Le régulateur du numérique (Arcom) relance son assaut contre 5 sites X basés en Europe, qui n’ont pour l’instant pas mis en place un outil de vérification de l’âge efficace. Les 5 sites sont mis en demeure. Dans 3 semaines, si rien ne change, une procédure sera lancée pour les bloquer.

Pas de répit pour les sites X qui sont en délicatesse avec la loi sur le contrôle de l’âge des internautes. Dans un communiqué paru le 4 juillet 2025, l’autorité de régulation du numérique (Arcom) a fait savoir qu’elle vient d’adresser à 5 sites pornographiques une mise en demeure, faute pour eux d’avoir déployé un système de vérification de l’âge.

Ces 5 sites X ont pour particularité d’être tous établis au sein de l’Union européenne. Et ce n’est pas la seule : il s’avère que ce sont aussi 5 sites qui ont déjà été mis en garde par le régulateur du numérique au cours du mois de juin, avant qu’une péripétie juridique n’interrompe la procédure — ce qui a nécessité de la relancer.

Un blocage possible dès août, si rien ne change

Les 5 sites X sont les suivants (les 5 liens mènent chacun à la décision parue au Journal officiel) :

Accessibles depuis la France, ces cinq sites doivent « se conformer à leurs obligations, dans un délai de trois semaines ». Dans le cas contraire, l’Arcom pourra passer à l’étape suivante, consistant à demander à la justice de prononcer une ordonnance de blocage aux principaux fournisseurs d’accès à Internet du pays (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free).

« Passé ce délai, si les sites ne se sont pas mis en conformité avec la loi, l’Arcom engagera une procédure de déréférencement et de blocage à leur encontre, conformément aux dispositions de la loi SREN [Sécuriser et Réguler l’Espace Numérique] », est-il d’ailleurs clairement indiqué. Et l’Arcom a déjà montré qu’elle mettait ses menaces à exécution.

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Sans vérification d’âge, les sites X ne sont censés ne plus être disponibles en France. C’est l’objectif affiché. // Source : Numerama

La décision de l’Arcom a été saluée dans la journée du 5 août sur X (ex-Twitter) par Clara Chappaz, la ministre déléguée chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique, très investie sur ce dossier. « 5 nouveaux sites porno mis en demeure, des millions de mineurs protégés. Vérifier l’âge des utilisateurs n’est pas une option, c’est la loi ! »

Ces dispositions sont mises en place au nom de la protection des mineurs : des enquêtes régulières montrent que les enfants, dès la pré-adolescence parfois, fréquentent pour partie les sites X. Un phénomène qui s’accroit au fil des ans. En 2022, 30 % des internautes de moins de 18 ans se rendaient chaque mois sur un site X. Presque un sur trois.

Cette réalité a convaincu les pouvoirs publics de prendre des dispositions plus fermes pour forcer la main des sites X afin qu’ils vérifient l’âge de celles et ceux qui leur rendent visite. Ce serrage de vis n’est pas spécifique à la France. Des efforts semblables existent ailleurs dans le monde, par exemple au Royaume-Uni et en Australie.

Frictions avec les sites X, et les VPN en embuscade

La manière dont ce cadre protecteur se déploie entraîne cependant des frictions — avec les adultes, qui rechignent à se soumettre à des contrôles trop invasifs et intrusifs, et avec les sites X. En la matière, la maison-mère de Pornhub, YouPorn et RedTube, aussi visée par les règles françaises, a opté pour le bras-de-fer, en quittant le marché français.

Le refus d’Aylo, la maison-mère, n’est pas synonyme de laisser-faire, mais repose sur un désaccord concernant la méthode. Aylo préférerait une vérification via les terminaux et les O.S., plutôt que de compter, par exemple, sur une photo ou un document d’identité à envoyer, même avec du double anonymat pour la vie privée (sans parler des enjeux de sécurité).

Dans ce match où chacun se renvoie la balle, il y a cependant un secteur qui, sans le dire, compte les points : celui des éditeurs de VPN. Les sociétés derrière les meilleurs VPN du marché se doutent que beaucoup préféreront payer un VPN, plutôt que de se soumettre à une vérification d’identité, ou renoncer à aller sur tel ou tel site X. Et ça se constate déjà.

(mise à jour avec la réaction de la ministre)

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