Publié le 25 juin, le quatrième rapport sur l’état de l’Internet en France a montré quelques constantes. Par exemple, que Netflix pèse toujours autant dans le trafic hexagonal, ou que l’adoption de l’adressage en IPv6, pour combler les insuffisances d’IPv4, reste encore trop basse. Mais le document a aussi montré des évolutions, sur le débit dans l’Internet mobile, ou, tout simplement sur le trafic en période de crise sanitaire.
Car c’est là l’une des grandes différences de ce rapport avec ses trois précédentes éditions. Il donne un premier aperçu des effets de la pandémie de coronavirus — plus exactement, du confinement et des vives incitations à privilégier le télétravail — sur les réseaux français. Et selon les premiers retours collectés par l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep), cette bascule a été remarquée.
Une étude conduite Netscout à partir des données des fournisseurs d’accès à internet français donne ainsi une première idée du changement ressenti sur les infrastructures de télécommunications. Pendant le confinement, le trafic Internet a ainsi augmenté de près de 30 %, avec une particularité d’être répartie sur la journée, là où les pics s’observent plutôt le soir et en week-end.
Des réseaux qui ont tenu et des acteurs qui ont joué le jeu
« Les infrastructures télécoms ont d’abord montré leur résilience, puisque les réseaux en France n’ont pas connu de congestion majeure durant la période de confinement », voit avec satisfaction le régulateur des télécoms. s’il y a du localement des défaillances, c’est davantage parce que certaines plateformes n’étaient pas dimensionnées pour recevoir un trafic très important — on pense par exemple aux sites scolaires — qu’un souci de réseau en tant que tel.
Bien sûr, de nombreuses dispositions avaient été prises pendant le confinement pour ne pas tenter le diable.
Le lancement de Disney+ avait été reporté de deux semaines et l’ultra haute définition (4K) a été activée plus tard. De très gros fournisseurs de contenus (Netflix, YouTube, Facebook ou Instagram) avaient annoncé des mesures sur la qualité par défaut des vidéos ou la réduction du bitrate. Des entreprises comme Apple, Amazon et Canal+ avaient aussi pris des mesures de ce type. Le monde du jeu vidéo, à l’image de Sony, avec le PlayStation Network, et Valve, avec Steam, s’était aussi mobilisé.
Un geste qui n’a pas échappé à l’autorité : « les fournisseurs de contenu et d’applications ont également contribué à l’effort collectif. Les grands utilisateurs des réseaux, telles les plateformes de streaming vidéo ou encore les plateformes de jeux en ligne, ont réduit la charge de leurs contenus en circulation en limitant la bande passante requise par leurs services, en diminuant la qualité de leurs vidéos ou encore en programmant les téléchargements et les mises à jour de leurs services en période de faible affluence ».
Mais l’Arcep tient aussi à souligner l’engagement du monde des réseaux, qui a aussi mis la main à la pâte. « Le redimensionnement de certaines interconnexions a donc pu être nécessaire pour prévenir d’éventuels risques de congestion des réseaux », écrit l’autorité. C’est ce qu’illustrait début avril, Jean-Luc Vuillemin, le directeur des services et réseaux internationaux chez Orange, en évoquant, avec l’arrivée de Disney+, plus d’un térabit/s supplémentaire de trafic reçus par t les réseaux internationaux d’Orange.
« Les entreprises télécoms et le tissu de PME, d’acteurs locaux et associations qui les entourent ont travaillé de concert pour maintenir et assurer le fonctionnement continu des réseaux », poursuit l’Arcep. Des recommandations étaient toutefois distillées à l’attention du public, comme l’utilisation de son smartphone en Wi-Fi plutôt qu’en 4G, puisque les réseaux filaires sont plus résilients.
Mais surtout, l’enseignement que tire le régulateur des télécoms c’est que le cadre actuel en matière de neutralité du net au niveau européen est pertinent, même lors d’une « situation inédite » comme le confinement de tout le pays. Ce principe, qui a parfois été conspué par le passé par les opérateurs, « a une fois encore donné les preuves de toute sa capacité d’adaptation et sa pertinence », conclut l’Arcep.
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