Facebook se serait associé à la maison-mère de Ray-Ban pour concevoir des lunettes de réalité augmentée grand public. Suffisant pour éviter les pièges ?

Dans l’ombre de son activité de réseau social, Facebook construit petit à petit un nouvel empire où il est, aujourd’hui, l’un des leaders : celui qui rassemble les recherches en réalité virtuelle et en réalité augmentée. Du côté de la VR, la marque Oculus a sorti ce qui est sans conteste le meilleur casque de la génération actuelle, nommé Oculus Quest. Du côté de la réalité augmentée, c’est aujourd’hui par les filtres et autres gadgets visuels pour Instagram et le réseau social que Facebook se projette. Mais l’ambition à long terme se dessine petit à petit : sortir des lunettes de réalité augmentée suffisamment abouties pour être utilisées par le grand public. On apprend aujourd’hui (sur CNBC) que, pour parvenir à ses fins, Facebook se serait associé avec le groupe Ray-Ban.

D’après le média CNBC, c’est plus exactement Luxottica, l’entreprise italienne qui conçoit les lunettes iconiques Ray-Ban, qui a été approchée par Facebook. Car l’Américain serait aujourd’hui dans une impasse : même avec plusieurs centaines d’ingénieurs travaillant dans les Reality Labs, l’espace dédié à la réalité augmentée et à la réalité virtuelle, Facebook peine à miniaturiser ses concepts pour en faire des appareils qui soient tout à la fois performants et socialement acceptables. L’expertise de Luxottica sur le marché de la lunette pourrait aider Facebook à parvenir à ses fins : CNBC parle tout de même d’un produit pensé pour une sortie en 2024-2025. Il reste du temps.

Les trois écueils à éviter pour un produit grand public

Car pour concevoir des lunettes de réalité augmentée grand public, qui serviront d’appareils capables d’accompagner un smartphone (répondre à des appels, lire des SMS, voir des informations sur ce qui nous entoure…) ou de le remplacer, il faut  que le produit soit parfait. Et les acteurs qui se sont engagés dans cette voie n’ont, pour l’instant, pas du tout réussi à créer un objet utilisable par tout le monde.

Google Glass

Pour l'instant, les entreprises sont la seule cible des Google Glass. // Source : Youtube/Google AR & VR

Pour l'instant, les entreprises sont la seule cible des Google Glass.

Source : Youtube/Google AR & VR

Précurseur avec ses Glass, Google avait tout à faire, mais a échoué sur chaque plan : l’objet qui donnait un look de cyborg était inacceptable socialement, tenait difficilement la charge et l’équipement était loin d’être abouti pour un usage réel. Compte tenu de tout cela, Google a transformé son objet en un outil pour les entreprises, qui en ont trouvé un usage — on en a repéré sur les chaînes de montage de Tesla.

Microsoft HoloLens

Microsoft, avec son casque HoloLens, a d’abord conçu la réalité mixte comme un outil de divertissement et de jeu. Mais le casque, lourd, câblé et décevant avec son tout petit carré de visibilité, n’a pas passé l’épreuve du feu. La version 2 s’est aussi dirigée vers l’entreprise et est carrément bluffante : légère, bien pensée et aboutie, on la voit tout à fait entrer dans l’industrie pour remplacer des manuels ou guider ingénieurs et ouvriers.

Snapchat Spectacles

Le design des Spectacles 3. // Source : Snapchat

Le design des Spectacles 3.

Source : Snapchat

Enfin, Snapchat, qui a participé à l’émergence de la réalité augmentée grand public avec ses filtres, n’a jamais fait de ses Spectacles un produit technologiquement avancé. Toutes les versions des lunettes ne sont finalement que des caméras qui permettent de filmer et d’ajouter des filtres a posteriori dans l’application Snapchat. En revanche, là où Snapchat a réussi, c’est dans la capacité à rendre le dispositif socialement acceptable : l’objet a été pensé comme un objet de mode avant d’être un objet technologique et malgré un design très marqué, a su convaincre.

Compte tenu de l’histoire récente de la tech, Facebook n’a pas le choix : il lui faut un produit mature, technologiquement avancé pour répondre à un vrai besoin et socialement acceptable, car porté sur le visage. Un défi qui sera peut-être plus accessible en partenariat avec Ray-Ban, sachant qu’un autre géant œuvre dans l’ombre depuis des années sur ce territoire : Apple, qui conçoit la réalité augmentée d’abord du côté logiciel, mais travaille sans nul doute sur l’aspect matériel.


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