« Toutes les sciences du climat et toutes les autres priorités que la précédente administration avait à la Nasa, nous allons les mettre de côté. » La phrase est signée Sean Duffy. L’administrateur provisoire à la Nasa, en place depuis début juillet, a fait part des ambitions de l’agence lors d’une interview sur Fox Business diffusée le 14 août 2025.
Le message est clair et rejoint les volontés longuement détaillées de Donald Trump et son équipe, hostiles aux sciences climatiques. Sean Duffy ajoute également : « Toute la science que nous faisons sera dirigée vers l’exploration, ce qui est la mission de la Nasa. C’est pourquoi nous avons la Nasa, pour explorer, pas pour faire toutes ces sciences de la terre. »
Un long héritage des sciences de la terre à la Nasa
Pourtant, la Nasa est un leader mondial en ce qui concerne les sciences environnementales. Dès les années 1960, l’agence développe les satellites Landsat, destinés à l’observation de la Terre. Plus tard, les satellites Terra et Aqua ont fourni des données sur les aérosols dans l’atmosphère, notamment ceux produits par des humains avec les énergies fossiles.
En 1997, le programme Earth Observing System rassemblait tous les satellites dédiés à cette discipline. Même si tout cela n’a pas laissé une empreinte aussi forte que les missions à destination de Mars, par exemple, auprès du grand public, les données récoltées sont précieuses pour définir les modèles climatiques.
Mais pour Trump et Duffy, tout cela ne représente pas l’idée qu’ils ont de l’agence spatiale. La déclaration de l’administrateur ne prévoit pas immédiatement d’arrêts de missions, lesquels doivent d’abord être approuvés par le Congrès, mais donnent plutôt une direction générale.
En revanche, il devrait être plus difficile de prévoir de nouvelles missions dans les années à venir. Menacée de coupes budgétaires drastiques, la Nasa voit ses programmes d’observation de la Terre particulièrement vulnérables.
Le processus a d’ailleurs déjà commencé avec une demande récente de Donald Trump, qui réclamait l’arrêt de deux missions de mesures du dioxyde de carbone, OCO-2 et OCO-3, et ce malgré la précision des mesures qui avaient poussé à demander, au contraire, une prolongation de leurs missions.
Les États-Unis réaffirment leur volonté d’exploration spatiale
Face à ces déclarations, des membres du Congrès ont déjà réagi. Par exemple le démocrate George Whitesides, particulièrement vigilant sur le sujet, puisque lui-même ancien chef de cabinet à la Nasa. Il déclare sur X que l’observation de la Terre a toujours été dans l’ADN de la Nasa, détaillant : « J’ai vu de près combien ces informations sont essentielles pour tout un chacun, sans mentionner notre sécurité nationale. L’exploration de l’espace et les sciences de la terre ne sont pas des priorités en compétition. Les deux sont vitales, et nous ne pouvons pas nous permettre de les abandonner. »
C’est pourtant bien vers l’exploration spatiale que Donald Trump compte se diriger. Alors même que les États-Unis semblent être en train de perdre la course pour la Lune face à la Chine, et que le président promet un voyage sur Mars dans un avenir très (trop ?) proche.
En attendant, les employés de la Nasa s’inquiètent et prévoient même une journée de protestation les 5 et 6 octobre, assurant : « Nous nous battons pour la science, l’ingénierie et l’exploration. Dîtes au Congrès de refuser les budgets voulus par le président. »
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