Depuis des mois, Donald Trump enfonce le même clou contre Hillary Clinton, qu’il accuse d’être une « délinquante » qui « devrait être en prison ». Sans relâche, parce qu’il sait que c’est la principale faille de la candidate démocrate, le Républicain dénonce l’utilisation cavalière par Clinton d’un serveur d’e-mails privé qu’elle utilisait pour échanger des correspondances officielles et confidentielles lorsqu’elle était en charge de la diplomatie de l’administration Obama. Il dénonce surtout l’effacement de plus de 30 000 e-mails détenus par Clinton, lorsque l’administration a voulu enquêter sur le contenu du serveur. Malgré un rapport accablant, le FBI avait conseillé de classer l’affaire sans suite, ce qui fut fait.
Mais de nouveaux rapports d’enquête publiés par le FBI viennent jeter une ombre sur le camp Clinton. Ils révèlent en effet que le sous-secrétaire d’État Patrick Kennedy a tenté en 2015 de faire pression sur le FBI pour obtenir que le statut « classifié » d’un message échangé à travers le serveur mail personnel d’Hillary Clinton soit revu, pour qu’il ne soit plus réputé protégé par le secret-défense. En échange de cette déclassification, il aurait proposé au FBI de poster « davantage d’agents dans des pays où ils sont actuellement interdits ».
Cette modification avait un intérêt certain pour le camp Clinton puisque l’une des principales accusations qui pouvaient être faites contre la candidate était d’avoir exposé des documents considérés comme des secrets d’état auprès de potentiels hackers ou services de renseignement, aux USA ou à l’étranger, notamment lorsqu’elle consultait ses e-mails de manière peu sécurisée sur son téléphone portable.
Le FBI a rejeté la demande et Kennedy a demandé à parler à un autre agent pour continuer cette négociation, mais sans succès. Il a alors demandé à l’agence fédérale ce qu’elle comptait faire, et celle-ci a assuré qu’elle ne communiquerait pas sur la présence d’un e-mail classifié.
Dans l’heure qui suivait, Hillary Clinton démentait publiquement avoir échangé le moindre document confidentiel, ce qu’elle a fait constamment lors de la primaire Démocrate, mais ce qu’elle ne peut plus faire depuis le rapport du FBI du 5 juillet 2016.
Dans un communiqué, le FBI a nié toute négociation cherchant à protéger les intérêts de Clinton, tout comme le Département d’État. « L’allégation d’un quelconque quid pro quo (donnant-donnant) est inexacte et ne correspond pas aux faits », a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Mark Toner. C’est pourtant bien l’expression utilisée par l’agent du FBI dans son rapport d’enquête. De son côté, le camp Démocrate affirme qu’il s’agissait uniquement de discussions habituelles entre le gouvernement et les agences, sur le statut classifié ou non de documents.
Donald Trump, bien sûr, a saisi la balle au bond pour tenter de renvoyer à son adversaire la patate chaude des scandales, qu’il tenait bouillante dans ses mains depuis de nombreux jours après les témoignages multiples d’agressions sexuelles subies par des femmes. Dans une vidéo, le candidat Républicain estime que l’échange dévoilé est « incroyable », qu’il s’agit d’une « preuve de corruption au plus haut niveau », et qu’il devrait s’agir d’un tournant dans la campagne. Il demande à ses partisans d’observer la manière dont les médias américains, qu’il accuse d’être aux mains du clan Clinton, vont relayer l’information.
« Ce qui a été découvert c’est que le Département d’État et le FBI se sont entendus, se sont mis ensemble, pour faire qu’Hillary Clinton ait l’air moins coupable et ait l’air bien meilleure qu’elle en a l’air » (sic), déclare-t-il. Seul problème à cette rhétorique : le FBI a refusé de déclassifier l’e-mail.
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