Le soir du 23 septembre 2021, sur BFMTV, Jean-Luc Mélechon et Éric Zemmour débattaient d’immigration et d’environnement. Mais il n’y avait pas que sur la chaine d’information en continu que l’on pouvait assister au débat : sur Twitch, la chaîne du journaliste Hugo Travers, plus connu sous le nom d’Hugo Décrypte, diffusait au même moment le débat entre les deux hommes. Pendant que les altercations s’enchainaient, Hugo Travers commentait leurs propos, devant un chat actif et plus de 13 000 spectateurs.
Seulement, les images diffusées sur sa chaîne Twitch n’étaient pas celles d’Hugo Décrypte, mais celles de BFMTV. Et cela n’a pas plu à la chaîne. À peu près à la moitié de l’émission, le flux de la chaîne s’est arrêté, et Hugo Travers a été banni de Twitch, et ce pour 48 heures.
Une question de droits d’auteur
Comment peut-on être banni pour avoir rediffusé une émission de télé ? Les règles de Twitch sont très strictes concernant ce qu’un streameur a le droit de diffuser lors d’une émission. « Si vous n’avez pas reçu d’autorisation explicite pour l’utilisation de ce contenu de la part des propriétaires des droits, vous risquez de recevoir une notification de retrait DMCA. Cela comprend de la musique, de l’art, des diffusions sportives, des émissions de télé ou tout autre contenu soumis à des droits d’auteur », peut-on lire dans les conditions d’utilisation de Twitch. Une autorisation qu’Hugo Travers n’avait pas.
Que ce soit donc en termes de musique, de fond sonore, d’extrait de film, ou même de transmission en direct d’émission de télévision, les streameurs n’ont pas beaucoup de marche de manoeuvre — ce dont ils se plaignent de plus en plus. Et Hugo Décrypte n’a pas pu échapper à la règle, malgré l’aspect éducatif de son live : « Nous notre but était d’expliquer des éléments du débat, et apporter de la nuance. C’était un débat très attendu, et on voulait accompagner nos spectateurs. Mais c’est vrai que BFM est dans son bon droit, et du coup, de notre côté, la sanction est aussi justifiée.»
Quelle place pour Twitch en 2022 ?
Plus largement, quelle place les restrictions de Twitch en termes de droit d’auteur laissent-elles aux streameurs politiques ? Est-ce que les formats « réactions », très populaires sur Twitch pourront perdurer ? Alors que les élections de 2022 arrivent et que le nombre de débats et d’interventions politiques ne va faire qu’augmenter, la question des droits de diffusion sur Twitch pourrait devenir un enjeu central. Pour réussir à parler aux jeunes, les candidates et candidates choisiront-ils de passer directement par Twitch, plutôt que par les chaînes traditionnelles ?
Pour l’instant, il n’en est pas encore question. Surtout qu’Hugo Décrypte essaie de s’entendre avec BFMTV. « Je les ai contactés, en espérant pouvoir trouver un accord avec eux. Je n’ai pas encore eu de nouvelles depuis, mais avec la présidentielle qui arrive, ça serait vraiment intéressant d’avoir un partenariat avec toutes les chaînes », explique-t-il.
Un autre problème soulevé par le bannissement de la chaîne d’Hugo Décrypte est celui du respect des droits d’auteurs à la télévision. BFM avait ainsi en 2019 rediffusé en direct sur sa chaîne l’interview d’Emmanuel Macron et d’Hugos Travers, également diffusée sur sa chaîne Youtube, et n’avait jamais été inquiétée. Deux poids, deux mesures ? Il est en tout cas certain que les rapports de force ne sont toujours pas les mêmes entre les canaux de diffusion, entre acteurs traditionnels et nouveaux entrants sur le web. Le respect des droits d’auteur est très encadré sur Twitch : la télévision pourrait peut-être s’inspirer de leur exemple ?
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !