Surprise : Apple ne s’oppose pas à la régulation japonaise, qui s’aligne sur la Commission européenne et la force à assouplir son contrôle sur les iPhone japonais. La marque californienne explique que le Japon est un interlocuteur plus conscient des problématiques de sécurité que l’UE et que son MSCA (Mobile Software Competition Act) est beaucoup mieux pensé que le DMA (Digital Markets Act).

Au Japon aussi, Apple et l’iPhone sont désormais régulés par les autorités.

Le 18 décembre 2025, une nouvelle loi est entrée en vigueur au Japon : le MSCA (Mobile Software Competition Act). Il s’agit globalement d’une des premières répliques du DMA européen au monde, qui force les géants comme Apple et Google à ouvrir leurs systèmes d’exploitation à la concurrence. Apple et Google ont tous deux publié des communiqués dans la nuit du 17 au 18 décembre pour officialiser plusieurs changements. Parmi eux :

  • Sur iOS, il est désormais possible d’installer des applications sans passer par l’App Store, de contourner la commission d’Apple ou de reconfigurer le bouton dédié à Siri. La première ouverture de Safari permet de changer de navigateur et de moteur de recherche par défaut, tandis qu’un nouveau menu « Applications par défaut » fait son apparition. Les commissions sur l’App Store sont aussi moins chères.
  • Sur Android, les développeurs japonais peuvent contourner le système de paiement de Google Play et les utilisateurs peuvent choisir un autre navigateur que Chrome dès la configuration.
Sur son site développeur, Apple liste les changements au Japon.
Sur son site développeur, Apple liste les changements au Japon. // Source : Capture Numerama

Des changements agaçants pour Apple et Google ? Le créateur de l’iPhone a organisé un entretien avec plusieurs médias européens, dont Numerama, pour partager sa vision sur le MSCA. À notre grande surprise, Apple se dit plutôt favorable à la loi japonaise, qui va dans le bon sens selon elle. Elle se sert justement du MSCA pour critiquer l’Europe, qui serait beaucoup moins à l’écoute avec son DMA.

Apple ne va rien bloquer au Japon, contrairement à l’Europe

Sur le papier, le DMA et le MSCA demandent les mêmes choses. Le texte européen et la loi japonaise contraignent les géants comme Apple à ne pas verrouiller leurs écosystèmes pour avantager leurs propres services et amplifier leurs bénéfices. La plupart des changements apportés au Japon sont déjà actifs depuis 2024 en Europe, grâce au DMA. Mais, selon Apple, les deux textes n’ont rien à voir. L’une favorise la concurrence, l’autre empêche l’innovation et met en danger les utilisateurs.

Pour expliquer sa position, Apple met en avant plusieurs différences concrètes entre le Japon et l’Europe. Parmi elles :

  • Au Japon, l’installation d’applications en dehors de l’App Store passe forcément par des magasins tiers, sans sideloading. Les applications passent par le parcours de validation classique, ce qui permet à Apple de détecter des applications « dangereuses ». En Europe, le DMA force Apple à autoriser l’installation d’applications depuis des sites web et l’empêche d’interdire certains types de contenus (la pornographie par exemple). Apple a beaucoup moins de contrôle sur son écosystème chez nous.
  • En Europe, les développeurs doivent choisir entre les méthodes de paiement alternatives et les paiements sur l’App Store. Au Japon, ils doivent afficher les deux options, pour laisser aux utilisateurs le choix final.
  • Les autorités japonaises seraient plus conscientes des enjeux pour les mineurs : les liens vers les sites externes ne sont autorisés que pour les utilisateurs de 13 ans ou plus. En Europe, n’importe quelle application permet de payer en ouvrant un lien. Le Japon force aussi les applications installées en dehors de l’App Store à déclarer un âge d’utilisation.
  • Selon Apple, le DMA serait le fruit d’un intense travail de lobbying de ses concurrents comme Spotify ou Meta, qui auraient conçu un arsenal juridique pour dérober à Apple plusieurs propriétés intellectuelles. Le DMA force Apple à partager gratuitement certaines nouveautés avec les autres, alors que le Japon laisse à Apple le droit de lancer de nouvelles fonctions. Il ne régule que l’App Store et les comportements par défaut d’iOS.
iPhone Mirroring a un nouveau logo avec macOS 26, mais ne démarre pas en France.
iPhone Mirroring est toujours bloqué dans l’Union européenne. // Source : Capture X

En conséquence, Apple explique ne pas s’attendre à bloquer des nouveautés au Japon. La situation n’est pas la même dans l’UE où Apple a récemment désactivé une fonction de l’Apple Watch et bloque toujours plusieurs nouveautés comme la recopie de l’écran de l’iPhone. La marque doit proposer à ses concurrents les mêmes accès à son système, ce qu’elle refuse de faire (notamment avec l’historique des notifications ou du Wi-Fi).

Selon Apple, le DMA est une expérimentation qui ne répond à aucune demande des utilisateurs. La marque utilise le MSCA japonais pour mettre la pression aux autorités européennes : il existe une autre voie plus souple. Une communication surprenante alors que le Japon s’attaque aussi à son business de l’App Store, mais qui confirme la trajectoire anti-DMA assumée par la marque. Sur certains aspects, comme le bouton Siri ouvert aux concurrents, Apple se montre d’ailleurs un peu plus sceptique et considère que le consommateur a plus à perdre qu’à gagner.

Depuis plusieurs mois, Apple dénonce publiquement les demandes de la Commission européenne, qui reste absolument intransigeante à cette pression médiatique pour l’instant. Dans le contexte politique actuel, Apple se dit sans doute que l’Europe pourrait être forcée à alléger ses positions. Pas sûr qu’elle ne cède, avec pour risque de renforcer les sanctions à l’encontre de la marque.

Source : Numerama

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