Le VPN intégré de Free dans ses offres mobiles a été vu comme une solution permettant de contourner la vérification de l’âge à l’entrée des sites pornographiques. Mais il n’y a pas que ça à relever.

C’est l’annonce du jour parmi les fournisseurs d’accès à Internet : Free a décidé de lancer son propre service de réseau privé virtuel (VPN), sans frais, pour les clients de ses offres mobiles. Ce faisant, ce nouveau VPN, appelé mVPN, donne un intérêt supplémentaire aux formules de l’opérateur et vient marcher du même coup sur les plates-bandes des autres VPN.

Parmi les points forts mis en avant par Free pour vanter mVPN, on trouve la possibilité de se localiser dans d’autres pays d’Europe (actuellement l’Italie et les Pays-Bas, et bientôt d’autres destinations seront incluses), mais aussi une confidentialité accrue pendant la navigation sur le web. Enfin, il n’y a rien à installer ni aucun quota d’usage.

Free mVPN. // Source : Free
Le tout nouveau Free mVPN. // Source : Free

En prévoyant des points de sortie en Europe, Free mVPN devrait permettre d’échapper à la vérification de l’âge à l’entrée des sites pornographiques ; en tout cas, tant que cette obligation n’est pas étendue par ailleurs aux services de VPN — ce qui pourrait changer à terme. Actuellement, des internautes ont opté pour cette stratégie pour passer entre les gouttes.

Mais ce n’est pas la seule particularité à noter avec Free mVPN.

Dans le communiqué, il est dit également que ce service apporte une « protection renforcée contre les contenus frauduleux et malveillants ». Il s’agit d’une défense active : par exemple, détaille Free, si quelqu’un clique sur un lien identifié comme dangereux, reçu par SMS ou email, l’accès vers le site concerné est « automatiquement bloqué. »

Un filtre made in Free proche du filtre anti-arnaques souhaité par le gouvernement

Cette logique de filtrage de sécurité n’est pas sans rappeler le projet, assez ancien maintenant, de filtre anti-arnaques. Celui-ci a été avancé dès 2022 dans le projet numérique d’Emmanuel Macron, alors candidat à sa réélection à la présidence de la République. Il a ensuite été concrétisé lors de la loi SREN pour sécuriser et réguler le numérique, en 2023.

Ce plan, rebaptisé filtre de cybersécurité anti-arnaque à destination du grand public, vise en principe à mobiliser plusieurs acteurs de la tech, à différents niveaux, pour intercepter divers périls numériques, comme des tentatives de hameçonnage (phishing), des sites vérolés pour infecter les terminaux, et toutes sortes d’escroquerie.

Des arnaques sur Twitter // Source : Nino Barbey pour Numerama / Laptop par Freepik
Un filtre anti-arnaques du gouvernement est censé advenir prochainement. // Source : Numerama / Laptop par Freepik

Dans la boucle, il est question de mobiliser les opérateurs comme Orange et Free, les fournisseurs de navigateur web (Chrome, Firefox, Edge…) ainsi que les résolveurs de noms de domaine (qui font le lien entre l’adresse IP des serveurs sur lesquels se trouvent les sites web avec le nom des sites que les internautes visitent).

Mais de la théorie à la pratique, il y a un pas qui n’a pas encore été franchi.

Mais un filtre dont le déploiement patine

Comme le signalait en janvier RTL, la la mise en place du filtre anti-arnaques patine. À l’époque, il était constaté que le décret désignant les autorités devant lister les sites malveillants n’avait toujours pas été publié, rapportait Le Canard Enchaîné. Par ailleurs, la structure chargée de porter le projet n’avait toujours pas été choisie.

Six mois plus tard, les choses n’avaient guère avancé. C’était ce que faisait comprendre le 15 juillet Vincent Strubel, le directeur de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), durant une réunion de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la résilience des infrastructures critiques et au renforcement de la cybersécurité.

Le SMS de phishing a été reçu par notre rédaction en janvier 2022 // Source : Capture écran Cyberguerre
Ce genre de filtre doit permettre de bloquer des SMS frauduleux. // Source : Capture écran Cyberguerre

« Nous sommes convaincus de l’intérêt de ce filtre anti-arnaques, qui est réaffirmé à travers la revue nationale stratégique. Je ne me prononcerai pas sur son porteur le plus légitime [pour le mettre en œuvre]. La loi fixe les conditions des signalements qui pourraient donner lieu à blocage […], qui relèvent plutôt d’autorités administratives », disait-il alors.

La revue nationale stratégique prévoit que ce filtre soit déployé en 2025 — or, le temps passe et les perspectives d’une sortie à la date prévue semblent s’éloigner. C’est la raison pour laquelle le député Éric Bothorel a questionné Vincent Strubel. Aujourd’hui, avec l’instabilité gouvernementale, l’incertitude s’est plutôt accrue sur cette échéance.

En attendant, des initiatives privées

De fait, Free prend de l’avance avec son initiative privée qui se déploie dans mVPN. Ce n’est cependant pas une première. Ailleurs, d’autres initiatives existent, comme Orange Cybersecure, qui inclut un anti-spam téléphonique et anti-appels indésirables, ou SFR Cybersécurité, qui promet aussi de l’anti-phishing, de l’anti-fraude et de l’anti-spam.

Ces mécanismes de cybersécurité ont aussi été mis en place à d’autres niveaux, comme les moteurs de recherche (avec Safe Browsing de Google, par exemple) et les navigateurs web. Généralement, les pages suspectes ou vérolées sont interceptées et un message d’avertissement s’affichent alors, pour prévenir le public des risques qu’il prend à poursuivre.

Tous ces dispositifs pourraient perdre de l’intérêt à l’avenir, quand émergera le filtre national anti-arnaques, lorsque la puissance publique finira par lui donner vie. En attendant, les initiatives privées continuent de fleurir, à l’image de ce que propose aujourd’hui Free avec son VPN.

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