Trois semaines après la publication d'une étude financée par l'Union Européenne, qui concluait qu'il n'y avait pas d'effet négatif visible du piratage sur la consommation de l'offre légale de musique en ligne, l'Hadopi a publié une note qui prévient que rien de tel ne peut être conclu à partir de cette étude.

Le mois dernier, l'Institut pour les Etudes Prospectives Technologiques, financé par la Commission Européenne, avait publié une étude très médiatisée qui concluait que le piratage n'a pas d'effet négatif sur la consommation légale, et qu'il avait même parfois un effet positif. "Nos conclusions suggèrent que le piratage de musique ne devrait pas être vu comme un sujet d'inquiétude croissant pour les titulaires de droits d'auteur dans l'ère numérique", concluaient les auteurs de l'étude.

Réalisée en 2011 auprès de 25 000 internautes européens, celle-ci disait même que l'effet positif de la présence de sites de téléchargement illégaux était plus fort en France, alors qu'il y avait déjà l'Hadopi.

Ne souhaitant pas laisser une telle étude se propager, la Haute Autorité française a donc réagi par l'intermédiaire de son Département Recherche, Etudes et Veille. Dans une note (.pdf) publiée ce mercredi, elle précise que l'étude européenne "apporte des informations précises sur les consommateurs et la consommation de musique, mais qu’en revanche, elle ne détermine aucun lien de cause à effet" entre le téléchargement illégal, le streaming légal et les achats légaux. Là où il y a corrélation, il n'y a pas forcément de causalité.

"L’étude ne démontre absolument pas certaines positions, mises en valeur dans ses conclusions générales, selon lesquelles le piratage de musique numérique ne se substituerait pas aux achats de musique numérique et de fait n’impacterait pas négativement les revenus de la musique dématérialisée", se fâche l'Hadopi. Elle rappelle, comme Numerama l'avait d'ailleurs indiqué, qu'il existe de nombreux biais dans l'étude qui ne permettent pas de conclure à un effet positif du piratage. Ni de l'infirmer.

Par exemple, les auteurs ont décidé de mesurer la fréquentation des sites e-commerce de musique pour évaluer l'impact sur les ventes, mais en écartant les sites généralistes comme Amazon. Idem pour Spotify ou Deezer, qui sont écartés de la consommation légale payante, parce que proposés aussi gratuitement. Par ailleurs, l'étude des pratiques en P2P était très sommaire, ne pouvant pas aller dans le détail des téléchargements.

"L'assimilation des clics à un acte de consommation, les restrictions et arbitrages sur le territoire de consommation observé, et la multiplicité des paramètres ne pouvant être pris en compte dans les   modélisations mathématiques, ne permettent aucune conclusion" sur l'impact du piratage, prévient l'Hadopi.

En revanche, elle confirme selon elle qu'il existe "une typologie d'utilisateurs, grands amateurs et grands consommateurs d'Internet, de bien culturels en général et de musique en particulier", qui font à la fois du légal et de l'illégal.

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