Jusqu’à présent, la réalité virtuelle a souvent été observée à travers le prisme du divertissement. Depuis le milieu des années 2010, il a ainsi été beaucoup question de jeux vidéo censés être plus immersifs grâce à ces casques qui donnent l’impression d’être dans la partie : où que l’on oriente notre tête, le jeu ajuste l’affichage et montre l’environnement qui est censé être autour.
Mais la réalité virtuelle a aussi un versant médical, moins connu. En 2016, un patient a été opéré à Angers pour une tumeur au cerveau. Le patient portait alors un casque de réalité virtuelle, permettant au neurochirurgien de cartographier plus finement le cortex avant l’intervention. Des développements en matière de troubles neurologiques, de rééducation ou d’accompagnement psychologique ont aussi été relevés.
De la VR pour évaluer si les séniors restent alertes sur la route
C’est justement dans ce cadre que la réalité virtuelle refait parler d’elle. L’agence de presse Yonhap News signale dans son édition du 29 novembre que la police nationale sud-coréenne soutient un programme qui consiste à faire passer des tests aux personnes âgées pour vérifier si elles sont toujours aptes à prendre le volant ou si leur état de santé est trop dégradé pour continuer à conduire.
La réflexion de la Korean National Police Agency (KNPA) est alimentée par un double constat. D’abord, les accidents de circulation impliquant des conducteurs ayant plus de 65 ans sont statistiquement plus nombreux qu’avec des personnes deux fois moins âgées. Ensuite, la pyramide des âges en Corée évolue rapidement et il y a, de fait, de plus en plus de séniors qui se retrouvent sur la route.
The Next Web, qui reprend la dépêche de Yonhap News, indique que le dispositif soutenu par la KNPA entre dans une phase d’essai de trois ans pour évaluer le rôle que peut avoir la réalité virtuelle dans l’évaluation des capacités cognitives et de conduite des personnes âgées. Il existe des recherches sur le sujet, comme cette publication.
À l’issue de cette séquence de trois ans, des règles pourraient être implémentées dans le droit coréen en 2025, pour exiger une visite médicale avec des examens mobilisant la réalité virtuelle. Cette vérification peut se comprendre : l’âge émousse les réflexes, la vue baisse, l’ouïe est moins fine, la fatigue peut gagner plus rapidement les organismes, et ainsi de suite.
L’idée qui a émergé en Corée du Sud et qui s’apprête à franchir un palier pourrait à terme faire des émules à l’étranger. Le vieillissement de la population soulève des questions identiques partout ailleurs, y compris en France : à titre d’exemple, des parlementaires ont parfois suggéré de faire passer une visite médicale après 70 ans. Une proposition de loi avait été déposée en ce sens en 2019.
Ces réflexions n’ont pour l’instant pas débouché sur quoi que ce soit de concret. Les sondages montrent toutefois que la population approuve globalement la nécessité de vérifier périodiquement la forme des séniors qui détiennent un permis de conduire. Une telle mesure risque toutefois d’être impopulaire auprès de ce public, qui pourrait le faire comprendre par les urnes.
Des visites médicales peuvent être requises en cas de condition particulière, pointent les services du ministère de l’Intérieur. Cela concerne à la fois l’examen du permis, mais aussi pour les automobilistes ayant déjà reçu le sésame. Ce peut-être une maladie considérée comme incompatible ou pour des cas de figure très spécifiques. Ces aménagements ne sont pas liés spécifiquement à l’âge.
Reste toutefois une autre réalité, pas virtuelle cette fois : quand émergera la conduite vraiment autonome, cette problématique devrait disparaître d’elle-même.
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