Sur ses factures, Seagate prévient que ses disques durs n’ont pas voyagé par l’Égypte, la Syrie, la Somalie ou le Yémen. Une précision qui vise moins à rassurer les clients que les autorités aériennes.

Un fidèle lecteur de Numerama nous a envoyé il y a quelques jours la copie d’une facture que Seagate avait jointe au colis qui lui fut envoyé après la commande d’un disque dur directement chez le constructeur. Un détail l’interpellait et nous a également semblé curieux.

En haut du descriptif des produits achetés figure en effet une déclaration inhabituelle, qui précise que « Seagate a étudié tous les documents disponibles et a conclu que, au meilleur de nos connaissances, aucune des cargaisons présente dans ce lot d’expédition ne provient de, n’a été transféré de, ou n’a transité par le moindre point en Égypte, Syrie, Somalie ou Yémen ».

factureseagate

Aucune logique ne semblait cibler ces quatre pays là, et rien que ces pays-là. Au départ, et fortement inspirés par des scénarios à la James Bond auxquels Edward Snowden nous incite à penser, nous imaginions qu’il pouvait s’agir pour Seagate de rassurer ses clients quant à d’éventuelles interceptions de cargos par des services de renseignement, en particulier américains, qui pourraient vouloir installer des backdoors dans les disques durs de ces pays. Après tout, Seagate fait partie des marques citées par Der Spiegel lorsqu’il a révélé que la NSA piratait le firmware de disques durs. En 2015, Seagate était aussi cité par Kaspersky au sujet du malware GrayFish lié à la NSA, également caché sur des disques durs.

Mais l’on voyait mal pourquoi cibler les cargos qui passeraient par l’Égypte, la Syrie ou la Somalie, mais pas ceux qui pourraient transiter par la Libye ou l’Irak. Et surtout, si la NSA voulait installer massivement des spywares sur les disques durs (ce qui à notre connaissance n’est pas le cas), il serait beaucoup plus efficace de le faire au niveau des usines plutôt que dans les ports ou les aéroports.

La crainte d’attentats

Contacté, Seagate nous explique qu’en réalité, il répond à une demande des autorités de sûreté aérienne américaines, qui craignent que les cargos puissent être interceptés pour y installer des bombes susceptibles d’exploser en plein vol. « Plus tôt dans l’année, plusieurs de nos transitaires nous ont fait savoir que la Transportation Security Administration (TSA) imposait une nouvelle condition aux transitaires, pour attester que les biens n’ont pas pour origine ou ne transitent pas par l’un de ces pays », nous explique Helen Farrier-Rampton, directrice de la communication de Seagate.

« Les transitaires nous ont indiqué qu’elles ne prendraient plus le moindre fret aérien de la part de Seagate sans cette déclaration sur nos factures, si les biens ont soit pour destination les USA, soit volent sur des compagnies aériennes américaines ».

La déclaration n’est donc pas spécifique à Seagate, et c’est la TSA qui a fixé la liste des quatre pays en cause.

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