Twitter a 300 millions d’utilisateurs et utilisatrices actives par mois, pour seulement 1 867 modérateurs dans le monde. Cette disproportion a été révélée par BFM TV, qui s’est procuré les chiffres que la plateforme a elle-même communiqués au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) en septembre dernier. « Nous avons récemment doublé le nombre de personnes chargées de faire respecter nos règles. Chez Twitter, 1 867 personnes se consacrent exclusivement à l’application de nos politiques et à la modération des contenus. Ce chiffre représente plus d’un tiers de l’ensemble de nos effectifs mondiaux », peut-on lire.
Chaque jour, des « centaines de millions de tweets » sont envoyés sur la plateforme à travers le monde. Il n’est pas possible de savoir combien de modérateurs Twitter alloue en particulier à la France — mais au vu du faible nombre total, il est certain que ce nombre est encore bien plus bas pour l’hexagone.
Twitter en est persuadé, la modération par algorithme est la seule manière de lutter contre les contenus haineux ou problématiques : « Nous ne résoudrons pas le défi de la modération à grande échelle avec uniquement plus de moyens humains », peut-on lire dans ses réponses. « Nous avons constaté que nous sommes beaucoup plus efficaces dans la lutte contre les contenus préjudiciables en utilisant davantage la technologie et en augmentant proportionnellement nos équipes. »
L’une des raisons invoquées en filigrane est la dureté des images et contenus auxquelles les modérateurs et modératrices sont exposées : il serait plus « humain » selon Twitter de ne pas leur infliger ce travail. Sur ce point, il serait difficile de contredire la plateforme, tant les enquêtes et reportages médiatiques ont montré, depuis des années, la dureté du métier de modérateur en ligne, des « petites mains » invisibles du web qui sont exposées en première ligne au pire de la violence humaine.
La modération par algorithmes est imparfaite
Le très petit nombre de moyens humains alloués à la modération peut toutefois soulever quelques interrogations, surtout deux mois après les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen concernant un autre réseau social, bien plus peuplé, Facebook. On y apprenait notamment les limites de la modération algorithmique dans de nombreuses langues qui ne sont pas l’anglais.
« Le système de modération de Twitter fonctionne, qu’on le veuille ou non », a avancé, Karim Beylouni, l’avocat de Twitter, devant la cour d’appel de Paris le 9 décembre 2021 (audience à laquelle a assisté l’AFP). Quelques mois plus tôt, la justice française avait ordonné à Twitter de donner « tout document administratif, contractuel, technique ou commercial relatif aux moyens matériels et humains mis en œuvre dans le cadre du service Twitter pour lutter contre la diffusion des infractions d’apologie de crimes contre l’humanité, l’incitation à la haine raciale, à la haine à l’égard de personnes [en] raison de leur sexe, de leur orientation ou identité sexuelle, l’incitation à la violence, notamment l’incitation aux violences sexuelles et sexistes, ainsi que [l]es atteintes à la dignité humaine.»
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