C’est désormais officiel : Netflix va racheter Warner Bros., soit un cataclysme dans le monde du divertissement. Une opération de cette envergure, qui se chiffre à près de 83 milliards de dollars, implique de grandes questions, auxquelles il n’est pas toujours évident de répondre.
Netflix rachète Warner Bros. : les questions que cela soulève
Netflix va-t-il absorber HBO Max ?
Aujourd’hui, Netflix possède sa propre plateforme de streaming, qui porte son nom ; tandis que Warner Bros. a aussi la sienne, baptisée HBO Max (elle ne cesse de changer de nom). La logique voudrait que l’une absorbe l’autre, pour proposer un service unique, où l’on retrouverait tout aussi bien les contenus originaux de Netflix que l’ensemble du catalogue de Warner Bros. Ce serait quand même une sacrée plateforme, et il y aurait de quoi se perdre face à la quantité et la qualité. Mais cela simplifierait la tâche pour Netflix, avec une seule application à gérer.
L’autre éventualité serait de conserver l’identité HBO Max à part, ce qui n’aurait pas de sens d’un point de vue marketing. Effectivement, si Netflix souhaite gagner de futurs abonnés et les inviter à regarder Game of Thrones ou la future série Harry Potter, alors il faut que ce soit sur Netflix et pas sur un autre service — quand bien même il lui appartient. D’après les premières informations dévoilées par les deux groupes, Netflix pourrait donc plutôt ajouter les contenus de HBO dans son abonnement actuel.

Le prix de l’abonnement Netflix va-t-il augmenter ?
C’est sans doute la question la plus terre-à-terre du lot : quid du prix de l’abonnement ? Ces dernières années, on a assisté à une politique inflationniste, sans réelle justification. En récupérant d’un coup un héritage en or massif, Netflix tient l’occasion rêvée de revoir sa grille tarifaire à la hausse, et cette fois avec une justification parfaite. Aujourd’hui, un abonnement mensuel standard (sans pub) coûte 14,99 € pour Netflix et 9,99 € pour HBO Max. Netflix ne restera donc pas à ce tarif avec tout un catalogue supplémentaire.

Netflix pourrait aussi revoir totalement son business model, avec des formules basiques (uniquement Netflix) et d’autres plus complètes (avec HBO Max). Soit exactement ce que propose Canal+ : il y aurait certes moins de clarté avec une offre à la carte, mais plus de choix pour le public.
Les films Warner Bros. vont-ils encore sortir au cinéma ?
Warner Bros. est une entreprise historiquement liée au cinéma. Netflix ? C’est l’un des rois du streaming, soit une tout autre manière de consommer des films, en éloignant les spectatrices et spectateurs des salles obscures. Avec les futurs films estampillés Warner Bros., Netflix va donc avoir un sacré cas de conscience : continuer de franchir les portes du cinéma ? Miser sur une diffusion en streaming, sa marque de fabrique ? Un mix des deux, en fonction des projets ? On penche pour la dernière option. Car on n’imagine pas une seule seconde Netflix se priver — et priver les fans — d’un The Batman 2 sur un immense écran.
Netflix a en tout cas promis qu’il « maintiendrait les activités actuelles de Warner Bros. et qu’il s’appuierait sur ses forces, y compris la sortie des films en salles ». Ted Sarandos, le co-CEO de l’entreprise, possède un raisonnement plus mesuré, comme le rapporte Variety : « Je pense qu’au fil du temps, les fenêtres de sortie vont évoluer, pour correspondre davantage aux attentes des consommateurs et pour que les films soient capables de rencontrer leur public plus rapidement. Pour le moment, vous pouvez compter sur le fait que tout ce qui devait sortir au cinéma avec Warner Bros. continuera à l’être comme prévu, tandis que les films Netflix auront la même démarche habituelle, à savoir que quelques-uns pourront avoir une petite sortie au cinéma en avant-première. Mais notre objectif principal est de proposer des films inédits à nos abonnés, c’est ce qu’ils recherchent avant tout. »
En tout cas, certains craignent déjà le pire sur cette question et envisagent déjà la mort du cinéma.
Quelles sont les grosses licences concernées ?
Warner Bros. pèse très, très lourd en termes de licences fortes. On pourrait presque le résumer ainsi : hormis quelques exceptions, comme Mission: Impossible ou Fast & Furious, tout ce qui n’est pas à Disney est à Warner Bros.. Cela concerne notamment :
- Le Seigneur des Anneaux ;
- Game of Thrones ;
- Harry Potter ;
- Friends ;
- DC Comics (Batman, Superman, Wonder Woman…)
- Matrix ;
- Mad Max ;
- Blade Runner ;
- Les Looney Tunes ;
- Cartoon Network ;
- The Big Bang Theory ;
- Supernatural ;
- Toutes les productions HBO (The Last of Us, Euphoria, The Wire, Les Soprano, True Detective…).
Que vont devenir les projets en cours ?
D’immenses chantiers sont toujours en cours de développement au sein de Warner Bros.. Par exemple, le géant du divertissement vient à peine de relancer l’univers cinématographique DC Comics, un reboot opéré par James Gunn. Le rachat par Netflix aura-t-il une incidence du côté de la ligne éditoriale ? Il ne fait aucun doute.
Et James Gunn aura-t-il autant de liberté ? Rien n’est moins sûr. On a d’ailleurs aperçu quelques rumeurs farfelues sur un éventuel retour du Snyderverse (l’ex-DCEU), en fonction de l’acquéreur de Warner Bros.. Ce serait un sacré twist.

Le deal peut-il encore capoter ?
Oui. On parle d’une opération estimée à 82,7 milliards de dollars. Elle doit être approuvée par nombre d’instances, à commencer par l’administration Trump. Les organismes chargés de maintenir une concurrence saine devront aussi se pencher sur la question.
Mais à partir du moment où Disney a pu coup sur coup racheter Marvel, Star Wars et la Fox, on ne voit pas comment le deal ne pourrait pas aboutir. Dans un autre marché, Microsoft a aussi pu s’offrir Activision Blizzard.
Quel est le calendrier prévu ?
S’il est difficile de donner un calendrier précis en raison des négociations qui doivent encore avoir lieu, on sait déjà que la transaction ne sera pas effective avant le troisième trimestre de l’année 2026 — moment où Warner Bros. se sera séparé des activités de Discovery Global. Mais il s’agit là de l’hypothèse la plus optimiste, et tout porte à croire que l’opération prendra plutôt quelques années, après lesquelles on commencera à voir seulement l’impact sur le paysage du streaming.
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