Internationale (ISS).
D’ici à 2032, l’ISS sera probablement désorbitée, mais d’autres stations privées avec des astronautes à bord pourraient encore être là et subir cette nouvelle pluie de débris. Des micrométéorites sont déjà présentes dans cette zone, et il arrive que des vaisseaux soient touchés ou doivent manœuvrer pour éviter les chocs. Mais avec cette éjection de matière, il y aurait un niveau de débris 1 000 fois plus élevé qu’en temps normal, ce qui peut être extrêmement problématique.
Exploser, plutôt que dévier
Mais alors, pourquoi ne pas tirer parti des enseignements de la mission DART, qui avait pu dévier la trajectoire de l’astéroïde Dimorphos ? Et bien parce que le cas de YR4 n’est pas tout à fait le même. L’astéroïde a été découvert un peu trop tard, et la fenêtre de tir est réduite pour lancer une telle mission, d’autant plus qu’on ne connaît pas sa masse et sa taille exactes.
D’après les chercheurs, lancer une mission de déviation à ce niveau là serait plutôt dangereux, avec le risque que l’astéroïde ne finisse sa course plus proche de la Terre. Il serait donc plus avisé de le faire exploser, tout simplement !
Avec une mission pour pulvériser l’astéroïde, le lancement pourrait avoir lieu à partir de 2030. Il faudrait un engin similaire à DART, mais destiné à le réduire en pièces, ce qui devrait être un peu plus facile puisque l’astéroïde est environ trois fois plus petit. Ainsi, les débris moins massifs pourraient brûler en entrant dans l’atmosphère terrestre.
Et si jamais cette méthode ne fonctionne pas, il pourrait être encore temps de lancer une véritable bombe nucléaire pour le réduire, non pas en quelques morceaux, mais en poussière. Deux méthodes qui semblent efficaces, mais qui ont un défaut : elles n’ont jamais été testées auparavant !
C’est pourquoi les chercheurs appellent à la prudence, précisant que même si l’option qu’ils mettent en avant doit être envisagée, elle nécessite davantage d’études et de préparation avant d’être sérieusement mise en place.
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