Rappelez-vous : en septembre 2019, Facebook annonçait le plus ambitieux de ses projets pour la réalité virtuelle, nommé Horizon. L’entreprise le présentait ni plus ni moins comme un monde alternatif en réalité virtuelle, pilier d’un « metaverse » selon le terme de science-fiction emprunté par Mark Zuckerberg. Pour alimenter cet univers, le géant de la tech comptait mettre à disposition des kits de développement à destination des utilisateurs, comme l’ont fait auparavant les jeux Second Life, Roblox, ou Minecraft.
Près de deux ans après cette annonce grandiloquente, la première pierre du projet, Horizon Workrooms, passe en bêta ouverte. Autrement dit, n’importe quelle personne propriétaire d’un Occulus Quest 2 (sorti en octobre 2020) peut télécharger l’app et l’essayer, mais Facebook indique qu’il a encore du travail pour corriger ses dysfonctionnements.
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Le monde ouvert en réalité virtuelle est encore loin : Workrooms n’est ni plus ni moins qu’un concurrent de Zoom, Google Meet ou encore Microsoft Teams, mais en réalité virtuelle. L’espace, bien que modulable, reste celui limité d’un bureau, et a été pensé pour un usage exclusivement professionnel.
16 utilisateurs peuvent y projeter leur avatar, qu’ils auront au préalable personnalisé à leur image ou non. Ensuite, 34 autres personnes pourront rejoindre à la réunion depuis leur ordinateur, de la même manière qu’une « vraie » réunion d’entreprise pourrait être suivie à distance via un logiciel de visioconférence.
Comme si on y était (si ça fonctionne)
À l’annonce de l’application, on se demande ce que la VR va apporter de plus au travail à distance. Pour Facebook, qui teste l’outil en interne depuis 6 mois, c’est l’impression d’être au contact de ses collègues qui fait la différence. Dans son communiqué, l’entreprise insiste sur la spatialisation sonore offerte par l’Occulus Quest, qui permet d’entendre les personnes différemment selon leur position relative. Concrètement, vous entendrez les messes basses de votre collègue assis à votre droite dans votre oreille droite, tandis que la voix de votre patron en bout de table sera plus distante. « On entend les personnes comme si elles étaient dans une vraie pièce, ce qui rend les conversations plus fluides », promet Facebook.
Pour renforcer le sentiment d’immersion, Workrooms permet de projeter son clavier (s’il est compatible) et son ordinateur dans la réalité virtuelle, de sorte que vous pouvez utiliser vos outils de la « vraie vie » dans le monde virtuel. Et ce n’est pas tout : vous pouvez aussi vous lever pour aller écrire et dessiner sur un tableau blanc infini, qui pourra ensuite être exporté comme image. L’application s’appuie à la fois sur les manettes qui accompagnent le casque (pour le tableau par exemple) et sur la technologie de détection des mains de l’Occulus, déployée en décembre 2019 et sans cesse améliorée.
Lors de sa rapide prise en main, The Verge a rencontré plusieurs frictions à l’usage : le suivi des mains se perdait parfois, la création d’un compte était étonnamment laborieuse, ou encore la qualité du son chutait régulièrement. L’app n’est encore comme bêta, mais elle devra s’améliorer pour remplir ses promesses.
Une réunion avec des casques à plus 350 euros
Le vrai problème que l’outil va rencontrer est son coût à l’entrée : le casque Occulus Quest 2, seul compatible avec le logiciel pour l’instant, coûte 350 euros dans sa configuration minimale, et rencontre certains problèmes de stock dans des pays comme la France. Les entreprises intéressées devront donc y allouer un budget relativement conséquent, et se poseront la question de l’efficacité de Workrooms.
Mais Facebook a misé sur le bon marché : si le grand public assimile la VR aux jeux vidéo, elle creuse pour l’instant plus son trou du côté du marché professionnel. La technologie répond à des besoins de simulation, de formation ou encore de modélisation. Autrement dit, Facebook est loin d’être le premier à créer un outil collaboratif en ligne — certains proposent par exemple d’analyser des maquettes 3D complexes en VR. En revanche, il est le premier à le faire avec une telle force de frappe.
Noyé sous les scandales autour de la vie privée depuis 2018, Facebook devra aussi rassurer les utilisateurs sur ses intentions. Bon nombre des échanges tenus dans les réunions sont susceptibles d’être confidentiels et d’avoir une haute valeur stratégique. L’entreprise en a conscience, et tente déjà de calmer les inquiétudes : « Workrooms n’utilisera pas les conversations et les documents de travail pour enrichir les pubs sur Facebook. » Elle précise aussi que les images filmées à l’activation de Passthrough (l’outil qui permet de voir le « vrai monde » depuis son casque) ne sont traitées que localement, et ne pourront pas être consultées pour de la publicité ciblée.
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