Rivian n’a pas encore prouvé que la marque pouvait devenir un solide concurrent à Tesla. L’entreprise est même toujours en quête de rentabilité. Néanmoins, son conseil d’administration agit déjà comme si c’était le cas et, à l’image de Tesla, espère garder son patron mobilisé grâce à la promesse d’une méga-rémunération à la clé.
Selon un article de Reuters du 8 novembre, la marque californienne vient de valider un nouveau plan de rémunération pour RJ Scaringe, son PDG et fondateur, pouvant atteindre jusqu’à 4,6 milliards de dollars sur dix ans. Ce programme, jugé plus réaliste que le précédent, fixe des objectifs de valorisation plus modestes et de nouveaux critères de rentabilité. Cela offre malgré tout un potentiel gain digne des plus grands patrons de la Silicon Valley.
Un plan de rémunération ambitieux
Rivian a dû revoir sa copie pour coller à un objectif plus vraisemblable. Le conseil d’administration a cependant offert à RJ Scaringe un plan de rémunération pouvant atteindre 4,6 milliards de dollars sur dix ans. Une somme vertigineuse pour une entreprise qui peine encore à atteindre la rentabilité. La situation financière de Rivian a beau s’être améliorée en 2025, le constructeur reste déficitaire et la fin du crédit d’impôt de 7 500 $ sur les véhicules électriques risque de plomber les objectifs de la marque.
Le nouveau dispositif repose sur des paliers de valorisation boursière revus à la baisse : entre 40 et 140 dollars l’action, contre 110 à 295 dollars dans le plan précédent. Ce précédent objectif a été jugé irréaliste, au vu de la chute du titre, autour de 15 dollars actuellement. Le patron recevra aussi des primes liées à des objectifs d’exploitation et de trésorerie, censés rapprocher la société d’une trajectoire plus soutenable.
Le conseil d’administration compte surtout sur cette proposition pour retenir RJ Scaringe dans un moment charnière : Rivian vient de licencier 600 employés et doit préparer le lancement de son modèle R2, censé concurrencer le Tesla Model Y. La marque mise sur lui pour incarner la confiance, malgré une trésorerie sous tension et un contexte de marché de plus en plus brutal. Un changement de direction dans les prochains mois pourrait menacer l’équilibre, comme c’est le cas chez un autre concurrent américain, Lucid Motors.
Faire comme Tesla, sans être Tesla
Impossible de ne pas y voir une inspiration directe du modèle Tesla. Le plan imaginé pour Elon Musk en 2018, annulé puis validé de nouveau cette année, a ouvert la voie à une nouvelle ère de rémunérations à très haut risque, où les dirigeants deviennent millionnaires ou quittent le navire. Rivian adopte la même logique de pari géant : récompenser massivement la réussite, quitte à ne rien offrir en cas d’échec.
La comparaison s’arrête toutefois aux chiffres. Elon Musk détient plus de 13 % de Tesla et sa rémunération repose sur des paliers astronomiques que peu jugent atteignables pour justifier les 1 000 milliards de dollars promis en rémunération (via actions). RJ Scaringe, lui, n’a que 2 % du capital et vise une valorisation bien plus modeste. Mais la philosophie est la même : convaincre les investisseurs que le destin de l’entreprise repose sur un seul homme. C’est un pari risqué pour un constructeur encore fragile, dont les ventes restent loin de ses ambitions initiales.
Elon Musk a réussi à construire un empire autour de sa personnalité, avec tous les avantages et problèmes que cela comporte en cas de dérapage, Tesla en est justement le parfait exemple. Rivian et d’autres entreprises doivent-elles vraiment s’inspirer d’un modèle qui érige leur patron en figure de culte ? Une belle carotte pour les dirigeants, mais avant de rêver à ces milliards, RJ Scaringe devra déjà sauver son entreprise à court terme et c’est loin d’être gagné.
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