C’est à la WWDC que Apple a présenté sa nouvelle itération de l’iPad Pro. La tablette tactile est désormais disponible en deux nouvelles tailles : on retrouve les 12,9 pouces (à partir de 909 €) de la version géante et la version 9,7 pouces a laissé sa place à un modèle 10,5 pouces (à partir de 739 €). Ce dernier iPad n’est pas vraiment plus grand que l’ancien 9,7 pouces : la dalle occupe mieux l’espace avant et permet donc de caser plus de surface d’écran dans un boîtier presque similaire.
Au-delà des dimensions, les deux iPad Pro possèdent exactement les mêmes caractéristiques. Contrairement à la génération précédente, Apple n’a pas espacé les versions dans le temps — on ne retrouvait l’écran TrueTone que sur le précédent iPad 9,7 pouces et non sur son grand frère de 12,9 pouces sorti quelques mois plus tôt.
Est-ce que cette nouvelle génération pourrait faire craquer celles et ceux qui attendent un renouvellement radical du marché des tablettes tactiles avant de re-passer à la caisse ? Réponse après quelques semaines d’essai.
Innover sur le marché des tablettes = innover sur l’écran
Au fond, qu’est-ce qu’une tablette tactile ? Pour faire simple et si l’on décrit uniquement ce qui apparaît devant les yeux, c’est un écran qu’on peut toucher. Cela n’étonnera donc personne que le composant qui sert tout à la fois d’interface utilisateur et d’afficheur est celui sur lequel Apple a mis le paquet cette année.
Côté technique, on se retrouve avec un écran Retina défini en 2 224 x 1668 pixels pour l’écran de 10,5 pouces et défini en 2 732 x 2 048 pixels pour l’écran de 12,9 pouces (264 pixels par pouce de chaque côté). Les deux possèdent un affichage TrueTone qui ajuste en temps réel la colorimétrie par rapport à la lumière environnante, une gamme de couleur « P3 » et ont, bien entendu, un revêtement antireflet. Ces technologies étaient toutes connues.
L’innovation côté Cupertino vient du dernier point de la fiche technique sur lequel il ne faut absolument pas passer à côté : la « Technologie ProMotion ». Derrière ce terme marketing se cache en fait une dalle capable d’ajuster sa fréquence en temps réel selon votre utilisation (ceux qui utilisent G-Sync ou Freesync sur PC sauront tout de suite de quoi nous parlons). Elle peut passer de 45 Hz à 60 Hz à 120 Hz selon ce qu’elle vous voit faire. Si cela ne vous parle pas le moins du monde, c’est bien normal. Et pourtant, c’est, à nos yeux, l’une des évolutions technologiques pour les écrans les plus importantes de ces dernières années.
C’est aussi, malheureusement, l’une des évolutions les plus difficiles à montrer. Vous rigoliez déjà quand on vous affichait les images splendides des DVD sur des publicités avant les cassettes VHS ? Vous rigoleriez également si nous tentions de vous montrer l’effet d’un écran 120 Hz si vous le regardez sur un écran 60 Hz. Concrètement, tout revient à une question de fluidité : entre votre pointeur qui va d’un emplacement A à un emplacement B, un écran 120 Hz va afficher sa position 120 fois par seconde.
Si vous scrollez rapidement sur votre écran (qui est a priori un écran 60 Hz, la norme la plus répandue), vous allez voir une sorte de traînée apparaître : pendant le scroll sur un article, les polices deviennent floues. Vous pouvez voir l’effet assez facilement sur ces gifs qui comparent le rafraichissement jusqu’à 60 Hz (il vous suffira d’imaginer le double).
Cet effet que vous pouvez constater est en fait présent à chaque fois que quelque chose s’anime à l’écran, que ce soit le redimensionnement d’une fenêtre, le changement de position du pointeur de la souris ou un jeu vidéo. C’est du côté du gaming que les écrans 120 Hz se sont démocratisés : un jeu qui affiche 120 images par seconde à 120 Hz semble être à des années lumière du même jeu sur un écran classique 60 Hz. Ce n’est pas pour rien que tous les constructeurs s’y mettent et ciblent le marché des joueurs PC, connus pour être particulièrement exigeants. Sur console, les constructeurs promettent aujourd’hui modestement du 1080p à 60 fps et de la 4K à 30 fps — 60 fps dans le meilleur des cas.
