Au cours de l’été 2019, nous avons appris la mort de Rutger Hauer. L’acteur était connu pour avoir, entre autres, donné la réplique à Harrison Ford dans Blade Runner, en 1983. Il interprétait alors l’antagoniste du film : un réplicant — robot humanoïde conscient. Si sa présence dans ce film nous a tant marqués, c’est aussi grâce à un monologue devenu célèbre, prononcé par son personnage avant de mourir. À l’annonce de la disparition de Rutger Hauer, il était impossible de passer à côté d’un petit détail : l’acteur est décédé la même année que son personnage, puisque Blade Runner se déroulait en… 2019.
La plupart des œuvres majeures de science-fiction sont basées sur un solide processus d’anticipation : des ingrédients du présent sont extrapolés afin d’obtenir une image plus ou moins crédible du futur. Ce processus est enrichi par l’imaginaire. Quand les futurs d’autrefois deviennent notre présent, il peut être fascinant de regarder à quel point ces œuvres avaient bien anticipé ou non l’avenir. Alors, au final, à quel point l’année 2019 écoulée aura-t-elle ressemblé à Blade Runner ?
Raté : les voitures volantes
Blade Runner décrit énormément d’éléments de son environnement. L’urbanisation fait partie du tableau futuriste. Les modes de transport ont été révolutionnés par… les voitures volantes. Si elles ne sont pas accessibles à toutes les catégories sociales de la population, elles sont centrales dans les déplacements en ville, durant le film.
Si 2019 a concrétisé l’ère des trottinettes électriques (ce qui est d’ailleurs pas loin de la dystopie pour les piétons), les voitures volantes ne font pas partie de notre quotidien. Elles n’existent qu’au stade de purs prototypes.
Il n’est cependant pas dit qu’il faille abandonner l’idée de voir un jour émerger cette technologie dans nos villes. La marque Hyundai a annoncé qu’elle présentera un modèle de véhicule volant lors du CES 2020. Un inventeur comme le français Franky Zappata, qui a traversé la Manche sur sa planche volante, travaille lui aussi sur un concept de voiture des airs. Les évolutions technologiques peuvent aller vite. Peut-être que la décennie 2020 nous offrira un Cybertruck volant annoncé en grandes pompes par Elon Musk.
Raté : les robots humanoïdes conscients
Au cœur de Blade Runner, dans l’univers du film et dans son intrigue, on trouve les réplicants. Ces robots humanoïdes sont très difficiles à distinguer de véritables humains. Ils ont ce qui s’apparente à une conscience, une personnalité propre, des émotions, des sensations, des idées.
L’année 2019 a certes connu de belles avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le champion mondial de jeu de Go a arrêté sa carrière après avoir été vaincu par une IA imbattable. Une vidéo a buzzé en montrant une main robotique résolvant un rubik’s cube avec une dextérité semblable à celle d’une main humaine… Mais ces avancées paraissent presque anecdotiques face aux réplicants. Les robots de Blade Runner n’existent pas. Ils ne sont pas prêts d’exister. D’ailleurs, Numerama a lu des livres écrits par des IA et croyez-nous… les robots ne sont pas prêts de vraiment remplacer les humains.
Complètement raté : la conquête spatiale
Si nous suivons des personnages terriens, le monde de Blade Runner est interplanétaire. Au fil du film, on apprend que l’humanité s’est étendue dans l’espace, vers d’autres planètes.
Dans le véritable présent de l’année 2019, la conquête spatiale n’est qu’à ses prémisses. Nous n’avons exploré aucune planète autrement qu’avec des sondes et, pour Mars, des rovers. Relevons tout de même que le programme Artémis de la Nasa, vraiment officialisé en 2019 (avec son logo, ses combinaisons…), signe un regain dans l’odyssée spatiale humaine.
