Mise en ligne le 19 septembre 2025 sur Netflix, El refugio atómico, la nouvelle série du créateur de La Casa de Papel, réunit un groupe de milliardaires dans un bunker de luxe. Si le pitch avait de quoi intriguer, le rendu manque de panache.

2 mai 2017. Une série espagnole fait son apparition sur le catalogue Netflix. Elle raconte le casse du siècle à la Maison Royale de la Monnaie d’Espagne, planifié avec minutie par un groupe de criminels aguerris. En quelques semaines, La Casa de Papel devient un phénomène mondial, annonciateur de celui de Squid Game quelques années plus tard. Les séries d’enfermement où les personnages tentent de triompher d’un système capitaliste brutal ont définitivement le vent en poupe.

Après le road trip tarantinesque Sky Rojo (2021-2023), centré sur la fuite en avant d’un trio de travailleuses du sexe, Alex Pina revient à ses premiers amours avec El refugio atómico, une série claustro où il est question de gros sous. En huit épisodes, diffusés depuis le 19 septembre 2025, cette nouvelle fiction co-créée avec sa complice Esther Martinez Lobato (scénariste à ses côtés depuis La Casa de Papel) suit les péripéties d’un groupe de milliardaires réfugiés dans un bunker de luxe, alors qu’un conflit mondial menace la planète.

Tout commence par l’histoire de Max (Pau Simón), un jeune homme qui vient de passer quatre ans en prison après avoir tué son grand amour dans un accident de voiture. À sa sortie, le vingtenaire est accueilli par son père, qui l’emmène directement dans un mystérieux bunker ultra-sécurisé. Tandis que le monde brûle, Max se retrouve enfermé avec la famille de sa bien-aimée décédée, en particulier sa sœur Asia (Alícia Falcó) et son père, Guillermo (Joaquín Furriel). Ces derniers ont tous les deux soif de vengeance. 

Une série qui n’a pas peur des clichés    

On aime ou on n’aime pas le style Alex Pina. Si on compte Berlin (un spin-off de La Casa de Papel sorti en 2023), le scénariste livre avec El refugio atómico sa quatrième fiction à Netflix. Son style est donc désormais assez identifiable. Le showrunner aime les situations de départ accrocheuses, les concepts forts et en prise avec notre société obsédée par l’argent. On peut aussi s’attendre à des rebondissements au cours de ses séries dopées à l’action et à des personnages fortement caractérisés, voire stéréotypés. El refugio atómico pousse tous les curseurs au maximum en tentant de reproduire la recette gagnante de La Casa de Papel, la fraîcheur en moins.  

ATOMIC MONKEYS. Pau Simon as Max, Joaquín Furriel as Guillermo in episode 05 of ATOMIC MONKEYS. Cr. Carla Oset/NETFLIX © 2024
Tête à tête musclé entre Max (Pau Simon) et son ex beau-père, Guillermo (Joaquín Furriel). // Source : Carla Oset / Netflix

Le concept de départ plutôt alléchant — des milliardaires dans un bunker tandis que le monde fait face à une guerre nucléaire — se révèle assez rapidement sous-exploité, tant l’accent est mis sur le drame qui se joue entre Max et son ex belle-famille. La série adopte un ton très soap et se complaît dans des tropes narratifs éculés, qui reposent sur les stéréotypes de genre. 

Dans El refugio atómico, les femmes pleurent (beaucoup) et les hommes se battent (beaucoup). Tandis que Max se retrouve constamment pris dans des bagarres musclées, Asia tombe peu à peu amoureuse du meurtrier de sa sœur. Leur tension sexuelle culmine dans une scène de « hurt/comfort » (« blesser/réconforter ») particulièrement clichée : après avoir quasiment tué un des gardiens du bunker, Max est soigné par Asia, qui s’imagine en train de l’embrasser. Vous avez dit gênant ?

ATOMIC MONKEYS. Alicia Falcó as Asia, Pau Simon as Max in episode 06 of ATOMIC MONKEYS. Cr. Carla Oset/NETFLIX © 2024
Asia (Alicia Falcó) et Max (Pau Simon), les amants maudits. // Source : Carla Oset / Netflix

Autour de ce couple malaisant émergent d’autres personnages, comme le très macho Guillermo, le père d’Asia qui se comporte extrêmement mal avec sa nouvelle et jeune épouse. Le problème ne réside pas dans le fait que ce personnage soit caractérisé comme macho, mais dans son comportement over the top et le manque de nuances dans son écriture. 

