The Haunting of Hill House, Bly Manor, Midnight Mass… Mike Flanagan nous a habitués à des séries excellentes, quoique parfois bavardes. Autant vous dire que l’on attendait donc avec une grande impatience la sortie de son nouveau projet : The Midnight Club. Mise en ligne sur Netflix le 7 octobre 2022, cette adaptation d’un roman de Christopher Pike aurait pu devenir notre divertissement préféré pour frissonner jusqu’à Halloween. Mais, l’histoire d’Ilonka, Kevin, Spencer, Natsuki, Sandra, Amesh, Cheri et Anya est malheureusement trop lisse pour convaincre.
Pourtant, le pitch de départ laissait présager le meilleur : un groupe d’adolescents, tous atteints de pathologies incurables, vivent leurs derniers mois dans un hospice spécialisé. Chaque soir, à minuit, ils se retrouvent dans l’immense bibliothèque de Brightcliffe pour se raconter des histoires effrayantes au coin du feu. Et, peut-être, espérer recevoir des messages de l’au-delà de leurs anciens amis disparus. Il faut avouer que sur le papier, un scénario comme ça, cela donne envie. La réalité est plus mitigée.
De nouveaux comédiens étonnants
Tout n’est clairement pas à jeter dans The Midnight Club, loin de là. Le casting, d’abord, est tout simplement impeccable. Mike Flanagan convoque évidemment des habitués de ses productions, comme Samantha Sloyan, Zach Gilford et Rahul Kohli, déjà formidables dans Midnight Mass. Mais, les vraies stars de cette nouvelle série, ce sont des ados, pour la plupart inconnus. Dans le rôle d’Anya, Ruth Codd crève particulièrement l’écran. Repérée grâce à ses anciennes vidéos sur TikTok, l’actrice irlandaise est réellement handicapée dans la vie, ce qui est assez rare pour être souligné. Retenez bien son nom : ses débuts remarqués dans le monde de la télévision devraient lancer une carrière prolifique pour cette comédienne déjà remarquable.
À ses côtés, Sauriyan Sapkota, qui incarne Amesh, et William Chris Sumpter, alias Spencer, composent également des personnages d’une grande fragilité émotionnelle et physique avec une maîtrise impressionnante. Grâce aux interprétations convaincantes de ce casting très diversifié, l’attachement à ces personnages en fin de vie est immédiat et l’on suit leurs aventures avec plaisir, tout au long de ces 10 épisodes.
Quand l’horreur se trouve en nous
Leurs péripéties, justement, sont bien plus passionnantes lorsqu’elles sont imaginées par les personnages eux-mêmes. Chaque épisode nous plonge ainsi dans l’une des histoires effrayantes racontées par les protagonistes. Un procédé qui permet à Mike Flanagan d’explorer de nombreux genres, avec plus ou moins de réussite : les récits policiers, les thrillers à base de serial killers, les films de zombies, la science-fiction… Les références se multiplient, faisant appel tour à tour à James Cameron (Terminator), à David Fincher (Seven), aux films en noir et blanc ou à la série Bates Motel. Les ados s’imaginent eux-mêmes en héros de leurs histoires inventées, dans un ballet d’épouvante familier, qui brouille les frontières entre fiction et réalité. On s’y croirait vraiment, au coin du feu, en train d’écouter ces contes captivants.
Et, comme toujours avec le créateur de The Haunting, ce sont plutôt les récits personnels et psychologiques qui nous donnent la chair de poule, davantage que de simples jump scares. L’épisode 8 nous offre ainsi une magnifique métaphore du suicide, tandis que les thématiques de la mort, de la maladie, de l’homosexualité ou des relations familiales conflictuelles sont abordées avec brio. De ce point de vue, Mike Flanagan n’a pas perdu la main : on se retrouve toujours bouleversés par ses dialogues touchants sur la vie, l’amour, l’amitié et la façon de survivre dans un monde défaillant.
Mike Flanagan, es-tu là ?
Mais, le problème de The Midnight Club, c’est justement que ses personnages racontent de meilleures histoires que la série elle-même. Si l’atmosphère des années 1990 est parfaitement retranscrite, à coups de bande originale réussie et de posters de Led Zeppelin en fond, contre toute attente, Mike Flanagan a perdu son scénario en cours de route. Pour sa première plongée dans le monde des ados, le maître de l’horreur attitré de Netflix perd sa maîtrise et livre sa première production vraiment décevante. Les résolutions sont trop faciles ou inexistantes, les décisions de certains personnages sont improbables, et les scènes d’épouvante font le même effet qu’une mauvaise parodie du clip de Thriller.
Alors que Mike Flanagan était habitué des retournements de situation inoubliables et des révolutions formelles en termes de réalisation, il semble presque être trop à l’aise et laisser son audace au placard avec The Midnight Club. Où est passée la fougue de ses traditionnels épisodes 5, toujours là pour nous arracher le cœur tout en renversant l’histoire, présents dans The Haunting comme dans Midnight Mass ? Pourquoi une partie de l’histoire de départ reste-t-elle finalement inexplorée ? Apparemment, le réalisateur et scénariste est coincé par sa propre adaptation, le cul entre deux chaises, incapable de choisir une direction entre ses ambitions stupéfiantes et un cahier des charges adolescent peut-être trop lisse. The Midnight Club a au moins le mérite de proposer un recueil de récits captivants, tout en permettant la révélation d’acteurs et d’actrices renversants. C’est déjà ça.
Le verdict
The Midnight Club
Voir la ficheOn a aimé
- Un casting impressionnant
- Mention spéciale à Ruth Codd, surprenante
- Un mélange des genres réussi
- Des récits bouleversants, comme d’habitude
On a moins aimé
- Un scénario bancal
- Des scènes d’horreur mitigées
- Rendez-nous l’épisode 5
- Et The Haunting, par la même occasion
The Midnight Club s’annonçait comme l’un des événements de cette fin d’année. Mais, cette première saison de 10 épisodes tient finalement davantage de la déception que de la révélation. Avec cette histoire d’ados et de récits sordides, la nouvelle série de Mike Flanagan (The Haunting) ne parvient pas à convaincre. Pourtant dotée d’un solide casting et de personnages attachants, The Midnight Club ne va jamais au bout de ses idées et reste malheureusement trop en surface. Si vous avez aimé des séries comme Locke & Key malgré leurs incohérences, vous devriez accrocher. Sinon, pour les fantômes et l’épouvante intelligente, on vous conseille plutôt de revoir The Haunting.
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