Le vendredi 10 octobre, le bitcoin a finalement explosé en plein vol. Son prix unitaire a soudainement plongé, perdant près de 15 % de sa valeur en seulement 24 heures, le ramenant à 105 000 dollars –– et ce n’est rien comparé au reste du marché. Comment expliquer un tel mouvement et quel est la suite pour Bitcoin ? On fait le point sur ce Krach historique du Bitcoin qui a coûté cher à nombre d’investisseurs surexposés.
Un krach bitcoin sur fond de guerre commerciale entre Trump et la Chine
Il faut bien accepter qu’aujourd’hui, le bitcoin n’est plus la monnaie cypher complètement hors système. Tout comme le marché boursier, le Bitcoin (et le reste du marché) est particulièrement sensible aux politiques macroéconomiques américaines. Et ce week-end, Donald Trump a fourni le déclencheur (ou du moins le carburant) qu’il fallait pour déclencher une liquidation record sur la reine des cryptomonnaies.
Dans une annonce surprise via X (et sur son réseau social Truth social) , Trump a déclaré qu’il imposerait un tarif de 100 % sur les importations de « logiciels critiques » en provenance de Chine, avec des contrôles d’exportation renforcés sur certains produits technologiques. Autrement dit : chaque fois que la Chine exporte un logiciel technologique — qu’il s’agisse d’outils de cybersécurité, de systèmes embarqués pour le matériel informatique, de plateformes capables de gérer ou de transférer de grandes quantités de données sensibles — Washington pourrait désormais appliquer une taxe douanière massive.
Tout le marché a été secoué, mais pourquoi cela secoue autant les cryptos ?
La Chine, malgré son interdiction officielle du minage en 2021 reste un acteur majeur de l’écosystème crypto. D’un côté, le pays bannit le minage sur son territoire, de l’autre, il continue d’alimenter la planète entière en matériel indispensable à l’industrie. Les puces ASIC, les serveurs spécialisés, les cartes graphiques sortent toujours massivement des usines chinoises — et sont même largement utilisé sur le territoire.
Ainsi, chaque fois que Washington durcit le ton vis-à-vis de Pékin, le marché des cryptos en subit directement les répercussions. D’autant plus depuis l’investiture de Trump, qui a fait des cryptomonnaies un levier politique. Désormais, le bitcoin est à la merci des États-Unis : une déclaration en faveur de l’industrie peut déclencher une vague d’achats. À l’inverse, une annonce agressive sur le commerce ou la technologie peut balayer des milliards en capitalisation, comme ces derniers jours l’ont bien illustré.
Une liquidation record
Si l’annonce politique déclenche le mouvement, c’est bien le mécanisme des liquidations forcées qui a transformé la correction en cataclysme. Le marché des cryptomonnaies est aujourd’hui moins volatil qu’à ses débuts : le Bitcoin n’oscille plus de 40 % en une journée comme en 2017. Pour les traders avides de gains rapides les profits sont évidemment moins immédiats.
C’est là qu’entrent en scène les positions à effet de levier. Prenons un exemple simple avec un levier x10. Un investisseur engage 1 000 € : en réalité, il prend une position comme s’il en possédait 10 000. Si le Bitcoin monte de 10 %, le gain est de 1 000 € (10 % de 10 000), ce qui double quasiment son capital initial. Mais l’effet inverse est tout aussi violent : si le Bitcoin perd 10 %, sa position est liquidée et il perd la totalité de sa mise.
Les plus grandes plateformes proposent aujourd’hui ces produits dérivés à leurs clients : Binance, OKX, Bybit ou encore BitMEX permettent de prendre position sur le Bitcoin avec un levier allant de x2 jusqu’à x100. Autrement dit, n’importe quel investisseur, même sans expérience particulière, peut en quelques clics se lancer dans des paris hautement spéculatifs et perdre l’entièreté de son investissement. Ce mécanisme explique l’effet domino du week-end. Des milliers de traders particuliers, mais aussi des fonds plus structurés, s’étaient exposés à la hausse en pariant sur la poursuite du rallye. Quand le Bitcoin a commencé à décrocher, leurs positions à levier se sont retrouvées sous pression. Les plus exposées ont été fermées de force pour couvrir les pertes, ce qui augmente encore la pression vendeuse sur le marché et fait par conséquent baisser la valeur de bitcoin avec un choc de ventes.
En quelques heures, plus de 19 milliards de dollars s’évaporent, un record absolu pour l’industrie. À titre de comparaison, lors du naufrage de FTX en 2022, l’une des plus grandes crises de l’histoire des cryptos, le volume de liquidations avait été de « seulement » 1,6 milliard.
Quelle suite pour Bitcoin ?
Impossible de prédire l’évolution avec certitude. L’histoire récente montre cependant que les krachs parfois la voie à des cycles prolongés de baisse, en alimentant ce fameux FUD — la peur, l’incertitude et le doute. En 2021 déjà, après une euphorie où le Bitcoin paraissait intouchable, la chute de FTX et la sortie du Covid avaient fini par précipiter l’entrée en bear market.
Si la panique devait s’installer cette fois encore, le marché chercherait sans doute à se stabiliser sur un point d’équilibre, un « plancher » où souffler avant de repartir. Pour l’heure, le Bitcoin a déjà regagné une partie du terrain perdu, revenant autour de 115 000 dollars (100 000 €). La vraie question est de savoir si cette reprise marquera le début d’une nouvelle jambe haussière, ou au contraire, si le mouvement baissier se prolongera vers de nouveaux creux. Pour l’heure, le Bitcoin reste suspendu aux futures déclarations et aux tweets de Donald Trump.
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