Elon Musk avait annoncé en 2017 la création de Neuralink, qui vise à créer une interface humain-machine. Les recherches et innovations de la startup sont longtemps restées mystérieuses, mais elles commencent à se dévoiler (et Musk a encore dit des choses qu’il n’aurait pas dû).

Le secret est longtemps resté solide autour de Neuralink, depuis l’annonce de sa création en 2017. Cette startup créée par Elon Musk entend connecter le cerveau humain et la machine. Dorénavant, cela se précise. Le contenu des recherches commence à être dévoilé progressivement.

L’entrepreneur a organisé, ce mardi 16 juillet, une conférence à ce sujet, diffusée en direct sur YouTube. Après la diffusion d’un spot sur les coulisses de la startup, Elon Musk précise : « La principale raison de cette présentation est de recruter. Nous voulons avoir les meilleurs talents du monde à Neuralink. »

Elon Musk lors de sa présentation de Neuralink, ce 16 juillet 2019. // Source : Capture Youtube / Neuralink

Elon Musk lors de sa présentation de Neuralink, ce 16 juillet 2019.

Source : Capture Youtube / Neuralink

Au début de la conférence, une image affiche les trois grands objectifs de la startup : comprendre et traiter les maladies cérébrales ; préserver et améliorer votre propre cerveau ; créer un meilleur futur. Rien de moins.

Un premier objectif médical

« C’est important pour nous de régler les maladies associées au cerveau », insiste Elon Musk. La volonté de Neuralink est, à court terme, d’apporter des solutions efficaces au cancer ou à la maladie de Parkinson. Mais cela implique aussi tout ce qui concerne les nerfs, si l’on se brise le cou ou la colonne vertébrale. « Nous pouvons résoudre tout cela… avec une puce. »

Dans une interview au New York Times, le co-fondateur de la startup, Max Hodak, a ajouté que les applications médicales de Neuralink pourraient être pour bientôt et résoudre des déficiences visuelles ou auditives, tout comme rétablir des fonctions motrices perdues grâce à des prothèses.

Pour créer une interface cerveau-machine, l’idée est implanter des fils très fins dans le tissu cérébral, à travers un procédé similaire à de la couture en dentelle. Ces fils feraient entre 4 à 6 μm, soit 0,004 à 0,006 millimètres (le quart d’un cheveu). Dans le livre blanc publié en amont de la conférence, Neuralink explique avoir conçu un robot neurochirurgial « capable d’insérer six fils (192 électrodes) par minute ».

Présentation de l'interface Neuralink. // Source : Capture Youtube / Neuralink

Présentation de l'interface Neuralink.

Source : Capture Youtube / Neuralink

Un singe savant mais pas encore de dentelle neurale

Lors du lancement, en 2017, Elon Musk parlait d’un neural lace (« dentelle neurale ») pour décrire les fils qu’il souhaite implanter dans le cerveau. Ce terme était emprunté par l’entrepreneur à… l’écrivain Iain M. Banks, qui a inventé ce terme dans son Cycle de la Culture. Dans cette œuvre majeure de la littérature de science-fiction, il s’agit d’un implant biomécanique qui permet d’étendre la mémoire, de communiquer, de réguler le corps, etc.

Musk a réutilisé le terme durant sa conférence, mais cette fois-ci, pour temporiser : « Neuralink n’aura pas soudainement cette incroyable dentelle neurale implantée dans un cerveau humain, cela va prendre beaucoup de temps. »

Pour l’instant, l’interface de Neuralink est basée sur un câble USB-C qui relie à l’ordinateur les puces implantées dans le cerveau

Il reste confiant en annonçant espérer un premier test humain d’ici fin 2020. Précisons ici que l’entrepreneur est aussi un showman et qu’il a pris l’habitude d’annoncer des délais improbables qui sont régulièrement repoussés. Pour l’instant, Neuralink s’en tient à l’expérimentation animale, principalement sur des rats de laboratoire. « Un singe a été capable de contrôler l’ordinateur avec son cerveau », a révélé Musk – alors qu’il n’était pas censé le faire, ce n’était pas dans le livre blanc.

Pour l’instant, l’interface de Neuralink est basée sur un câble USB-C qui relie à l’ordinateur les puces implantées dans le cerveau. Mais la startup espère pouvoir développer une connexion wireless au transfert de données haut débit. Par ailleurs, l’implantation des électrodes se fait encore par perçage de la boîte crânienne, mais Neuralink espère pouvoir le faire ensuite par laser, afin que ce soit moins désagréable.

Ambiance transhumaniste

Résoudre les maladies cérébrales à travers une puce est ambitieux. Et durant la conférence, Elon Musk a dévoilé une autre ambition, plus large. Il veut « accomplir une sorte de symbiose avec l’intelligence artificielle ». S’il perçoit l’IA comme une menace pour l’humanité, il semblerait la fusion IA-humain ne lui pose pas de problème particulier.

En réalité, cette façon de raisonner relève du transhumanisme. Ce mouvement entend améliorer toutes les capacités humaines, aussi bien cérébrales que physiques, à l’aide des technosciences. Un humain augmenté en somme (comme certains personnes des séries Altered Carbon ou Years and Years).

La puce // Source : Neuralink

La puce

Source : Neuralink

Cette volonté d’augmentation est mue par une peur de l’IA, et plus précisément d’une future Singularité technologique théorique, à partir de laquelle l’IA deviendrait supérieure aux humains. Pour éviter cette éventualité, les transhumanistes veulent se « mettre au niveau » des IA. La logique d’Elon Musk, entre crainte et attirance pour la machine, prend son sens face à cette philosophie très ancrée dans les milieux de la Silicon Valley.

Musk prend soin de préciser que, même s’il accomplit son objectif d’une symbiose avec l’intelligence artificielle via Neuralink, ce « ne sera pas une chose obligatoire. C’est quelque chose que vous pouvez choisir si vous le voulez. »

Le robot pour insérer la puce // Source : Neuralink

Le robot pour insérer la puce

Source : Neuralink

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