En partenariat avec France Culture, dans cet épisode du Meilleur des Mondes dédié à la numérisation des services de l’État, la chronique de Numerama explore les mondes sans États du cyberpunk. Une alerte bien ancrée dans le présent…

Pour venir à la maison de la radio, j’ai croisé une poignée d’arrêts de bus avec un écran publicitaire vidéo. Pour annoncer ma chronique, j’ai utilisé Twitter, plateforme massive appartenant à Elon Musk, l’un des hommes les plus riches de la planète, qui développe aussi des voitures électriques, des fusées et un train supersonique. Pour décider de réintégrer un politicien — Donald Trump — au réseau et prendre d’autres décisions, il a fait un sondage d’opinion, qu’il a d’ailleurs présenté comme une sorte de référendum. Ce réseau d’ailleurs, comme Facebook aussi, peut influer sur des élections.

Quand j’ai acheté un lecteur vinyle, je me suis retrouvé avec des pubs partout pour des lecteurs vinyles. On a aussi des assistants vocaux, des montres connectées — qui nous disent qu’il est temps de se lever et marcher –, et enfin, l’actualité ne fait en ce moment que de parler d’intelligence artificielle…  après un été rythmé par des canicules records.

Bon : je crois que l’on vit dans un monde cyberpunk. Vous savez, ce genre spécifique de la SF qui présente des avenirs ultra-capitalistes et technologiques dans un monde pollué. Comme Blade Runner

Et, l’État dans tout cela ?

Dans le cyberpunk, l’État est… nulle part. C’est une caractéristique du genre. Tenez, prenons Chien51 de Laurent Gaudé, récemment paru chez Actes Sud, du cyberpunk sous forme de polar futuriste et politique. GoldTrex, une mégacorporation, y a littéralement racheté la Grèce et essaye de faire de même avec d’autres pays. Dans ce type de science-fiction, les formes étatiques ont fondu face au capitalisme technologique : la politique provient des entreprises, qui dirigent le monde. 

Dans le space opéra, il n’y plus d’États aussi, remplacés par des empires ou des fédérations. Dans le post-apo, pareillement, mais parce que tout s’est effondré. 

Rachel, dans Blade Runner, était une réplicante.  // Source : Blade Runner
Rachel vs. ChatGPT. // Source : Blade Runner

Après l’État-providence, la technologie-providence ?

Apès la notion d’État-providence, peut-être que l’on opère une sorte de transition vers la « technologie-providence ». Car elles répondent à des besoins et, parfois plus insidieusement, créent des besoins pour y répondre. Quand la SF extrapole l’avenir, elle pousse plus loin ce curseur et présente des imaginaires où l’État ne semble plus suffire : soit c’est la fin du monde, soit c’est le capitalisme technologique.

Mais c’est aussi une alerte. La SF montre combien les technologies peuvent changer notre rapport au politique. La démocratie se nourrit du choix citoyen, alors quid du choix citoyen dans un progrès présenté comme inéluctable ? C’est probablement aussi à cette tension-là que fait face l’État démocratique aujourd’hui : la tech comme concurrente politique.

(Ré)écoutez Le Meilleur des Mondes

Dans cet épisode du Meilleur des Mondes, François Saltiel reçoit trois invités pour répondre à ce vaste sujet : comment nos services publics sont-ils transformés par la logique numérique, désormais omniprésente dans nos vies ? Que doit-on entendre dans l’expression « privatisation numérique » ?

Avec :

  • Anne Bellon politiste, maîtresse de conférence à l’Université de Technologie de Compiègne, spécialiste des politiques numériques et de la régulation d’Internet.
  • Lucie Castets Co-porte-parole du collectif Nos services publics
  • Gilles Jeannot Sociologue, directeur de recherche à l’Ecole des Ponts ParisTech et co-auteur de La privatisation numérique (Ed. Raisons d’agir, 2022)

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