Le Wall Street Journal révèle ce vendredi matin que le service de streaming de Jay-Z, Tidal, intéresserait très sérieusement Apple. La firme de Cupertino souhaiterait racheter le concurrent d’Apple Music, le seul capable aujourd’hui de priver Apple de certaines exclusivités.

Lorsque le Wall Street Journal révèle que des sources proches du dossier affirment qu’Apple serait actuellement en négociation pour racheter Tidal, ce n’est qu’une demie-surprise. Malgré son relativement petit nombre d’abonnés, Tidal est une épine dans le pied d’Apple Music pour prendre la main sur le marché du streaming.

Exclusivités contre exclusivités

Apple Music, à défaut d’avoir innové à son introduction par un placement tarifaire inédit ou une interface merveilleuse, s’est surtout distingué de la concurrence en répliquant la stratégie de Tidal. Cette dernière repose sur les exclusivités qui lient artistes et services de streaming afin de renforcer la valeur des plateformes pour les auditeurs qui souhaitent écouter les exclusivités. Or cette stratégie aurait pu être un échec, si elle n’avait pas touché des artistes de premier ordre dont les albums s’apparentaient à des must-have de l’année.

Lorsque Tidal propose en exclusivité le dernier Beyoncé dont tout le monde parle ou l’album de Kanye West, la plateforme attire inéluctablement vers elle le public conséquent de ses artistes. Ainsi, aujourd’hui Tidal compte 4,2 millions d’utilisateurs, alors qu’à son rachat par Jay-Z le service n’atteignait pas le million d’utilisateurs. Mais entre le rachat et aujourd’hui, il y a  eu Anti, Lemonade et The Life Of Pablo, qui étant des albums majeurs de l’année 2016, ont chacun participé à attirer des abonnés vers Tidal.

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Tidal, à sa fondation

Chez Tidal, on explique cette stratégie pas très fair-play avec la concurrence en argumentant que la plateforme permet aux artistes une redistribution plus équitable des revenus qu’ailleurs. Et pour nous en convaincre, le conseil d’administration de la startup ressemble à un épisode d’Empire, mêlant Kanye, Jay-Z, Madonna et les Daft Punk.

La pratique des exclusivités est un poison pour le streaming et la libre concurrence

Seulement, lorsque Apple souhaite reprendre la tête du marché du streaming, face à Spotify, la firme de Cupertino se retrouve plus embarrassé par Tidal que l’essentiel de la concurrence. En effet, l’élément clé de la stratégie commerciale d’Apple est la création d’exclusivités avec les artistes. Soit exactement comme Tidal. Seulement Cupertino a sous-estimé l’esprit de famille des grands vendeurs de disques, et aujourd’hui le monde du streaming est divisé entre une écurie Tidal et une autre Apple. Apple a jusque là eu Taylor Swift, Adele, Drake et Ariana Grande entre autres, mais avec deux services pratiquant la même stratégie d’exclusivité, le marché se complexifie et l’utilisateur aura bien du mal à choisir son camp.

Drake, dont Views était une exclusivité Apple

Drake, dont Views était une exclusivité Apple

En somme, la pratique des exclusivités est un poison pour le streaming et la libre concurrence, or lorsque la pratique est partagée par deux acteurs du secteur, cela donne une course à l’exclusivité aussi absurde que contre-productive à bien des égards. Imaginez que vous vous abonniez à Apple Music pour Drake et qu’une fois la période d’essai finie, vous souhaitiez écouter le nouveau Beyoncé ? Vous quittez donc Apple pour Tidal. Et ainsi de suite. En réalité, la stratégie des deux services est si semblable qu’Apple et Tidal auront du mal à cohabiter longtemps. La tentative d’Apple prend donc tout son sens.

Racheté par Jay-Z pour 56 millions de dollars, on imagine pas Apple en offrir moins alors que Tidal a connu une croissance impressionnante ces derniers mois. Toutefois, rien ne laisse aujourd’hui penser que Jay-Z et ses acolytes se laisseront convaincre par Apple…

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