Il y a des déclarations qui tombent de nulle part, du genre qu’on ne s’attendait vraiment pas à lire. Et la palme du mois revient sans conteste à Pocketpair. Le développeur du très controversé Palworld a lancé Pocketpair Publishing, une branche dédiée à l’édition, destinée à aider les petits studios à commercialiser leurs projets. Avec Pocketpair Publishing, l’entreprise japonaise souhaite utiliser son succès pour aider d’autres développeurs, mais à une condition : ne pas utiliser l’IA générative pour le développement des jeux.
Lors d’un entretien accordé à Game Developer pendant la Gamescom Asia, organisée du 16 au 19 octobre 2025, John Buckley, directeur de la communication et de l’édition chez Pocketpair, est revenu sur la vision du studio. Selon lui, l’entreprise ne croit tout simplement pas à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le développement de jeux vidéo : « On va dire que je mens, mais c’est la vérité. Nous n’y croyons pas et nous sommes transparents sur le sujet. Si vous êtes fan de l’IA, si votre jeu est basé sur le Web3 ou utilise des NFT, de nombreux éditeurs sont prêts à vous contacter, mais nous ne sommes pas le partenaire idéal », explique-t-il.
Des déclarations pour le moins surprenantes, venant d’un studio plusieurs fois soupçonné d’avoir eu recours à l’IA lors du développement de Palworld, notamment pour la localisation du jeu pour les marchés vietnamien, indonésien, turc, polonais et thaïlandais. Pocketpair n’a de plus jamais vraiment dissimulé s’être fortement inspiré — pour ne pas dire avoir copié — certains titres existants. Si Pockerpair entend être un exemple, peut-être fallait-il commencer par là ?
Changement de stratégie
John Buckley estime que la multiplication des jeux conçus à l’aide de l’IA poussera aussi bien les joueuses et les joueurs que les développeurs à scruter de plus près les nouveaux titres, afin d’identifier ceux qui y ont recours. Selon lui, cela risque de créer des difficultés pour certains studios, spécialement ceux qui seront faussement accusés d’utiliser l’IA, des accusations souvent difficiles à réfuter.
Il semblerait surtout que Pocketpair ait pris conscience de la mauvaise presse qui l’entoure et cherche désormais à se racheter une image plus vertueuse, en s’attaquant de front au sujet même qui lui a valu tant de critiques.
« Je pense qu’au cours des deux ou trois prochaines années, nous allons entrer dans une ère de jeux de très mauvaise qualité créés par l’IA, et on le voit déjà sur Steam », poursuit John Buckely toujours pour Game Developer. « Cette vague arrive, et je pense que nous allons entrer dans ce marché de l’authenticité où les gens vont progressivement dire : ‘ces créateurs essaient vraiment de faire quelque chose de spécial’ pour riposter. »
Le directeur de la communication et de l’édition estime que cette situation mène à une véritable chasse aux sorcières pour des studios indépendants comme Pocketpair. En tant que nouvel éditeur sur le marché, il affirme vouloir bâtir un catalogue composé uniquement de jeux développés sans recours à l’intelligence artificielle. Des déclarations qui sonnent comme un pied de nez à une industrie dans laquelle des géants comme EA ou Microsoft ne cessent de vanter les mérites de l’IA.
Reste qu’il est aujourd’hui quasi impossible de vérifier l’usage réel de l’IA dans un jeu, et que les belles promesses de Pocketpair restent, pour l’instant, au stade de la déclaration d’intention.
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