Avec les nouveaux iPad Pro, Apple apporte donc cette technologie de rupture sur une interface tactile. En pratique, roulements de tambour, c’est bluffant et une prise en main rapide suffit à mettre tout le monde d’accord. On savait que les appareils iOS étaient les champions de la réactivité — cette génération les place encore quelques kilomètres devant la concurrence. C’est bien simple : on a l’impression que la chose virtuelle qui se déplace sous nos doigts n’est pas immatérielle.
Aucun artefact ne nous dit « ce n’est pas réel », c’est comme si on pouvait toucher les sites et les applications, qu’ils étaient autant de petits objets palpables à l’intérieur de la coque. Wikipédia nous apprend par exemple que 100 Hz est la fréquence minimale requise pour qu’une personne épileptique ne fasse pas de crise : plus on monte dans les fréquences de rafraîchissement, plus on s’approche d’un mouvement réel.
Le confort d’utilisation est inégalé et contrairement à d’autres technologies (TrueTone chez Apple, par exemple), on voit immédiatement la différence quand on repasse sur un écran 60 Hz. Pour économiser la batterie, vu que ce taux de rafraichissement demande du jus, Apple gère son écran de manière dynamique : quand rien ne bouge, on passe à 45 Hz. Dès qu’on se met à scroller sur un article par exemple — ou dans les menus et écrans du bureau –, on monte à 120 Hz.
Pour tout vous dire, ce nouvel écran est une malédiction : après l’avoir utilisé quelques semaines, toutes les interfaces tactiles vont vous sembler lentes, archaïques. Si vous êtes un jour passé d’un écran 60 Hz sur votre PC à un écran 120 Hz, vous savez exactement de quelle sensation nous parlons. Ce taux de rafraichissement n’est pas anecdotique, c’est un changement si radical qu’on espère voir sa généralisation très rapidement — et notamment sur les smartphones.
Où est mon iOS 11 ?
Et puis vient le moment fatidique où on se pose la question de savoir ce qui, en termes d’usage, a vraiment changé depuis 2016. Au-delà de l’interface, de Safari, des animations et des scrolls de manière générale (ce qui suffit à nous convaincre), presque aucune application ne tire partie aujourd’hui des 120 Hz de l’écran. On s’attendait par exemple à une optimisation des jeux pour cette nouvelle dalle : ce n’est pas (encore) le cas.
Mais le plus gros défaut ne vient pas des développeurs tiers qu’on aurait du mal à condamner pour une optimisation de leur temps de travail (la base installée des appareils compatibles 120 Hz n’est pas encore énorme). Non, le principal regret quand on teste les nouveaux iPad vient d’Apple et de ses traditions. Traditionnellement en effet, une version d’iOS est présentée à la WWDC autour de mai — elle sort ensuite en bêta pour les développeurs et les utilisateurs dans les semaines qui suivent et finit par être disponible à la sortie des nouveaux iPhone au mois d’octobre de la même année.
Problème : cette année, Apple nous en a mis plein les yeux à la WWDC en multipliant les promesses pour l’iPad. iOS 11 est, en effet, un système dont les changements nombreux sont presque plus nombreux et radicaux sur les tablettes tactiles que sur les smartphones. Et Cupertino n’a pas fait les choses à moitié : c’est toute l’ergonomie logicielle qui a été repensée sur tablette pour donner enfin une vraie valeur au terme « Pro ». On pense à la nouvelle barre des tâches, à la nouvelle organisation des fenêtres et du multitâche, à l’explorateur de fichiers ou encore, aux fonctionnalités sacrément intéressantes liées au glisser-déposer entre les apps.
Respect du calendrier oblige, on se retrouve donc avec des nouveaux iPad qui nous bluffent par leur technique mais qui sont presque exactement les mêmes que ceux que nous avions testés l’an passé côté logiciel. Les qualités sont les mêmes, les défauts sont les mêmes : vous pourrez retrouver notre test ici (et en vidéo là). Sous iOS 10, l’iPad est loin d’être un outil de productivité comme pourrait l’être une Surface Pro tournant sous une version complète de Windows. iOS 11 devrait changer la donne assez radicalement à son arrivée — mais il faudra attendre encore quelques mois avant de voir cette version débarquer sur nos nouveaux jouets.
