Considéré comme un ennemi de l’Internet par Reporters Sans Frontières, l’Iran assouplira-t-il un jour sa politique à l’égard du réseau des réseaux ? Son nouveau président, Hassan Rohani, a envoyé plusieurs signaux positifs en quelques semaines. Mais le ministre en charge des télécommunications est venu doucher les espoirs de ceux espérant une levée de la censure.

Depuis le 4 août, l’Iran a un nouveau président en la personne de Hassan Rohani. Considéré comme un « modéré », notamment par les Occidentaux, il a succédé à l’ineffable Mahmoud Ahmadinejad, jugé beaucoup plus rigoriste que son successeur.

En deux mois de mandat, Hassan Rohani s’est illustré sur le plan diplomatique en rencontrant François Hollande à l’ONU puis en ayant un entretien téléphonique avec Barack Obama. S’il n’y a pas encore eu de rencontre physique, ce contact à distance est historique, car les relations entre les USA et l’Iran sont au point mort depuis 1979. Les communicants n’ont évidemment pas manqué d’illustrer l’évènement :

Mais Hassan Rohani est-il en train de conduire une simple opération de charme, comme le pensent certains observateurs, afin de gagner du temps sur le dossier nucléaire iranien ? Ou bien le président s’efforce-t-il sincèrement de réchauffer les relations de son pays avec les Occidentaux ? Il convient en tout cas de laisser une chance au dialogue, d’autant que cela pourrait donner du poids au camp des réformateurs.

Une chose est sûre, Hassan Rohani surprend. Lors d’un entretien accordé à CNN le 25 septembre, le président iranien expliquait que « tous ses efforts visent à faire en sorte que le peuple d’Iran puisse accéder et utiliser confortablement à toute l’information au niveau mondial« . Dès lors, faut-il s’attendre à un allégement de la censure, après plusieurs années de durcissement suite aux manifestations de 2009 ?

Cela reste à voir. Le président a rappelé l’existence d’un cadre éthique et moral en Iran, sous entendant la nécessité d’aménager cet accès au nom de dogmes religieux. Cela laisse une large marge d’appréciation pour les censeurs. Mais Rome ne s’est pas faite en un jour et une politique plus souple en la matière prendra du temps à faire effet. À supposer qu’elle devienne réalité.

Ce contexte nouveau a en tout cas conduit l’un des fondateurs de Twitter, Jack Dorsey, à interpeler le compte utilisé par la présidence iranienne pour diffuser les messages de Hassan Rohani en anglais. Il lui demandait si son peuple peut lire ses messages sur la toile, car plusieurs réseaux sociaux et sites communautaires américains (Facebook, Twitter, YouTube) sont bloqués dans le pays.

Dans sa réponse, l’équipe en charge de la communication du président iranien a botté en touche en se contentant de rappeler ses propos lors de l’interview donnée à CNN. Sur le terrain, la situation n’a pour l’instant pas changé. Selon les constats de l’AFP, l’accès à certains sites (sociaux, politiques, pornographiques) demeure restreint.

De son côté, le ministre iranien en charge des télécommunications a fait savoir qu’aucune modification à la politique actuelle ne sera apportée. « Il n’est pas prévu que ces réseaux soient autorisés« , selon des propos rapportés par l’agence de presse Isna. Comme Pékin, l’Iran estime que la stabilité de son régime nécessite un contrôle net de l’accès à l’information.

La population doit donc toujours preuve d’astuce sur le plan technique (VPN) pour passer au travers les mailles du filtrage, si elle veut accéder à un Internet non-aseptisé.


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