Le fondateur de l’Ether, la 2e cryptomonnaie du monde, dénonce la manière dont le Salvador a opéré sa transition bitcoin à marche forcée. Selon Vitalik Buterin, beaucoup de personnes courent le risque de se faire arnaquer, car elles n’ont pas été suffisamment informées sur les cryptomonnaies.

Il n’y pas que les instances financières traditionnelles qui critiquent la nouvelle loi bitcoin du Salvador. Dans une publication sur Reddit le 8 octobre, le créateur de l’Ethereum, Vitalik Buterin, a vivement dénoncé la manière dont le Salvador a fait du bitcoin une monnaie légale dans le pays. Cela peut sembler peu fair-play de la part de Vitalik Buterin d’étriller un projet qui est basé sur une [autolink post="1249810"]cryptomonnaie[/autolink] directement concurrente de la sienne. Mais les critiques qu’il émet ne sont pas dénuées de fondement.

« Obliger les entreprises à accepter une cryptomonnaie spécifique est contraire aux idéaux de liberté qui sont supposés être si importants dans la sphère crypto  », pointe ainsi Vitalik Buterin. Le fait est que, même si le président salvadorien Nayib Bukele a beaucoup rappelé que les citoyens auraient le droit d’utiliser ou non le bitcoin, ce n’est pas le cas des entreprises. « Tout agent économique doit accepter le bitcoin lorsqu’il est proposé comme mode de paiement, par quiconque achète un bien ou un service », précise la loi bitcoin approuvée par le Salvador.

Le fondateur de l'Ethereum Vitalik Buterin pendant la TechCrunch Disrupt de 2015 // Source : TechCrunch / Flickr

Le fondateur de l'Ethereum Vitalik Buterin pendant la TechCrunch Disrupt de 2015

Source : TechCrunch / Flickr

Un cadre qui n’offre pas assez de liberté

Des exceptions sont, pour l’heure, prévues pour les entreprises qui « de manière évidente, n’ont pas accès aux technologies qui leur permettraient d’accepter des transactions en bitcoin  ». Dans certaines zones du pays, note Reuters, la couverture internet est par exemple très aléatoire. Les autorités salvadoriennes ont cependant clairement affiché leur volonté qu’à terme, le bitcoin soit accepté partout. « L’État mettra à disposition la formation et les mécanismes nécessaires pour que la population puisse accéder au bitcoin  », précise ainsi le texte de la loi bitcoin.

L’autre point dénoncé par Vitalik Buterin est le manque de pédagogie dont a fait preuve le Salvador, lors de sa transition bitcoin. « Pousser l’utilisation du bitcoin à des millions de personnes au Salvador simultanément, sans avoir tenté de les former à ce sujet est imprudent. Cela expose beaucoup de personnes au risque de se faire hacker ou arnaquer  », alerte Vitalik Buterin.

Les Salvadoriens n’ont pas été formés au bitcoin

Le créateur de l’Ethereum marque, là encore, un point : la manière dont la transition bitcoin a été opérée par Nayib Bukele, au Salvador, est pour le moins précipitée. Trois mois à peine se sont écoulés entre le vote de la loi et son entrée en vigueur en septembre. Résultat, dans un sondage réalisé cet été, 45 % des Salvadoriens questionnés disaient ne « rien connaître » au bitcoin et à son fonctionnement.

Le président du Salvador espère que le bitcoin attirera les investissements, participera à une meilleure inclusion de la population dans le système économique (70 % des habitantes et habitants n’ont pas de compte bancaire) et aidera à réduire les frais des transferts d’argents de l’étranger. Il faut l’espérer, mais le pari n’en demeure pas moins très risqué. Des personnes ou des entreprises ayant beaucoup misé sur le bitcoin pourraient ainsi se retrouver dans des situations difficiles, si le cours volatil de cette cryptomonnaie plonge.

Comme nous vous l’expliquions récemment, le bitcoin affectera par ailleurs l’économie du pays dans son ensemble. Même les citoyens et citoyennes qui décideraient de ne pas l’utiliser seraient donc indirectement affectés et affectées par la loi bitcoin que leur pays a votée.


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