Sans iOS 11, l’iPad Pro 2017 a un goût de 2016
C’est donc le bon vieil iOS qu’on retrouve sur nos iPad Pro nouvelle génération, avec ses millions d’applications, son ergonomie sans faille, sa sécurité démesurée et son écosystème incomparable — qu’on aimait déjà tant lors de notre test des derniers iPhone. Impossible pour nous d’en dire quelque chose de nouveau. Et l’iPad Pro s’en sort toujours aussi bien comme machine de divertissement ultime, avec sa batterie d’un peu plus de 10 heures qui en fait la reine des trajets trop longs.
Une tablette parée pour l’avenir ?
Mais vu le prix auquel Apple vend ses iPad Pro, ce serait idiot de ne pas considérer cette génération comme un investissement à long terme. Côté technique, l’iPad en a sous le capot avec son processeur A10X Fusion 64 bits qui lui assurera sans nul doute un suivi logiciel long terme par Apple, comme le constructeur en a l’habitude. Il peut évidemment faire tourner tout ce que l’on trouve sur l’App Store et a les reins suffisamment solides pour accueillir les dernières nouveautés maison — notamment ARKit qui nous a bien bluffé et qui arrivera avec iOS 11 à la rentrée.
Contrairement au moment gênant à la sortie du premier iPad Pro 12,9 pouces, Apple n’a pas refait l’erreur de ne pas sortir son clavier en version AZERTY. Aujourd’hui, l’accessoire est disponible en Apple Store (même si l’iPad s’accommodera de tous les claviers Bluetooth du marché, avec un bonus pour ceux conçus pour la tablette d’Apple) et il faut reconnaître qu’il est vraiment bien fichu.
En un an, il n’a pas trop changé, mais Apple nous a habitué à des touches plus fines avec moins de retour sur les MacBook puis les MacBook Pro — on se retrouve donc à être bien moins gênés qu’il y a un an par la frappe sur ces claviers mous qui permettent une bonne vitesse une fois qu’ils sont maîtrisés. On regrette simplement que l’angle d’inclinaison ne soit pas vraiment ajustable : sur un lit par exemple pour regarder des séries, le stand est bien trop incliné vers l’arrière pour que ce soit confortable.
L’appareil photo a aussi été soigné : on se retrouve, à vrai dire, avec le composant et le logiciel qu’on retrouvait dans l’iPhone 7 (et qui a servi récemment à Gondry pour son court métrage). C’est un appareil mobile haut de gamme qui vous permettra de faire à peu près tout ce que vous voulez — il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une tablette plutôt imposante, ce n’est pas avec elle que vous allez faire vos photos de vacances (on l’espère en tout cas). En revanche, pour scanner des papiers à la volée avec l’application native disponible sur iOS 11 OfficeLens, c’est nickel.
On regrettera simplement deux choses que l’iPad Pro n’a pas hérité des finitions de l’iPhone. La première, c’est le nouveau bouton Home. Apparu sur l’iPhone 7, ce bouton à retour haptique est vraiment agréable à l’usage. Celui de l’iPad Pro, mécanique, même s’il intègre TouchID de dernière génération pour le verrouillage biométrique, semble daté. La deuxième, c’est l’absence de résistance à l’eau et à la poussière. Alors certes, vous n’allez pas vous balader sous des orages avec votre iPad en guise de parapluie, mais en 2017, cela nous semble être une des caractéristiques « de base » du cahier des charges d’un produit mobile.
Le verdict
iPad Pro 2017
On a aimé
- L'écran 120 Hz
- Un produit sans concession
- L'écosystème iOS
On a moins aimé
- Vieux bouton Home
- Pas d'iOS 11 à la sortie
- Pas de résistance à l'eau
L'iPad Pro 2017, dans ses versions 10,5 et 12,9 pouces, est un bijou de technologie raffiné et peaufiné à l'extrême. Apple nous avait habitué à dominer de très loin le marché de la tablette tactile -- cette génération fait prendre à Cupertino quelques longueurs d'avance et notamment grâce à la technologie ProMotion dont on a déjà du mal à se passer.
Cela dit, on pourra reprocher cette année à Cupertino le choix d'une chronologie qui n'est pas à l'avantage des tablettes : sortir ces iPad sous iOS 10 n'est pas le meilleur choix stratégique, tant iOS 11 apporte de la pertinence au format. Pour le testeur, c'est comme avoir le hardware séparé du software qui va lui donner toute sa pertinence. Aujourd'hui, l'iPad Pro est un excellent iPad. En octobre, ce sera peut-être, aussi, un excellent outil de productivité...
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