Le projet de kei car à l’européenne a-t-il déjà pris du plomb dans l’aile ? C’est l’impression que j’en ai, après avoir assisté à la journée de la filière automobile du 4 novembre. C’était l’occasion d’écouter plusieurs patrons de l’industrie (Renault, Stellantis, Mercedes, Valeo…) ainsi que des personnalités politiques. Parmi les nombreux sujets abordés en fil rouge de la journée – comme l’échéance de 2035 –, la « e-car européenne » est probablement celui qui m’interroge le plus.
Si, comme moi, vous pensiez que l’idée consistait à promouvoir de petits véhicules électriques distincts de la gamme actuelle, vous faites fausse route : ce n’est pas (ou plus) ce que souhaitent les constructeurs. Et, le seul point à retenir à ce stade, c’est que personne ne parle de la même chose. Autant dire que la suite promet d’être sport.
Il va pourtant falloir se mettre d’accord
Entre le discours d’Ursula von der Leyen, le 10 septembre, et celui des constructeurs, le 4 novembre, on peine à croire qu’il s’agit toujours du même sujet. La présidente de la Commission européenne est prête à assouplir les règles pour favoriser une voiture électrique « propre, légère, efficace et abordable », et fabriquée en Europe. Mais les constructeurs, eux, visent plus haut : pas question de « sous-voitures », comme l’a clamé François Provost (patron de Renault). C’est le jeu de la négociation, me direz-vous, demander le maximum afin d’avoir une marge de manœuvre pour le compromis.
Il devient urgent de définir ce que doit être cette fameuse « e-car européenne » que Bruxelles veut encourager. Le vice-président de la Commission européenne, Stéphane Séjourné, a indiqué en fin de journée de la filière automobile que ce sujet fera partie d’un lot d’annonces prévu pour le 10 décembre.

Un portrait-robot particulièrement vague
Renault et Stellantis s’accordent tout de même sur un point : il n’est pas question de créer une catégorie intermédiaire entre les quadricycles lourds et la voiture particulière. Les deux groupes souhaitent une vraie voiture (catégorie M1). Un paradoxe : Dacia a pourtant présenté le concept Hipster, à mi-chemin entre ces catégories. Un jeu du « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais » qui amplifie la confusion.
François Provost, chez Renault, a été le plus explicite lors de sa prise de parole. Il souhaite étendre cette démarche à des modèles compacts (jusqu’à 4,20 mètres), englobant même les R5 et R4. Conscient qu’il sera compliqué de « décortiquer chaque réglementation existante », il privilégie plutôt le gel de la réglementation pendant 10 à 15 ans, le temps d’optimiser les coûts sur ces véhicules. Il parle aussi de véhicules avec des batteries de 50 à 60 kWh max. On est décidément de plus en plus éloignés de l’esprit micro-voiture.

Du côté de Stellantis, le spectre est plus restreint : budget de 15 000 €, batterie de 40 kWh maximum, dimensionnement minimal, chasse au poids et aux coûts. Le groupe appelle aussi à revoir certaines obligations jugées superflues, comme le détecteur d’endormissement, peu utile sur une petite citadine.
Deux groupes automobiles, deux visions. On imagine sans peine que Volkswagen défendra la sienne, selon ses intérêts du moment ou de manière à gêner ses concurrents. L’Europe aura fort à faire pour concilier les exigences des constructeurs et attirer les consommateurs en nombre.
Reste également à savoir par quels moyens l’Europe va pouvoir rendre la proposition attractive. Renault espère des réductions de TVA et d’autres avantages à l’usage, mais cela semble plutôt dépendre de la politique locale que du cadre européen. Vous l’aurez compris, pour l’instant, le mystère reste entier.
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