Deezer milite pour l’abandon d’une taxe sur le streaming musical. Elle craint d’être la grande perdante de ce projet, et prévient que cela aura pour effet d’augmenter le prix de l’abonnement.

L’abonnement à Deezer facturé 10,99 euros par mois est peut-être en voie de disparition. Invité de BFM Business le 2 août, le directeur général adjoint du groupe français spécialisé dans le streaming musical a prévenu que les réflexions du gouvernement sur une taxe dans son secteur le handicaperait énormément, bien davantage que ses rivaux, comme Spotify ou Apple Music.

In fine, c’est la clientèle française de Deezer qui supportera le coût de la taxe. « On ne peut pas la répercuter aux ayants droit », d’après Stéphane Rougeot, le second de Deezer. L’entreprise affirme également ne pas pouvoir l’absorber elle-même, car son « équilibre financier » ne le lui permet pas. Traduction : ses finances sont trop fragiles pour la passer dans ses comptes.

Deezer propose aujourd’hui une offre principale, baptisée Deezer Premium, sur laquelle plusieurs options existent : une réduction en cas d’abonnement sur un an (8,24 euros par mois dans ce cas), un prix étudiant (5,99 euros par mois), une réduction la première année et des premiers mois offerts. Il existe aussi une offre familiale, à 17,99 euros par mois.

Source : Marcela Laskoski
Le marché français du streaming audio est surtout partagé entre Spotify, Amazon et Deezer, mais aussi, dans une moindre mesure, entre Google (YouTube) et Apple. // Source : Marcela Laskoski

Deezer est fortement dépendant du marché français, avec un chiffre d’affaires dont 60 % vient de l’Hexagone, selon Stéphane Rougeot. En comparaison, un adversaire comme Spotify ne fait que 3 % de son chiffre d’affaires ici. De fait, la taxe « frapperait Deezer de manière totalement disproportionnée par rapport aux autres plateformes. »

Une hausse des prix de Deezer pourrait avoir également un autre effet terrible sur Deezer, en poussant une partie de sa clientèle vers d’autres plateformes si celles-ci ne répercutent pas cette hausse, ou de façon plus modérée. Les effets de l’inflation sur le budget des ménages conduisent de nombreux foyers à redoubler d’attention sur l’évolution de leurs abonnements.

Une taxe à 1,75 % ?

La perspective d’une taxe sur le streaming a été évoquée le 14 juin, lors de la fête de la musique, par Emmanuel Macron. Le président de la République apparaît en faveur d’un dispositif visant à soutenir la filière musicale. Les acteurs du secteur sont invités à en discuter ensemble pour dégager de nouvelles pistes de financement. Si d’ici fin septembre rien ne bouge, l’exécutif interviendrait.

Si c’est ce scénario qui prend forme, le gouvernement et le Parlement pourront se baser sur les travaux de Julien Bargeton, sénateur et auteur d’un rapport relatif à la stratégie de financement de la filière musicale en France. Dans celui-ci, il est avancé une taxation de 1,75 % sur les revenus du streaming musical, qu’il soit payant (par abonnement) ou gratuit (financé par la publicité).

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