La casa des milliardaires 

Un twist à la fin du premier épisode rebat les cartes (attention, spoiler !) : l’équipe qui s’occupe de l’intendance du Kimera Underground Park, menée par la cheffe Minerva (Miren Ibarguren), tente en réalité d’arnaquer les milliardaires. À l’aide de scènes tournées par un vrai réalisateur de cinéma (ces moments de mise en abyme s’avèrent plutôt réussis) et d’une intelligence artificielle révolutionnaire, ils font croire à leurs hôtes que le monde touche à sa fin. La finalité étant bien entendu de récupérer leur argent.  

On se retrouve donc avec une structure très similaire à celle de La Casa de Papel : d’un côté, un groupe de personnages tendance « Robin des bois » aux commandes d’une machination (rien ne va se passer comme prévu, bien sûr) et de l’autre, un groupe censé être manipulé. 

ATOMIC MONKEYS. Alicia Fernández as Julia, Miren Ibarguren as Minerva in episode 02 of ATOMIC MONKEYS. Cr. Tamara Arranz/NETFLIX © 2024
Minerva (Miren Ibarguren) a tout prévu, mais rien ne va se passer comme elle l’a planifié. // Source : Tamara Arranz / Netflix

Cadre en huis clos, profusion de personnages écrits à la truelle, intrigues soapesques, scènes d’action et suspens amené avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine… El refugio atómico reprend de nombreux ingrédients de La Casa de Papel, mais avec des ficelles encore plus grosses. Trop nombreux, les protagonistes sont mal écrits. Les interprètes font donc ce qu’ils peuvent, mais la plupart surjouent. 

Minerva, le cerveau de la bande des révoltés au rôle similaire à celui du Professeur, reste la protagoniste la moins clichée. Si on salue la volonté des créateurs de mettre en avant un personnage lesbien, la représentation LGBTQ+ dans la série n’est pas exempte de défauts et de dialogues confondant de banalité, du genre, « tout le monde est fluide maintenant ! ». Côté protagonistes, on sauvera également Frida (Montse Guallar), la grand-mère de Max à la langue bien pendue, et quasiment la seule à véritablement respirer le privilège. 

ATOMIC MONKEYS. Pau Simon as Max in episode 05 of ATOMIC MONKEYS. Cr. Tamara Arranz/NETFLIX © 2024
Max s’est cru dans Flashdance. // Source : Tamara Arranz / Netflix

Avec son pitch initial, la série donnait l’impression qu’elle allait s’attaquer aux ultra-riches comme symboles d’un système capitaliste injuste. Mais le retournement de situation — ils sont en fait manipulés — nous les rend sympathiques. La série passe aussi beaucoup de temps sur leurs intrigues amoureuses et familiales pas franchement passionnantes. Les amateurs de soaps y trouveront peut-être leur compte (et encore !), mais ceux qui attendaient de l’action et un propos sociétal (même grossier, il était présent dans La Casa de Papel) passeront leur chemin. 

On voulait de l’action, du fun et des personnages marquants, mais la série sombre dans des intrigues navrantes. De la réalisation insipide aux costumes cheap (ces combinaisons bleu roi qui sentent le skaï), en passant par des personnages constamment au bord des larmes ou en train de se battre, rien ne sauve El refugio atómico du naufrage.

Le verdict

El refugio atómico // Source : Netflix
4/10

El refugio atómico

Voir la fiche
Si la prémisse de la série avait de quoi intriguer — un groupe de milliardaires réfugiés dans un bunker assiste à une potentielle fin du monde et les uns les autres se déchirent — le résultat final est loin d’être à la hauteur des attentes. Avec ses intrigues soaps, ses personnages très grossièrement écrits et une esthétique vaguement SF low-cost, El refugio atómico tente de reproduire ce qui a fait le succès de La Casa de Papel. Une tentative de copier/coller bien trop évidente, pour une série au potentiel gâché.
Comparatif svod // Source : Montage Numerama
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