À la course à la puissance, Google répond par la photographie. Aux capteurs d’empreintes sous l’écran et autres caméras pop-up gadget, Google préfère une reconnaissance faciale maîtrisée et sécurisée. Aux interfaces personnalisées, Google répondra toujours par un Android pur repensé pour les interfaces tactiles. Ces trois propositions pourraient résumer nos premières impressions après avoir pris en main les Pixel 4 lors d’un événement organisé par Google pour la presse.
On le sent : le géant de Mountain View n’a plus à prouver qu’il a une place sur le marché des smartphones. En 2019, après d’excellents Pixel 3 et Pixel 3a, le Pixel 4 renforce une formule connue en adaptant les meilleures technologies de la concurrence. Le résultat, c’est un cocktail de bonnes idées et de promesses qui restent à confirmer, obscurci malheureusement par un décalage dans le déploiement du logiciel en France par rapport au reste du monde. Et on le sait, le logiciel compte autant que le matériel dans l’expérience globale d’un produit.
En attendant un test complet, voici notre premier avis à chaud, en trois émotions (et une vidéo).
Le bluffant
- Motion Sense : sur Numerama, nous regrettons assez souvent que la concurrence d’Apple s’entête à gadgétiser la biométrie, que ce soit avec des capteurs sous l’écran, de mauvaises technologies de reconnaissance faciale 2D ou d’improbables caméras popup. On se réjouit donc que Google ait cherché à pousser le déverrouillage par reconnaissance faciale encore plus loin que son concurrent américain, associant la sécurité maximale grâce au chiffrement matériel sur la puce Titan M des données à toujours plus de vitesse. Motion Sense permet de prédire que l’utilisateur veut déverrouiller son smartphone et donc enclencher le déverrouillage avant que le smartphone soit en face des yeux.
- L’appareil photo : Google sait qu’il maîtrise le logiciel et le matériel côté photo. Les Pixel 4 et Pixel 4 XL ne semblent pas décevoir, reprenant les bases du Pixel 3 et ajoutant au passage un téléobjectif. L’app caméra a été amélioré pour montrer les clichés prévisualisés en temps réel et non après l’étape de « postproduction logicielle » comme sur le Pixel 3. Le mode « clichés de la voie lactée » est prometteur et on a hâte de voir ce que ce type de photographies peut donner. Et bien entendu, ce que ces améliorations multiples apporteront à tout le reste.
- Assistant : année après année, Assistant prend le large sur le marché des assistants connectés. La proposition de Google est bluffante et n’est plus un simple bot qui répond à des questions simples. Comme l’avance Google, le produit entre dans « l’informatique ambiante », qui définit grosso modo des choses faites en arrière-plan ou en même temps que nos tâches. Dans la nouvelle app Dictaphone, Assistant retranscrit en temps réel tout l’audio enregistré et vous permet de faire des recherches dans un document. Si vous avez un accident, Assistant peut appeler les secours à votre place et communiquer votre position. Si vous parlez à votre smartphone, Assistant connaît le contexte de la requête précédente pour formuler la suivante. Tout semble naturel et en adéquation avec l’avenir qu’on imagine pour l’informatique mobile — le tout, exécuté de plus en plus en local et bardé d’options pour contrôler les données qu’on transmet.
Le décevant
- Assistant : toutes ces belles choses promises par Google ne sont disponibles dans un premier temps qu’en anglais. Contrairement à Apple qui tente toujours d’internationaliser ses concepts, Google favorise énormément la langue anglaise et sur un lancement comme celui du Pixel 4, cela met le logiciel français un cran en dessous du logiciel américain. Jusqu’à la mise à jour, prévue pour 2020.
- Noir is the new noir : Google propose de très jolis coloris pour ses smartphones et objets connectés en 2019. En France, nous n’avons le droit qu’au modèle noir et à aucun des nouveaux coloris côté domotique. Triste.
- Le contrôle par geste : Google a expliqué avoir travaillé 5 ans à miniaturiser un radar d’avion pour Soli et Motion Sense. Et au-delà des usages utiles pour des fonctions tierces (comme le déverrouillage par reconnaissance faciale, ces 5 années semblent aboutir à des gadgets : faire coucou à Pikachu et passer d’un morceau de musique à l’autre. C’est dommage de ne pas avoir pensé à des interactions bien plus poussées sur le smartphone, qui viendront peut-être plus tard — ou par une ouverture de Motion Sense aux développeurs.
L’attendu
- L’écran 90 Hz Ambiant EQ : l’écran du Pixel 4 est à la hauteur d’une fin d’année 2019. La dalle OLED est rafraîchie en 90 Hz, pour maximiser la fluidité perçue à l’écran et Google a ajouté une fonctionnalité Ambiant EQ, similaire à True Tone d’Apple, qui règle en temps réel la colorimétrie et le contraste. Cela devrait être top en toutes situations.
- Les caractéristiques techniques : Snapdragon 855, 6 Go de RAM, 2 800 mAh de batterie, charge rapide en USB-C, charge sans fil, résistance à l’eau… what else ?
En bref
Cette première prise en mains du Pixel 4 nous montre que Google a encore des idées pour capitaliser sur ses réussites depuis le Pixel 2. Si nos déceptions sont réelles côté Assistant, nous essaierons dans notre test de mettre à l’épreuve ce smartphone dans sa version « actuelle » et de trouver ses limites.
Car en un sens, avec Apple (et Amazon qui ne propose pas de smartphone), Google est le seul à savoir aussi bien intégrer ce qu’on peut appeler grossièrement « l’intelligence artificielle » à ses produits : ce sera un plus quand ce sera en France, mais en attendant, les autres ne font pas mieux et propose des expériences sur smartphone très classiques.
Quoi qu’il en soit, la proposition Google pour 2019 côté smartphone risque de donner du fil à retordre à la concurrence.
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