Pas loin : les assistants vocaux
Dans Blade Runner, la population vit dans des « maisons intelligentes ». C’est le cas de Rick Deckard, le personnage interprété par Harrison Ford. Pour entrer dans son appartement, il doit présenter une signature vocale à une entité virtuelle. Chez lui, il s’adresse à cette entité via différentes commandes vocales, comme par exemple pour lancer Esper, un système d’analyse intelligente et détaillée d’une photo. Les scènes avec Eldon Tyrell, fondateur d’une grande entreprise, mettent aussi en avant l’utilisation d’un assistant virtuel.
En 2019, nous n’avons peut-être pas besoin de nous identifier vocalement pour rentrer chez nous, mais les assistants vocaux sont déjà dans nos smartphones, avec Siri ou Google Assistant. Les maisons connectées, bien qu’elles soient encore très minoritaires, sont souvent associée à un assistant vocal comme Alexa d’Amazon. Blade Runner était donc pas loin.
https://youtu.be/wi7Of5sHGFI
Dans le mille (à un détail près) : les appels vidéo
Les appels vidéo sont utilisés, si ce n’est même courants et tout à fait banalisés dans Blade Runner. Le personnage interprété par Harrison Ford s’en sert. Inutile de rappeler à quel point les années 2010 ont fait des appels vidéo un mode de communication comme les autres, via Skype, Whatsapp, Messenger et tant d’autres applications.
Bon, en revanche, Deckard ne passe pas vraiment par Internet et l’appel a lieu sur une vieille machine qui nous paraîtrait archaïque par rapport aux smartphones.
Totalement dans le mille : les publicités aux airs cyberpunk
Blade Runner n’échappe pas aux règles du genre auquel il appartient. Dans les livres, films et séries de type cyberpunk, le matraquage publicitaire a atteint son summum. Il est partout, tout le temps. Les publicités sont affichées sur des écrans géants, elles ciblent leur contenu à la perfection en fonction des individus, elles sont véritablement puissantes et omniprésentes dans la société.
En 2019, les écrans publicitaires ont conquis nos villes depuis longtemps. Dans les métropoles et capitales, même les arrêts de bus et les devantures de bâtiments n’échappent plus à des écrans allumés nuit et jour pour y diffuser des publicités.
Raté mais pas tant que ça : les polaroids
Les photographies jouent un rôle important au fil de l’enquête menée par Deckard dans Blade Runner. Or, si en 2019 nous avons pris l’habitude de prendre des photos et de les stocker avec nos smartphones, les personnages du film utilisent seulement des photos sur polaroid.
Rien à voir avec 2019, donc. Ou presque. Ces dernières années, une vague rétro-fashion-nostalgique a généré un retour en force des polaroids et de leur esthétique. Entre les mini imprimantes pour garder un souvenir physique des photos présentes sur votre smartphone et des appareils photos au look rétro, les polaroids reviennent dans notre quotidien.
Avec de l’avance : l’environnement
Le film nous montre rapidement que le futur qu’il nous décrit n’est pas agréable à vivre. L’une des raisons majeures à cela est un environnement tout sauf sain. Les villes sont surpeuplées, au bord de la saturation humaine, précisément à cause des désastres causés sur la surface de la planète à cause du changement climatique. Los Angeles est d’ailleurs mise en scène comme un lieu tout sauf accueillant, une ville caractérisée par un épais brouillard, des fumées orangées et une pluie quasi persistante. Des éléments accentués dans les jeux de couleur de la suite, Blade Runer 2049.
Malheureusement, le film a vu juste mais avec un peu trop d’avance. Le changement climatique n’a pas encore plongé nos villes dans le brouillard et la pluie permanentes, ni déplacés des populations, mais on s’en rapproche. Le monde ne sera pas plus accueillant que dans Blade Runner, d’ici quelques décennies à peine, si des mesures concrètes ne sont pas adoptées. Les années 2018 et 2019 correspondent à une prise de conscience en la matière, et une jeunesse qui s’est exprimée plus que jamais pour préserver l’environnement et la biodiversité.
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