Facebook a censuré en Russie l'accès à une page d'appel à manifester en soutien à l'opposant Alexeï Navalny, menacé de 10 ans d'emprisonnement sur la base d'un procès jugé exclusivement politique.

Facebook est sous le feu des critiques en Russie, pour avoir accepté sans coups férir de bloquer l'accès à une page appelant les Russes à manifester dans les rues leur soutien à Alexeï Navalny, considéré comme le principal opposant à Vladimir Poutine. Vendredi dernier, le parquet a requis 10 ans d'internement contre Navalny, accusé d'avoir détourné près de 400 000 euros au détriment de Yves Rocher, ce que la société française semble pourtant démentir.

Jugeant que la manifestation proposée était organisée sans autorisation, l'agence russe de contrôle des communications, le RosComNazdor, a demandé à Facebook de bloquer l'accès à la page. Selon le Washington Post, la page avait gagné plusieurs milliers de soutiens en quelques heures, jusqu'à atteindre samedi matin 12 300 personnes déclarant leur intention de manifester.

Mais désormais, quiconque tente d'accéder à la page depuis une adresse IP russe est accueilli par un message qui dit que "la page que vous avez demandée ne peut pas être affichée", sans explication précise. "Elle peut être temporairement indisponible, le lien sur lequel vous avez cliqué peut avoir expiré, ou vous pouvez ne pas avoir l'autorisation de voir cette page". Depuis une adresse IP française, la page reste accessible.

Connexion depuis une adresse IP russe :

Connexion depuis une adresse IP française :

Interrogées par le Washington Post, les autorités russes confirment qu'elles ont bien demandé à Facebook de bloquer la page en raison d'une manifestation non autorisée, et rappellent que Facebook a l'obligation de se conformer à de telles demandes en vertu d'une loi édictée en février dernier — et avant de critiquer trop vite la Russie, il faut se souvenir que la France applique le même principe depuis 2010. Le réseau social n'a pas démenti avoir obéi à l'instruction sans chercher à s'y opposer.

Facebook aurait pu tenter un forcing en refusant de plier à la demande du RosComNazdor, ce qui aurait alors obligé la Russie à bloquer l'ensemble des accès à Facebook, faute de ne pouvoir bloquer lui-même que l'accès à la page litigieuse (en raison de l'utilisation par Facebook du protocole HTTPS, qui empêche un blocage sélectif des URL). Le régulateur russe a toutefois montré au début du mois qu'il était prêt à recourir à de telles extrémités dans un bras de fer contre Github, que la Russie a rapidement remporté.

Selon des données de TNS Web Index, Facebook comptait un peu plus de 25 millions d'utilisateurs en Russie à la fin 2013, largement devancé par son clone local, Vkontakte, qui comptait le double. 

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