La révolution numérique étant bien installée, nous ne sommes plus gourmands de connexions, mais commençons seulement à apprendre à les maîtriser. Voici un guide pour débuter une « détox numérique », drôle de terme pour parler de réappropriation de son temps de cerveau.

Il y a encore cinq ans, en début d’année, nous prenions des résolutions technophiles : apprendre un langage informatique, maîtriser tel logiciel, choisir de passer au smartphone pour de bon, améliorer la connexion domestique, etc.

Le marché étant venu à maturité, notamment chez les urbains, nous n’avons plus tellement de marge de progrès en matière de connexion de nos vies. A contrario, certains d’entre nous vivent plus connectés que jamais, quitte à subir le contrecoup du gavage informationnel et technologique moderne.

DETOX ? DETOX !
DETOX ? DETOX !

Alors qu’il était de bon ton d’être un adepte des technologies et d’être toujours disponible, il y a quelques années, aujourd’hui, l’élégance se dévoile dans la rareté de nos présences numériques. Pour notre santé mentale, pour retrouver du bon sens, pour être un ami présent et un proche attentionné, et surtout réapprivoiser notre temps de cerveau, la détox numérique est probablement le régime le plus prometteur pour les années à venir.

Il existe, pour chaque profil, des formes d’addictions différentes. Certains doivent apprendre à vivre sans Candy Crush, d’autres sans rafraîchir leur fil d’informations tous les quarts d’heure, certains encore doivent décrocher des réseaux sociaux.

Le seul point commun entre chacun d’entre nous reste le symptôme d’overdose, d’hyper-sollicitation, et finalement de fatigue, provoqué par les technologies notamment mobiles. Il s’agit alors d’identifier les principaux facteurs de stress et d’y remédier. Nous vous proposons quelques-unes de nos observations pour commencer, à votre rythme, une détox que l’on pourrait seulement appeler une réappropriation de votre temps face à l’économie de l’attention.

Réduisez drastiquement les notifications « push »

Ces notifications instantanées qui vous font croire qu’il se passe toujours quelque chose qui mérite votre attention sont le bras armé de l’économie de l’attention de nombreux services dont nous nous passerions aisément. Parfois, avant de désinstaller tout à fait une application, lui retirer l’accès aux notifications est un bon moyen de vous préserver de l’invasion de ces messages inopportuns.

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Sur iOS, même les pastilles rouges parfois irritantes peuvent être désactivées / Torsten Dettlaff

Les réseaux sociaux et les jeux mobiles sont très friands de ces notifications, mais également certaines applications d’information qui collectionnent les alertes. On peut citer Instagram qui va jusqu’à vous prévenir que « X n’avait pas posté depuis longtemps », ou Twitter qui dispose des mêmes messages. Ces applications ne méritent pas forcément l’accès à notre disponibilité perpétuelle pour tenter de nous voler quelques minutes.

Il existe alors plusieurs méthodes : ne garder les notifications que d’une seule application sur l’ensemble des réseaux dont vous disposez, ou alors simplement toutes les interdire et ne les voir qu’en allant dans l’application, quand cela vous convient le mieux, et non quand l’application le voudrait. Il en va de même pour les jeux mobiles. C’est la première étape avant la suppression : lorsqu’en enlevant les notifications, vous n’irez plus sur les applications en question, il sera peut-être temps de les désinstaller.

Comment faire ? 

  1. Sur iOS : Réglages, Notifications — gestion au cas par cas de l’accès aux notifications.
  2. Sur Android : Paramètres, Appareil, Applications — gestion au cas par cas de l’accès aux notifications.
  3. Astuce supplémentaire : veillez à ce que l’écran de votre smartphone ne s’allume pas lorsque vous recevez une notification, ce signal lumineux est plus envahissant qu’on ne l’imagine.

Éloignez-vous des connexions et sollicitations

Réveil connecté, enceintes intelligentes, montre connectée, etc. Un smartphone à lui seul semble suffisamment envahissant pour que vous ne collectionniez pas les objets qui se comportent de la même manière, sollicitant inopportunément votre attention. En outre, la fatigue technologique est souvent dû aux effets des sollicitations lumineuses et sonores sur notre cerveau, dès lors, éloigner lors des moments importants d’une journée tous les gadgets qui sautillent, brillent, vibrent et bipent est une promesse de calme.

La montre connectée est à l'évidence le plus proche ennemi de la sérénité numérique / Numerama
La montre connectée est à l’évidence le plus proche ennemi de la sérénité numérique / Numerama

Vous devez essayer, après avoir réduit la place des gadgets dans vos vies, de vous éloigner également de votre smartphone. Il est déterminant de choisir de ne plus dormir à proximité de celui-ci, mais également de ne pas l’utiliser comme réveil. Ainsi, cela ne sera pas le dernier, ni le premier objet, que vous utiliserez durant votre journée. Vous pourrez gagner du temps et de la disponibilité pour vous et vos proches, dès les premières heures jusqu’au coucher.

Comment faire ? 

