Le Conseil national de la sécurité des transports américain a nommé un autre responsable du crash ayant tué le propriétaire d’un Tesla Model X qui roulait avec l’Autopilote activé : Apple. La raison évoquée est absurde.

Les entreprises sont-elles dans l’obligation de dire à leurs employés de ne pas se laisser distraire au volant ? C’est l’enseignement — plutôt ridicule — que l’on peut tirer des conclusions émises par le NTSB (National Transportation Safety Board) à partir d’une longue enquête sur un accident mortel impliquant un Model X survenu en 2018. D’après un article de Reuters publié le 25 février, le Conseil national de la sécurité des transports rejette en partie la responsabilité sur Tesla et son Autopilote. Mais il a également trouvé un autre coupable étonnant : Apple (et les constructeurs de smartphone en général).

D’après les données de l’enquête, la victime du crash était en train de jouer sur son iPhone au moment des faits, profitant du fait que son Model X avait l’Autopilote actif pour vaquer à une autre occupation. Nul ne saurait dire si l’attention du conducteur était effectivement portée sur son smartphone quand sa voiture a violemment percuté une barrière avant de prendre feu. Cependant, le NTSB estime qu’Apple devrait mettre en place une politique décourageant la distraction au volant.

Autopilote Tesla // Source : Capture du 1er mars 2019

Autopilote Tesla

Source : Capture du 1er mars 2019

Le NTSB cible aussi Apple dans un crash mortel d’une voiture Tesla

Par cette position, le NTSB sous-entend que les conducteurs s’apparentent à des individus à la responsabilité limitée, à qui il faudrait sans cesse rappeler les comportements à suivre pour ne pas mettre leur vie — et celle des autres — en danger. Elle est difficile à entendre, puisque l’acte de conduire implique un apprentissage articulé autour d’un code de la route à assimiler et de leçons pratiques à suivre. Ces étapes nécessaires sont normalement pensées pour apprendre le sens des responsabilités aux conducteurs. Pour une entreprise extérieure, les rappeler n’est en aucun cas un devoir — même si elles sont libres de développer des outils qui vont dans le sens de plus de prévention routière —, et dire à ses employés comment conduire n’est pas son rôle.

Dans sa propre investigation, rejetée par le NTSB, Tesla avait indiqué que la victime n’avait pas ses mains sur le volant au moment de la collision, suggérant qu’elle avait ignoré les avertissements l’invitant à les remettre. Pour le NTSB, l’accident est dû « aux limitations du système et au manque d’attention du conducteur, probablement en raison d’une distraction liée à une application smartphone et à une confiance excessive accordée à l’Autopilote. » L’état de la barrière de sécurité, endommagée à l’époque de l’accident, est également en cause. 

Derrière cette mise au pilori de Tesla (et d’Apple), il y a surtout un combat mené par le NTSB à l’encontre des aides comparables à de la conduite semi-autonome. « Il est temps d’arrêter d’autoriser les conducteurs à profiter de véhicules partiellement autonomes et de prétendre qu’ils ont des voitures autonomes. Car il n’y a pas de voiture autonome », clame le président Robert Sumwalt. À ses yeux, les technologies développées par Tesla ne sont pas suffisamment préventives et devraient être accompagnées de mesures de protection accrues (lire : des alertes plus efficaces). « Les voitures semi-autonomes peuvent rendre les gens trop confiants… », ajoute-t-il, alertant sur la dangerosité de ces systèmes trop évolués pour être maîtrisés.

En froid avec le NTSB, Tesla s’est toujours défendu en disant que les utilisateurs doivent rester vigilants en toutes circonstances, au cas où il faudrait reprendre le contrôle. L’agence NHTSA, chargée de la sécurité routière et de la régulation des voitures aux États-Unis, estime pour sa part que les véhicules motorisés « requièrent que les conducteurs humains doivent être en contrôle tout le temps ». En Europe, les autorités ont forcé Tesla à réduire l’efficacité de l’Autopilote.

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