Quand Luca de Meo dit blanc, Carlos Tavares répond noir. Et, quand bien même le patron du groupe Renault viendrait à changer d’avis pour se ranger du côté du noir, le patron de Stellantis serait alors dans le clan du blanc. Ce drôle de tango dans lequel ces deux patrons se sont engagés ne manque jamais de piquant. Mais il faut quand même s’interroger sur le vrai du faux derrière ces déclarations tonitruantes.
Leurs prises de positions diamétralement opposées concernent en ce moment l’échéance de 2025 pour l’application de la réglementation CAFE. Le sujet a déjà été abordé dans plusieurs de mes précédentes newsletters, mais je vous rappelle le contexte : de nouveaux planchers d’émissions de CO2, plus drastiques, doivent s’appliquer dès l’année prochaine. Or, certains constructeurs ne sont pas encore dans les clous pour échapper à des sanctions financières particulièrement lourdes (plusieurs milliards d’euros). Luca de Meo, avec sa casquette de président de l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA), a demandé un peu de souplesse à l’Europe, sans succès.
Pas de pitié pour les mauvais élèves
Alors que Luca de Meo voulait négocier un délai supplémentaire afin que tous les constructeurs se mettent en conformité, malgré le contexte défavorable du marché, Carlos Tavares s’est opposé à cette idée. « Il serait surréaliste de changer les règles maintenant », a déclaré le patron de Stellantis à l’AFP le 15 septembre. Il a précisé : « Les règles sont connues depuis longtemps, chacun a eu le temps de se préparer, et désormais, la course est lancée. »
En mai dernier, Carlos Tavares a annoncé sur le plateau de France 2 que seuls 5 groupes automobiles devraient survivre d’ici à 10 ans. Inutile de préciser que le chef d’entreprise n’est pas là pour faire dans le sentiment. Si la réglementation CAFE et ses lourdes amendes peuvent rapidement le débarrasser de concurrents tels que Volkswagen et Renault, cela jouerait probablement en sa faveur.
Carlos Tavares n’a pas tort de vouloir respecter les échéances prévues de longue date. Il a mis la pression pour que son groupe soit prêt à temps, il doit cependant faire attention à ne pas mettre la charrue avant les bœufs. En plus, il reste surprenant que ce soit Carlos Tavares qui tienne ce discours.
Le virage à 180° de Carlos Tavares
Le patron du groupe Stellantis est bien connu pour ses prises de position contre l’Europe et la voiture électrique. Il a été le premier à vilipender le calendrier imposé par l’UE et le choix de la technologie, alors que les autres constructeurs se sont mis au boulot pour rattraper le retard pris sur la Chine.
Comme le souligne un article des Échos, il dit désormais à qui veut l’entendre : « Si vous roulez dans un de nos véhicules électriques, vous tomberez d’accord avec moi : ce sont de meilleures voitures, en termes de dynamique, de silence, bref, en tous points. » C’est un sacré retournement en quelques années. Tant mieux, diront les amateurs de voitures électriques, au moins il cesse de mettre des bâtons dans les roues des VE. Si vous voulez mon avis, il est encore trop tôt pour l’intégrer dans le camp des alliés à la cause. Il est toujours prudent de se méfier de ceux qui changent de position en fonction du sens du vent.
Chacun son camp : travail d’équipe ou solo
Alors que Luca de Meo, avec son double rôle de patron du groupe Renault et de président de l’ACEA, a essayé de jouer en équipe et de miser sur la solidarité entre les constructeurs, Carlos Tavares choisit de faire cavalier seul. Quitte à se retrouver seul contre tous. Je ne suis pas certaine que la stratégie consistant à se mettre tous les concurrents à dos soit la plus durable. Même les constructeurs chinois savent enterrer la hache de guerre quand l’intérêt du groupe prime sur la réussite individuelle. Il ne faudra pas venir se plaindre plus tard.
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