France Télévisions a réussi à obtenir l’accord que les nouvelles séries françaises auxquelles le groupe participe majoritairement à produire ne finissent pas chez des plateformes de SVOD concurrentes comme Netflix. Mais que fait-on des anciennes séries ?

France Télévisions a frappé un grand coup ce 11 janvier 2019 en officialisant un accord historique avec les producteurs de fiction française. L’objectif de la présidente Delphine Ernotte est clair : s’assurer que les nouvelles séries françaises à succès ne terminent pas sur des plateformes de vidéo étrangères concurrentes comme Netflix.

Signé par « l’ensemble des syndicats de producteurs audiovisuel », souligne le groupe dans un communiqué, cet accord assure que les séries et films produits à partir du 1er janvier 2019 et dont le groupe audiovisuel a financé plus de 65 % ne ne pourront pas aller ailleurs que sur la plateforme de France Télévisions, sur une durée d’un à deux ans (en fonction des négociations).

Traduction : France Télévisions ne veut plus jamais que puisse se reproduire « le fiasco Dix Pour Cent », la géniale série à succès de France 2 dont la saison 3 s’est retrouvée sur Netflix à peine quelques semaines après sa diffusion sur le service public — pour le plus grand bonheur des abonnés. Et ce, seulement quatre mois après que Delphine Ernotte avait affirmé qu’elle ne « [voulait] plus que les séries de France Télévisions soient disponibles sur Netflix ».

Image d'accueil de la plateforme SALTO // Source : Salto.fr

Image d'accueil de la plateforme SALTO

Source : Salto.fr

Dix Pour Cent saison 3 n’a été visible que pendant sept jours sur le site de France Télévisions.

Le lancement de Salto.fr est toujours en attente

L’accord avec les producteurs français est en ce sens historique et salutaire pour le groupe audiovisuel, qui affirme qu’il lui permet de « relever le défi numérique, de s’adapter de manière dynamique à l’évolution des usages, aux attentes de ses publics et aux spécificités de chaque œuvre, en élargissant l’exposition non-linéaire de ses programmes dans ses offres conformément aux objectifs fixés par le Gouvernement

Derrière ce rapprochement, il y a l’envie de « garder l’exclusivité sur nos contenus », affirme l’organisation, mais il y a aussi le lancement très attendu de Salto.fr, un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) qui est censé regrouper les contenus des groupes France TV, TF1 et M6. Les détails concernant cette offre ne sont pas connus, ni la date de lancement de ce grand projet — pour qu’il se concrétise, il faut qu’ils obtiennent l’aval de l’Autorité de la concurrence européenne, or le dossier n’est toujours pas en cours d’examen par l’organe européen.

Que fait-on des trois premières saisons de Dix Pour Cent ?

Cela signifie-t-il pour autant que les producteurs français seront obligés de « retirer leurs séries de Netflix », comme l’affirme le Figaro ? L’accord ne dit pourtant pas cela. Seules les productions à compter du 1er janvier 2019 sont concernées, et l’effet n’est pas rétroactif, comme nous l’a confirmé France Télévisions. Les contrats antérieurs à 2019 sont liés par les accords précédents. Toutefois, le groupe nous précise que les nouveaux droits pourront être étendus « en tout ou partie » aux séries sous contrat antérieur mais seulement « au cas par cas », en fonction des négociations avec les producteurs.

Dix Pour Cent, saison 3 // Source : France Télévisions

Dix Pour Cent, saison 3

Source : France Télévisions

Quid, de ce fait, des trois premières saisons de Dix Pour Cent, aujourd’hui visibles sur Netflix France ? La multinationale de Reed Hastings en a acquis les droits de diffusion pour une durée fixe (et non communiquée publiquement), et les producteurs ne peuvent pas simplement les « retirer » comme ils le souhaitent. Lorsque les droits de diffusion de ces trois premières saisons seront donc remis en négociations, il faudra alors s’interroger sur la marche à suivre. Les producteurs pourront techniquement les vendre à France Télévisions, mais Netflix aura vraisemblablement aussi le droit de proposer une somme d’argent (probablement bien supérieure, au vu des moyens qu’a le géant américain).

Nous serions alors peut-être témoins d’une incohérence comme on en a déjà vues par le passé : les trois premières saisons d’une série française sur Netflix, et la quatrième disponible uniquement sur une plateforme française.

Source : Montage Numerama

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