Cette semaine, le Copyright Madness revient sur Yannick Noah qui fait preuve de mégalomanie, un vieux pilote d’avion qui s’attaque à Airbus ou encore Disney et Fox qui font annuler des projections dans des salles de cinéma. Bonne lecture et à la semaine prochaine.
Copyright Madness
7ème art. L’industrie du cinéma se livre une bataille acharnée pour conquérir de nouveaux publics. Chaque géant du secteur récupère ses billes et sort sa plateforme de streaming. Cette stratégie n’a pas qu’un impact sur le catalogue de Netflix. Cela aboutit également à des situations ahurissantes qui mettent en péril des cinémas indépendants. Depuis le rachat de la Fox par Disney (qui s’apprête à sortir sa plateforme de streaming avec toutes les licences Star Wars, Marvel et ses propres classiques), le studio est en train de produire une rareté artificielle pour inciter fortement les spectateurs à se diriger vers sa future plateforme. Par conséquent, les salles de cinéma qui étaient spécialisées dans la projection de vieux films distribués ou produits par la Fox se voient dans l’obligation d’interrompre ce genre de projections. C’est ce qui est arrivé notamment à un établissement de la ville de Rochester aux États-Unis qui envisageait de projeter le film Fight Club pour ses 20 ans. Disney se justifie en disant que si on veut voir ce film on pourra y accéder sur sa plateforme de streaming. Mais en parallèle cette politique, communément appelée fermeture des robinets, ne s’applique pas à l’ensemble de son catalogue. Des cinémas pourront encore diffuser des classiques comme The Rocky Horror Show. La propriété intellectuelle a ses raisons que le bon sens ignore…
Rom arrangé. Certains éditeurs de jeux vidéo sont très attachés au respect de la propriété intellectuelle et mènent une lutte active pour protéger leurs titres ou leurs marques. Le géant japonais Nintendo fait partie de cette catégorie. Après s’être attaqué à des fans de qui avait reproduit une course en mode Mario Kart, le groupe nippon attaque cette fois-ci une plateforme de téléchargements de roms, qui permettent de jouer sur son ordinateur à des jeux d’arcade ou de consoles. Cet univers fédère une véritable communauté de passionnés qui redécouvrent des expériences vidéoludiques ou des classiques de l’histoire du jeu vidéo. Jouer à un Mario Kart 8 sur Switch en ayant déjà testé le même titre sur Super Nintendo, ça n’a pas la même saveur. Les roms sont l’héritage et la mémoire du patrimoine vidéoludique. Mais Nintendo ne l’entend pas de cette oreille et attaque le site RomUniverse pour violation de propriété intellectuelle et réclame 150 000 dollars par titre contrefait. Ce serait plus simple de régler ce différend à coups de peau de bananes et de carapaces de tortues…
Trademark Madness
Mégalomanie. La célébrité peut avoir des conséquences dramatiques chez certaines personnes et les pousse à croire qu’elles sont uniques et exceptionnelles. C’est le syndrome qui semble toucher le tennisman-chanteur Yannick Noah. Ce dernier a déposé auprès de l’institut national de la propriété intellectuelle (INPI) rien de moins que son nom. Et grâce à cet enregistrement, il arrive à se constituer une rente. En effet, sous prétexte de similarité avec son nom de famille, Yannick Noah est parvenu à faire payer le groupe France TV pour avoir créé la chaîne Nouvelle-Aquitaine, ou NoA pour les intimes. Grâce à ce subtil tour de passe-passe phonétique, le tennisman aurait empoché 54 000 €. Prochaine étape, Yannick Noah va ouvrir un annuaire téléphonique et menacer de procès toutes les personnes portant un nom de famille proche du sien…
Supercopter. Chuck Yeager est un ancien pilote à la retraite qui a marqué l’histoire de l’US Air Force pour avoir passé le mur du son à bord d’un avion. Il a accompli cette prouesse il y a 70 ans. Âgé de 96 ans, l’ex-pilote a entrepris un nouvel exploit en attaquant la compagnie d’Airbus pour violation de marque et utilisation frauduleuse de son nom dans le cadre d’une publicité. Sur son site web, Airbus a fait référence à Chuck Yeager en disant qu’il avait franchi le mur du son il y a 70 ans et qu’aujourd’hui l’entreprise visait à briser le mur des coûts. Curieuse réaction de l’aviateur qui aurait pu y voir un hommage plutôt qu’une violation de ses droits…
Patent Madness
Tracking. Google tire ses revenus de la publicité en ligne avec ses régies publicitaires. Le moteur de recherche collecte le plus de données possible sur nous pour pouvoir les classer et les revendre aux annonceurs. Mais le RGPD et le recours aux bloqueurs de publicités écornent légèrement les profits des entreprises du secteur. Ces dernières n’hésitent pas à trouver des solutions qui promettent d’être toujours plus intrusives et toujours plus prédatrices de notre attention. C’est dans ce contexte que des technologies comme la géolocalisation en cascade sont nées et permettent de proposer de la publicité en lien avec la position géographique des internautes. ProxiStore, une start-up belge, a élaboré cette technologie dès le début des années 2010 et a déposé un brevet pour éviter que d’autres acteurs réutilisent son invention sans son accord. Après l’enregistrement du brevet s’ouvre une période de deux ans durant laquelle d’autres entreprises peuvent contester le brevet et tenter de le faire annuler. Personne ne s’est manifesté sauf Google… trois ans après ! Depuis 2018, la firme de Mountain View cherche à faire annuler le brevet probablement pour pouvoir utiliser cette fameuse géolocalisation en cascade. Mais l’affaire se complique parce que la procédure entamée par Google serait une réaction à une action de ProxiStore qui a attaqué Google pour contrefaçon. Il y a de quoi perdre son latin dans toute cette histoire qui se conclura peut-être par un rachat de la start-up par Google…
Le Copyright Madness vous est offert par :
Merci à celles et ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !