Des Playmobil, des couches, des machines à café… Chaque année, ce sont pas moins de 3 millions d’invendus qui seraient détruits par Amazon rien qu’en France, a révélé Capital dans un reportage diffusé le dimanche 13 janvier.
Un accord conclu entre Amazon et les vendeurs tiers
Pour réaliser ce reportage, un journaliste s’est fait embaucher dans un entrepôt d’Amazon situé à Saran dans le Loiret, en tant que manutentionnaire. D’anciens employés et des syndicalistes ont également été interrogés.
On voit sur les images des bennes spécifiquement dédiées aux produits à jeter. Parmi ces produits, on trouve des choses assez bon marché comme des couches mais aussi des objets plus onéreux, à l’image d’une machine à café ou un téléviseur. À Chalon-sur-Saône, l’un des plus petits sites d’Amazon en France, 293 000 produits ont été envoyés à la poubelle en l’espace de 9 mois.
Tout ceci découle d’un accord passé entre Amazon et les entreprises tierces qui vendent leurs produits via son site. Ces produits sont stockés dans les entrepôts d’Amazon. Le géant propose deux options en cas de stocks invendus : soit elle peut les renvoyer aux vendeurs tiers, soit elle peut les détruire elle-même. Et la destruction est facturée beaucoup moins cher que le stockage.
Une pratique répandue dans l’industrie
Cette pratique, qui vaut aussi bien pour des produits renvoyés par un client à cause d’un défaut que pour des produits neufs, est légale. Elle est plus courante qu’on ne pourrait le penser. Les supermarchés par exemple, détruisent ainsi des dizaines de milliers de tonnes de produits invendus chaque année. Une étude réalisée en 2017 par le Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne (une organisation écologiste) montrait qu’un livre sur quatre subissait aussi le même sort en France.
Cela s’explique généralement par les coûts du stockage de produits. Il arrive qu’ils soient plus élevés que le coût de la destruction. Les entreprises préfèrent alors ne pas « s’encombrer » d’invendus.
Une pratique jugée « révoltante »
Comme le note Capital, la pratique peut malgré cela sembler « révoltante » d’un point de vue éthique et écologique. Les invendus sont détruits dans des incinérateurs ou amoncelés dans des décharges d’enfouissement.
L’association écologiste Les amis de la Terre avait déposé une pile d’objets devant le siège français d’Amazon le 23 novembre, pour dénoncer ce gaspillage. Elle a déposé un dossier auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Ses membres estiment qu’il s’agit de « pratiques commerciales trompeuses ». Leur argumentaire repose notamment sur le non-respect, selon eux, de règles encadrant la reprise de déchets électriques et électroniques contenues dans le Code de l’environnement.
À l’AFP, Amazon France a expliqué qu’elle « s’efforçait de réduire au maximum le nombre de produits qui doivent être retournés par les clients, dans l’intérêt [de ces derniers] comme dans [celui de l’entreprise] ». L’entreprise assure travailler avec des organisations caritatives comme Dons Solidaires et Banques alimentaires. Elle leur donne des produits destinés aux personnes dans le besoin lorsqu’ils ne peuvent être remis en vente (car abîmés par exemple).
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