Alors que les États-Unis ont SpaceX et que l’Europe compte sur ses mastodontes historiques comme Airbus et Thalès, qu’en est-il du New Space français, ces entreprises de plus petite taille dont on dit qu’elles propulseront la France haut dans le monde du spatial commercial ?

« Ce qu’il faut faire en parallèle des grands groupes, c’est avoir la même ambition que SpaceX à l’échelle européenne : faire émerger des startups ».

Dès 2018, date à laquelle Emmanuel Macron prononçait cette déclaration, le chef de l’État mettait en avant la nécessité de s’ouvrir à la concurrence, de développer un tissu économique suffisamment souple et innovant pour rivaliser les géants américains, en s’inspirant des recettes qui leur ont permis de devenir de tels poids lourds.

Source : ESA
De futurs lanceurs européens. // Source : ESA

Sept ans plus tard, force est de constater que SpaceX ne connaît guère de rival assez dynamique en Europe pour venir le défier sur la totalité de ses activités — et avec un rythme aussi intense. En revanche, résumer le secteur spatial français au seul prisme de la comparaison avec l’entreprise d’Elon Musk serait certainement réducteur.

Car les initiatives demeurent nombreuses et prometteuses. Et ce New Space français s’est développé ces dernières années, et cela, dans une relative discrétion. Quelles sont donc ces entreprises concernées dans ce tissu naissant du New Space hexagonal ? Et que font-elles précisément ? Tour d’horizon des principaux acteurs.

Le New Space français

Les fusées

C’est le point d’orgue du secteur spatial : l’accès à l’espace. On ne parle pas ici du très ambitieux vol habité, mais des mises en orbite de satellites. Si l’Europe peut désormais compter sur Ariane 6 et sur le lanceur italien Vega, des initiatives privées existent, y compris en France.

On compte HyPrSpace qui promet de faire voler sa Baguette One d’ici à l’année prochaine, mais aussi Latitude qui développe le micro-lanceur Zéphyr dédié au marché des nanosatellites. De son côté, MaiaSpace, filiale d’ArianeGroup, est aux commandes d’un projet de lanceur réutilisable baptisé Maia.

Dans tous les cas, il s’agirait de tenir le rôle de complément à Ariane 6 avec des charges utiles plus légères et une cadence plus rapide, pour répondre aux besoins de l’industrie.

Les vaisseaux spatiaux

Dans ce secteur, le groupe qui ressort le plus est Exploration Company. La société franco-allemande développe avec un succès variable sa capsule spatiale européenne. Depuis sa création en 2021, l’entreprise a réussi à lever 216 millions d’euros, dont 150 fin 2024, ce qui montre les espoirs qui reposent sur elle.

Lancé par SpaceX en juin 2025, son vaisseau nommé Mission Possible n’a pourtant pas réussi son amerrissage qui s’est terminé avec une perte de contact. Malgré tout, son projet de capsule réutilisable progresse et devrait conduire à de nouveaux essais prochainement.

Nyx reentry-685e
Vue d’artiste de la capsule Nyx d’Exploration Company. // Source : TEC

Plus discrète, l’entreprise Exotrail qui travaille sur plusieurs projets de moteurs, développe aussi son Spacevan, un véhicule spatial toujours en développement, mais qui a déjà obtenu un contrat pour embarquer une charge utile de la part d’une entreprise de télécommunications. Le vol est attendu début 2026.

Les satellites

S’il y a une start-up française qui a fait parler d’elle récemment, c’est bien Unseenlabs. Avec sa constellation de satellites dédiée à la surveillance maritime, elle a identifié un navire chinois ayant eu un comportement suspect dans le golfe du Bengale, en juillet. L’entreprise bretonne compte développer sa flotte de CubeSats pour traquer ce type de comportement.

Sur le secteur des satellites, il faut aussi compter avec Prométhée. L’opérateur a levé 4,7 millions d’euros pour son premier appareil en 2022 et désire désormais récupérer 100 millions pour déployer une constellation complète. Les toulousains ont déjà conclu un accord avec le Sénégal et la Côte d’Ivoire et se concentrent sur les pays émergents pour leur proposer des solutions de constellation, cela, grâce à des nanosatellites.

Le nanosatellite HaloSat. // Source : Blue Canyon Technologies
Le nanosatellite HaloSat. // Source : Blue Canyon Technologies

Toujours à Toulouse, l’entreprise Loft Orbital a levé début 2025 pas moins de 170 millions d’euros pour développer une flotte de satellites. Chaque appareil doit accueillir plusieurs missions selon les besoins des clients.

À noter aussi dans ce secteur, la présence de Leanspace, entreprise strasbourgeoise qui se spécialise dans la gestion de satellites, et ce, à travers une suite logicielle censée aider les opérateurs dans cette tâche. Elle travaille notamment avec Prométhée, Latitude, et a reçu 10,5 millions d’euros d’aide via France 2030.

Et les autres…

Parlons pour finir de quelques entreprises inclassables. Parmi elles, Spartan Space, née à Marseille en 2021, qui se focalise sur la Lune avec l’ambition de réaliser des habitats lunaires et des combinaisons spatiales. Elle a d’ailleurs décroché un contrat auprès du CNES pour développer des modèles en partenariat avec Décathlon !

Dark, de son côté, est une start-up parfois surnommée le « GIGN du spatial ». Son but : protéger les satellites des débris spatiaux avec un avion et un missile capable d’aller en orbite.

Et puis si le tourisme spatial n’est pas la dimension la plus populaire du secteur au vu de son coût écologique élevé, cela n’empêche pas certains français de s’y lancer. Zephalto propose des vols suborbitaux en ballon à la limite de l’espace. Le premier est prévu pour 2030 et 10 passagers seront à bord.

Dans ce tour d’horizon général, une chose saute aux yeux. Rassembler toutes ces entreprises sous un seul terme, celui du New Space français, est réducteur.

On y voit des projets à différents degrés d’avancement, sur des besoins et des perspectives extrêmement divers. Ce qui est certain, c’est que les importantes aides accordées à ces projets, qu’il s’agisse de levées de fonds ou de soutien public comme avec France 2030 témoignent des espoirs qui gravitent autour d’eux. 

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