La France est un pays de cinéma. Tout le monde le sait, et particulièrement Netflix, qui doit massivement investir dans des productions françaises et respecter la chronologie des médias pour avoir le droit de proposer ses services.
Le 16 décembre 2025, Ted Sarandos, le co-CEO de l’entreprise au logo rouge, a participé à une soirée-débat organisée par Canal+ à Paris, comme le rapporte le média américain Variety. Une apparition surprise avec un message important : alors que Netflix est en pleine procédure de rachat du studio Warner Bros., le groupe américain veut rassurer ses partenaires.
Un point en particulier a déjà crispé tous les acteurs du secteur : la sortie des films en salles de cinéma, généralement boudée par Netflix. Après avoir suggéré que les fenêtres d’exploitation des contenus Warner Bros. pourraient être réduites, le géant du streaming révise désormais son jugement.


Netflix tente de consolider son partenariat avec Canal+, tout en rassurant le marché français
« Notre intention, en rachetant Warner Bros., est de continuer à sortir les films du studio au cinéma, avec les fenêtres d’exploitation habituelles », a ainsi affirmé Ted Sarandos auprès de Maxime Saada, le CEO de Canal+. Objectif : rassurer le marché français, et particulièrement le groupe audiovisuel, en assurant que « ces films sortiront ensuite sur Canal+, grâce aux contrats actuels. C’est formidable pour nous. »
Il s’agit bien évidemment d’une stratégie pas du tout anodine de la part de Ted Sarandos. Depuis l’annonce du potentiel rachat de Warner Bros. par Netflix, début décembre, les craintes se concentrent en effet sur la mort du cinéma tel qu’on le connaît, alors que la plateforme de streaming a historiquement refusé de sortir ses films en salles, estimant qu’il s’agissait d’un procédé dépassé.

Seules quelques exceptions, comme Kpop Demon Hunters ou Frankenstein, ont pu connaître une exploitation réduite, sur quelques jours. Dans le cas de Warner Bros., Ted Sarandos avait déjà évoqué des fenêtres de sortie au cinéma plus courtes, afin de mieux correspondre aux usages actuels, selon lui.
Mais au vu de son discours auprès de Canal+, le co-CEO de Netflix semble avoir changé son fusil d’épaule. Ted Sarandos a ainsi insisté sur le fait que la plateforme de streaming n’avait jamais pu privilégier le cinéma, parce qu’elle ne disposait pas de droits sur « les mécanismes de distribution » : « Nous avons monétisé nos films à travers nos propres abonnements, parce que c’est de cette façon que nous avons fait grandir notre business le plus vite possible. Quand nous avons commencé à nous intéresser à Warner Bros., nous avons vu le studio de télévision qui produit des contenus externes, le studio qui sort les films au cinéma, et ce sont des très bons business. C’est une entreprise très saine et nous ne voudrions absolument pas nuire à la valeur de ce business. »
« Netflix aime la France »
Lors de son passage en France, Ted Sarandos a évidemment souligné l’importance du cinéma dans nos contrées : « Je sais que c’est très important pour la France, et pour le monde entier, que l’on puisse avoir l’opportunité de voir les films au cinéma et nous avons l’intention de soutenir pleinement cela. […] Je dirais que la France est un endroit complexe, mais l’amour est compliqué. Et nous aimons la France. »

Une déclaration tout sauf anodine, alors que Netflix a régulièrement été en conflit avec le marché français concernant la chronologie des médias, qui lui impose d’attendre 15 mois avant la sortie d’un film en salles pour pouvoir le proposer en streaming. Des désaccords majeurs, qui ont culminé avec le retrait de Netflix de la compétition du Festival de Cannes, après 2017.
L’intervention de Ted Sarandos vise donc évidemment à apaiser les tensions et permet au géant du streaming de montrer patte blanche, avant qu’il n’engloutisse Warner Bros., qui semble bien parti pour refuser la proposition de Paramount. Netflix tiendra-t-il ses belles promesses autour du septième art, après avoir obtenu le monopole total sur l’industrie ? Rien n’est garanti, pour le moment.
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