Un jeune pakistanais a été condamné à mort pour un commentaire jugé blasphématoire sur Facebook. Le premier ministre du pays a déclaré qu’il s’agit d’une « insulte impardonnable ».

Au Pakistan, l’un des principaux combats du gouvernement sur les réseaux sociaux consiste à chasser activement les blasphèmes. Pour la ligue musulmane du Pakistan, au pouvoir — pour la deuxième fois — depuis 2013, ces blasphémateurs en ligne doivent être lourdement sanctionnés.

Bahawalpur, Pakistan
CC. junaidrao

Bahawalpur, Pakistan
CC. junaidrao

Défendant cette politique depuis quelques années, le gouvernement a notamment réussi à mettre Facebook dans une position délicate : la firme américaine a annoncé en mars dernier déployer une équipe pakistanaise pour aider le gouvernement à supprimer le contenu blasphématoire. Facebook ajoutait alors qu’il veillerait à protéger les droits et la confidentialité de ses utilisateurs pakistanais.

Une peine de mort pour des propos tenus sur Facebok

Aujourd’hui, la presse locale met en lumière un terrible jugement rendu par un jury pakistanais : à cause d’un blasphème sur Facebook, un trentenaire a été condamné à la peine de mort. Pour Nawaz Sharif, premier ministre et leader de la ligue musulmane, le jeune homme s’est rendu couple d’une « impardonnable insulte ».

Le trentenaire était entendu par une cour anti-terroriste de Bahawalpur, hors du système judiciaire classique. Son avocat a expliqué que son client débattait sur la religion avec un internaute — qui était en fait un agent gouvernemental en filature numérique — lorsqu’il a posté le blasphème qui lui est reproché. Il s’en serait pris au Prophète et à sa famille, selon la BBC.

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Condamné à mort pour ces commentaires, le jeune Raza pourra toutefois faire appel. Mais la loi pakistanaise contre le blasphème est particulièrement dure, rendant la défense du condamné ardue. Amnesty International s’est d’ailleurs élevé contre cette loi abusive et contraire aux droits de l’homme en 2016.

Dans ce pays voisin de l’Inde, la relation entre Facebook et les autorités n’a jamais été simple. Peu sensible aux libertés publiques, les prédécesseurs de Sharif avaient décidé, il y a sept ans, de couper Facebook à cause d’un concours de dessins visant à représenter le Prophète. Depuis, la firme américaine tente de trouver des compromis avec le pouvoir en place, notamment avec ses équipes anti-blasphèmes.

Toutefois, aujourd’hui, Facebook semble pris dans la tourmente à ses dépens. Contactée par Numerama, l’entreprise explique suivre les demandes faites par le gouvernement dans la mesure de leur légalité sur le territoire, sans toutefois livrer de données sur l’identité des blasphémateurs, nous précise une porte-parole française.

En fin d’après-midi, la firme a également souhaité adresser le communiqué suivant : « Nous sommes profondément attristés et préoccupés par la peine de mort décidée pour un poste Facebook au Pakistan. Facebook utilise des systèmes performants pour garder les informations de ses utilisateurs en sécurité et garder leur compte fiable, nous ne fournissons pas, à aucun gouvernement, un accès direct aux données de nos utilisateurs. Nous continuerons de protéger notre communauté des interventions gouvernementales inutiles et abusives. »


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