  1. Ne pas utiliser son smartphone/objet connecté comme réveil.
  2. Laisser son smartphone à la porte de la chambre à coucher.
  3. Réunir vos objets connectés/gadgets à un seul et même endroit, loin de la table à manger et de la chambre.
  4. Réfléchir à dix fois avant de commander le dernier frigo/miroir/montre/cuvette de WC connecté.

Réduisez les fonctionnalités de votre smartphone

Un téléphone, ça sert à téléphoner : la vieille formule ne s’applique plus à nos ordinateurs de poche. Il est pourtant possible, même sur un appareil de dernière génération, de revenir doucement à l’essentiel. Il existe plusieurs écoles de pensée concernant cette méthode, mais la suppression de fonctionnalités et d’applications est le maître mot d’une bonne détox.

Avant de vous tourner vers votre 3310, que vous trouverez horrible en terme d’ergonomie, mesurez les fonctions dont vous avez réellement besoin sur votre smartphone. Pour moi, la fonctionnalité cartographique est indispensable dans une grande ville et à l’étranger, il ne s’agit donc pas de perdre cette fonction. Toutefois, je perds de longues heures à surfer / lire des informations aléatoirement sur Internet : se passer de navigateur devient alors un excellent moyen de revenir à l’essentiel. Mon smartphone est ainsi toujours connecté à Internet, mais pas au sens classique du terme, le navigateur étant indisponible.

la suppression de fonctionnalités et d’applications est le maître mot d’une bonne détox

Enfin, j’opte également pour des applications d’information plus qualitative et sans push La Matinale du Monde, disponible une fois par jour seulement comme Infonity (en plus vous pourrez continuer à lire Numerama), Les Jours et son interface claire et son unique article quotidien, ou encore Mediapart et ses deux éditions quotidiennes. Pour Le Figaro par exemple, nous pouvons préférer la version PDF.

La clef d’une détox adaptée est de cibler vos besoins réels et d’écarter, quitte à vous brusquer, les utilisations superflues.

Comment faire ? 

  1. Désinstallez toutes les applications non utilisées depuis plusieurs semaines.
  2. Désinstallez progressivement toutes les applications qui se révèlent inutiles ou trop envahissantes.
  3. Pour désactiver le navigateur sur iOS : Réglages, Général, Restrictions — Oui — Safari.
  4. Méthode efficace et radicale : désinstallez toutes les applications, ne réinstallez qu’en fonction de vos situations et de vos besoins à long terme.

Pensez rythme et lieux

Enfin, le temps est intimement lié aux lieux. Pour déterminer ce qui vous envahit dans la journée, il faut parfois définir ce que vous faites en mobilité alors que vous pourriez attendre d’être chez vous. Communément, nous pourrions penser que tout ce qui peut être fait chez vous, au calme, n’a pas besoin d’être réalisé sur votre smartphone. Mais ce régime pourrait être trop douloureux pour commencer, alors pensez à adapter, choisir et surtout tenir vos règles.

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CC diegodiezperez123

Jouer, c’est à la maison : les jeux mobiles ont des avantages dans le métro, mais lorsqu’entre le plat et le dessert, au détour d’une pause pipi, ou même au café, vous jouez à votre jeu préféré, vous ne le faites pas par besoin, mais bien parce que votre attention est saturée par la mécanique du jeu. Ainsi, les joueurs ont intérêt à désactiver les notifications de leurs jeux, mais également les installer sur une tablette à domicile plutôt que sur leur smartphone. L’idéal étant de n’avoir aucun jeu sur son smartphone. Vos proches vous remercieront.

Lire le journal, ce n’est pas zapper des centaines de brèves : parfois, nous avons des pulsions de news-junky, consommant à tout bout de champ de très (trop) nombreuses informations. Pourtant, le meilleur de notre lecture, pour l’attention et pour la réflexion, ne peut se faire n’importe comment, n’importe où. Apprenez, au cours de la journée, à enregistrer votre liste de lecture pour un moment au calme. Pour cela, supprimez votre navigateur, ne vous laissant d’autre choix que d’être sur votre ordinateur pour une bonne lecture.

Comment faire ? 

  1. Dressez un profil de vos usages en fonction des lieux/appareils.
  2. Chaque lieu dispose d’appareil immobile (consoles de jeux, ordinateurs, tablettes, etc.) : dédiez-leur des usages.
  3. Désinstallez sur vos appareils mobiles les fonctions doublons par rapport à vos appareils à domicile.

Et si le week-end, votre portable était éteint ?

Vous avez prévu de passer un week-end à la campagne, ou même un week-end à la maison ? Pourquoi ne vous rendriez-vous pas indisponible ? Il y a souvent peu de bonnes raisons de rester joignable si personne ne compte sur vous. Or à moins que vos proches ne vous préviennent d’un déménagement ou d’un rendez-vous, il est probable que personne ne songe à vous déranger pour une bonne raison. Alors, soufflez, la vie reprendra lundi matin.

Comment faire ? 

  1. Vendredi 18h, vous avez passé en revue votre week-end, personne ne compte sur vous. Vous éteignez votre téléphone, vous le mettez dans un coin. Et puis c’est tout.

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