PayPal franchit un nouveau cap. La société de paiement a annoncé, le 15 décembre 2025, avoir déposé une demande pour créer sa propre « PayPal Bank » aux États-Unis. L’objectif est notamment de développer son activité de crédit — en particulier à destination des petites entreprises — tout en proposant également des produits d’épargne à ses clients.
Pourquoi PayPal veut créer sa propre banque
Cette opération ne transformera pas PayPal en banque au sens classique du terme. L’entreprise a déposé une demande auprès du département des institutions financières de l’Utah et de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) afin de créer une industrial loan company (société de crédit industriel). Il s’agit d’une structure financière spécialisée dans l’octroi de prêts, principalement aux entreprises, pour financer leur activité ou leurs investissements. Elle ne correspond pas à une banque universelle : celle-ci ne propose pas nécessairement l’ensemble des services bancaires grand public, comme les comptes courants, les cartes, ou encore un réseau d’agences.



Pour un acteur comme PayPal, l’objectif principal est surtout de réduire sa dépendance à des partenaires tiers. Jusqu’à présent, faute de licence bancaire, l’entreprise doit s’appuyer sur des banques traditionnelles pour conserver l’argent des clients et accorder des prêts. Concrètement, lorsqu’un utilisateur voit un solde PayPal, les fonds correspondants sont en réalité hébergés sur un ou plusieurs comptes ouverts auprès de banques « partenaires ». Il en va de même pour les virements vers un compte bancaire : seules ces banques ont un accès direct aux systèmes de paiement (réseaux interbancaires, banques centrales, etc.). PayPal propose aussi des cartes de paiement dans certains pays, mais elles sont rattachées à d’autres banques (à la manière de l’Apple Card).
Jusqu’ici, PayPal avait fait le choix d’un statut plus léger (établissement de paiement, émetteur de monnaie électronique ou fintech), selon les pays. Mais ce cadre ne suffit plus il l’oblige notamment à se financer via des banques, des lignes de crédit ou encore via des investisseurs. Une triangulation qui renchérit le « coût » de l’argent et limite à la fois les volumes et les conditions de crédit. Avec sa licence, PayPal pourrait détenir une partie des dépôts de ses clients — assurés — et les utiliser pour financer directement une partie de ses prêts. L’entreprise gagnerait aussi un accès plus direct aux « tuyaux » du paiement (Réserve fédérale, systèmes de compensation), sans avoir à multiplier les intermédiaires.
Aura-t-on une « PayPal Bank » en Europe ?
Au-delà du financement des petites entreprises, la firme entend également proposer un véritable livret d’épargne à ses clients, tout en se connectant plus directement aux « tuyaux » des cartes bancaires afin de réduire sa dépendance aux autres banques. Concrètement, pour l’utilisateur, cela prendra la forme d’un livret : l’argent est conservé chez PayPal Bank, peut être retiré à tout moment (selon les conditions du produit) et génère des intérêts en contrepartie. Pour PayPal, ces dépôts constituent aussi un « carburant » permettant de financer ses prêts aux petites entreprises, comme le ferait une banque classique.
Si la demande de licence bancaire est approuvée, les dépôts des clients auprès de PayPal Bank seront couverts par l’assurance de la FDIC, l’organisme public américain qui garantit les dépôts bancaires des particuliers et des entreprises jusqu’à un certain plafond, par client et par établissement. Par ailleurs, PayPal précise que Mara McNeill, ex-présidente-directrice générale de Toyota Financial Savings Bank, a été choisie pour occuper le poste de présidente de PayPal Bank.

Mais alors, quid d’une PayPal banque en Europe, voire en France ? Aux États‑Unis, il existe une « porte latérale » pour les fintechs comme PayPal (la charte d’industrial loan company), qui leur permet de devenir un peu banque tout en restant un grand groupe commercial classique. Sauf qu’en Europe et en France, cette porte n’existe pas. Si une entreprise veut prendre des dépôts du public et prêter comme une vraie banque, elle doit obtenir une licence bancaire complète, avec des règles plus lourdes et communes à tout le système européen. changeant ainsi toute l’ampleur du produit. À titre de comparaison, Revolut a d’abord obtenu une licence bancaire européenne en Lituanie (banque spécialisée), délivrée par la Banque de Lituanie avec la BCE. Grâce au « passeport » européen, cette licence lui permet d’offrir des services bancaires (dépôts, prêts, etc.) dans tout l’EEE, y compris en France. L’entreprise a d’ailleurs récemment demandé une licence bancaire française. Pour autant, du côté de PayPal, il faudra sans doute un peu attendre avant que sa banque n’arrive en France.
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