Le rapport 2010 de l’IFPI sur l’état de la musique numérique préconise la riposte graduée comme réponse au piratage des contenus culturels. Or, le document laisse entendre que les pirates sont aussi – pour certains – des consommateurs assidus. Une information visiblement gênante pour l’IFPI, qui a préféré ne pas évoquer ce point.

Publié ces jours-ci, le rapport annuel sur l’état de la musique numérique commandé par l’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI) n’est pas vraiment surprenant dans son contenu. Comme à son habitude, l’organisme international chargé de défendre les intérêts de l’industrie du disque préconise la riposte graduée et appelle les gouvernements à prendre de nouvelles dispositions législatives afin de punir les pirates responsables – selon les ayants droit – de la mise à mort de cette industrie.

Cependant, Torrentfreak a mis en lumière des informations assez inattendues derrière le vernis du discours traditionnel des ayants droit sur le peer-to-peer. Des informations que l’IFPI a d’ailleurs préféré mettre de côté, car elles vont contre ses intérêts. En effet, l’étude menée par Forrester indique en filigrane que les adeptes du P2P ne sont pas les derniers à consommer de la musique légalement. Ce serait même les consommateurs les plus dépensiers dans ce domaine.

Pour autant, cela ne signifie pas que le partage de fichiers incite automatiquement les pirates à consommer, ou que tous les pirates vont forcément débourser de l’argent sur une plate-forme légale de musique. Certains internautes refuseront par exemple d’acheter de la musique tant qu’une licence globale ne sera pas mise en place. Néanmoins, la diabolisation des internautes qui téléchargent n’est peut-être pas la meilleure méthode, puisque les ayants droit tapent également sur certains de leurs plus fidèles clients.

Selon l’IFPI, la seule raison qui pousse les internautes à pirater de la musique serait la gratuité. En effet, pas besoin de payer sur les réseaux peer-to-peer. Pourtant, beaucoup d’aficionados du P2P se servent aussi de cette technologie pour découvrir de nouveaux artistes, de nouveaux genres musicaux ou de nouvelles tendances artistiques. Jamais ces éléments ne semblent effleurer l’esprit de l’organisme international.

Si la gratuité était vraiment la seule raison, pourquoi donc certains d’entre eux s’embêteraient à acheter légalement de la musique ? Et surtout, pourquoi seraient-ils visiblement les meilleurs clients de l’industrie du disque lorsqu’il s’agit de ventes numériques ? Le rapport, sur ces points, reste silencieux. Tout comme l’IFPI d’ailleurs. L’institution serait sans doute bien embêtée de révéler à tous que dans sa lutte contre le piratage, elle s’attaque aussi à ses clients.

°videmment, dans le meilleur des mondes l’IFPI aurait sans doute déjà réfléchi à une façon de convertir encore plus de pirates vers le chemin de la légalité, autrement que par un arsenal législatif de plus en plus dur. À la place, l’organisation a préféré ignorer les conclusions de sa propre enquête, se focalisant uniquement sur le prétexte de la gratuité pour expliquer le phénomène du peer-to-peer. Et pour demander des sanctions encore plus fermes.

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