Miles et Gwen, côte à côte en haut d’un building (mais la tête à l’envers — ce sont des araignées !), voilà la scène qui restera dans notre cœur en sortant de Spider-Man : Across the Spider-Verse. La suite de Spider-Man : New Generation coche toutes les cases de ce que l’on pouvait en attendre : c’est « pop », au rythme frais et vitaminé, tout en étant porté par une direction artistique visuellement superbe. Mais c’est la relation entre Gwen et Miles qui tire le plus son épingle du jeu : cette suite est une histoire d’amitié et d’amour entremêlée.
La direction artistique est époustouflante
Si Spider-Man : New Generation était marquant en tant qu’œuvre d’art visuelle, il en va de même de ce second volet. Sans même se contenter d’une continuité artistique, Across the Spider-Verse surpasse le premier film en poussant plus loin l’inventivité dans la mise en scène et dans les petits détails. La patte graphique porte même les émotions : ainsi, la tristesse d’un personnage se perçoit aux couleurs de la pièce, grisées, qui deviennent soudainement plus vives lorsque vient le réconfort.
La direction artistique déploie des trésors d’imagination, en particulier lors des scènes d’action, où tous les pans de la mise en scène se combinent comme si l’on regardait une BD prendre vie : les dialogues, les couleurs, le découpage des images sont en osmose permanente. Même la musique semble faire corps avec l’image, en particulier grâce à la répétition d’un schéma progressif : les sonorités battent le rythme du suspense en s’accélérant jusqu’à chaque dénouement de situation, en poussant très loin cet étirement sonore dans le temps.
Toujours pour accentuer le sentiment d’être plongé dans un comics, ce qu’il se passe réellement et ce que songent les personnages se mélange parfois à l’écran. À quoi s’ajoute des styles graphiques qui peuvent varier d’un Spidey à un autre, y compris au sein d’une seule et même séquence. Même le « grand méchant » de l’intrigue dispose d’un pouvoir qui suscite une multitude de scènes esthétiquement originales. Tout, en définitive, a été pensé pour nous emporter dans un méli-mélo graphique calibré à chaque plan près.
Il en résulte un maelström qui aurait tout de même pu être indigeste, mais exécuté avec une telle maîtrise qu’Across the Spider-Verse est, visuellement, un feu d’artifice harmonieux. Seule ombre au tableau : le manque de temps morts, ou d’instants plus calmes, pour temporiser le rythme effréné.
Miles & Gwen portent Spider-Man : Across the Spider-Verse
En parallèle de ce cocktail survitaminé, qui a toujours une blague à ajouter à l’issue de tout instant tragique, les émotions parviennent souvent à prendre le pas. Elles sont, en vérité, plus importantes que le récit lui-même et ses moult rebondissements : le véritable fil rouge du film, c’est Miles et Gwen.
Across the Spider-Verse est une histoire d’amitié — avant tout — qui se transforme peu à peu en amour. « Je ne peux pas perdre un autre ami », dit Gwen, elle-même. Cette dimension sentimentale est touchante et les scènes d’action auraient clairement gagné à être raccourcies au profit du développement de ces deux personnages et des liens entre eux.
L’alchimie était déjà forte dans le premier opus, mais cette seconde itération fait croître les sentiments par des gestes et des regards : sans que cela se traduise toujours par les mots, l’amour naissant se perçoit tant les deux personnages deviennent de plus en plus complémentaires et qu’ils se manquent l’un à l’autre.
Là encore, c’est la patte artistique qui joue : cette tendresse mutuelle est parfaitement palpable, grâce à la mise en scène. Cette dernière, pourtant, ne favorise pas tant la douceur — Across the Spider-Verse reste un film d’action rempli de combats et de gags (souvent drôles). C’est donc notre seul regret en sortant de la salle : on aurait aimé voir Miles et Gwen partager plus de moments ensemble.
Across the Spider-Verse est en salles ce mercredi 31 mai 2023. La suite, Beyond the Spider-Verse, est attendue pour début 2024.
Le verdict
Spider-Man : Across the Spider-Verse
Voir la ficheOn a aimé
- Une direction artistique époustouflante
- Pop, drôle, rafraîchissant
- Miles Morales et Gwen Stacy, meilleur duo
On a moins aimé
- On aurait aimé plus de développement des deux personnages, Miles et Gwen
- Un petit manque de moments calmes
Petit bijou visuel, déployant des trésors d’imagination et d’inventivité pour toutes ses scènes jusque dans les moindres détails, Across the Spider-Verse marque à son tour le cinéma d’animation après New Generation. Bien sûr, les références à la longue et grande histoire de Spider-Man dans les comics sont aussi une qualité pour cette œuvre pop culturelle. Mais le film ne ressemble pourtant pas à du fan-service, tant il cherche à délivrer une vraie aventure et peaufine chaque chose.
La patte graphique est toujours plus originale, pleine de variations, tout en venant servir tant les combats que les émotions. On regrettera seulement qu’Across the Spider-Verse n’ait pas dédié moins de temps à l’action, et plus de temps à la mise en scène des sentiments, alors même qu’il s’agit là du fil rouge le plus réussi du film sur le plan narratif.
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