Depuis quelque temps, un composant habituellement discret fait beaucoup parler de lui : la RAM. Pénuries, hausses de prix, inquiétudes sur l’avenir… la mémoire vive est soudain devenue un sujet brûlant. Dans ce contexte un peu tendu, prendre le temps de comprendre ce qu’est réellement la RAM et à quoi elle sert est essentiel. Car derrière ces trois lettres se cache un élément clé du fonctionnement de nos appareils du quotidien.
Qu’est ce que la RAM ? La définition
Au sens purement littéral, la RAM est l’acronyme de « Random Access Memory », littéralement « mémoire à accès aléatoire » en français.
Concrètement, il s’agit d’un composant de stockage informatique, au même titre qu’un disque dur ou qu’une mémoire flash. La grande différence, c’est que la RAM est une mémoire volatile : elle ne conserve les données que tant que l’appareil est sous tension. Dès que l’alimentation est coupée, toutes les informations qu’elle contient disparaissent.
Pour être encore plus précis, la RAM est un type particulier de mémoire volatile appelé couramment « mémoire vive ». Ce terme se définit en opposition à la mémoire morte, un type de mémoire non volatile dont le contenu ne peut être modifié. La mémoire RAM sert donc à stocker de l’information.
À quoi ça sert la RAM ?
Contrairement au stockage sur un disque dur, les informations contenues sur la RAM sont accessibles ultra-rapidement. Le temps d’accès à la mémoire vive est de quelques dizaines ou quelques centaines de nanosecondes (un milliardième de seconde), contre quelques dizaines ou centaines de microsecondes sur la mémoire flash la plus rapide.
Cette extrême rapidité permet de stocker des informations essentielles à l’utilisation quotidienne d’un ordinateur ou d’un smartphone. Plutôt que d’écrire l’état d’un logiciel sur un disque dur, on peut l’écrire dans la RAM, ce qui permet de minimiser une application et de la retrouver en un clin d’œil quand on en a besoin. Quand vous lancez votre navigateur internet, votre application de musique et Facebook par exemple, une partie des données de fonctionnement de l’application est stockée dans la RAM, pour pouvoir jongler entre les différents logiciels sans subir de temps d’attente trop important.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire d’ailleurs, éjecter des applications du carrousel d’applications récentes sur Android ou iOS n’est pas utile. Les systèmes mobiles assignent dynamiquement de la mémoire vive aux applications qui en ont besoin, éjectant les plus vieilles de la RAM. En quittant une application, vous l’obligerez à se relancer à chaque fois, consommant plus de ressources et plus de batterie. Ne le faites que si votre application est récalcitrante. Dit autrement, une bonne RAM est une RAM occupée.
Comment fonctionne la RAM ?
Comme pour la mémoire de masse, la mémoire vive utilise des composants chargés électriquement pour stocker de l’information. Elle est composée de centaines de milliers de condensateurs qui peuvent être chargés ou non électriquement. Chacun représente un bit de mémoire qui selon son état (chargé = 1 / déchargé = 0) sera interprété en langage binaire par la machine.
En revanche, les condensateurs se déchargeant régulièrement, il faut les recharger régulièrement. C’est ce qu’on appelle le cycle de rafraîchissement. Si un condensateur n’est plus alimenté, l’information qui y est stockée est effacée, comme l’indique le terme de mémoire « volatile ».
Il existe plusieurs types de mémoire vive. La dynamique (plus répandue, car moins coûteuse) qui exige un rafraîchissement, et la statique qui n’a pas besoin de rafraichissement. Cette dernière est plus rapide, mais coûte plus cher et est plus encombrante. Aujourd’hui, la RAM est de plus en plus souvent soudée sur les ordinateurs et les smartphones, mais certaines tours et certains ordinateurs portables gardent des emplacements pour installer des « barrettes » de RAM.
Qu’est ce que la fréquence sur la RAM ?
L’une des composantes les plus importantes de la RAM est sa fréquence. Pour faire simple, cette caractéristique correspond à la vitesse de traitement de la RAM. Plus la fréquence est élevée, plus la RAM sera rapide. Il existe des barrettes de RAM allant de 133 MHz à plusieurs gigahertz.
Les internautes ayant des besoins importants en puissance pourront donc opter pour une RAM plus rapide. Attention cela dit, les cartes-mères sont limitées dans la fréquence maximale de RAM qu’elles peuvent supporter. Inutile de mettre du surplus de MHz si votre machine ne peut pas en profiter.
Que signifie DDR (DDR4, DDR5…) ?
Lorsque l’on parle de RAM sur un PC ou un ordinateur portable, on fait presque toujours référence à la DDR (Double Data Rate). Il s’agit du standard de mémoire vive le plus utilisé dans l’informatique grand public depuis plus de vingt ans.
La DDR désigne une technologie qui permet à la mémoire d’échanger des données deux fois par cycle d’horloge, d’où son nom. Concrètement, cela signifie des transferts plus rapides entre le processeur et la mémoire, sans augmenter excessivement la consommation d’énergie.
- DDR (DDR1) en 2000 : première génération grand public de mémoire DDR, aujourd’hui totalement obsolète.
- DDR2 en 2004 : amélioration des fréquences et de l’efficacité énergétique, utilisée sur les PC du milieu des années 2000.
- DDR3 en 2007 : longtemps dominante, encore présente sur de très anciens PC jusqu’au milieu des années 2010.
- DDR4 en 2014 : la génération la plus répandue pendant près de dix ans. Elle équipe encore une grande partie des PC actuels.
- DDR5 en 2020 (avec un déploiement grand public réellement amorcé entre 2021 et 2022, retardé par la crise du Covid) : C’est le dernier standard en date avec une bande passante nettement supérieure, meilleure gestion de l’énergie. C’est aujourd’hui le standard le plus répandu sur les configurations récentes.
DDR6 : quand arrivera la prochaine génération de RAM ?
La prochaine évolution de la mémoire vive s’appelle DDR6. Initialement attendue autour de 2026–2027, elle est encore en cours de spécification et de validation. La DDR6 promet des débits encore supérieurs à ceux de la DDR5, pensés avant tout pour répondre aux besoins croissants de l’intelligence artificielle, entre autres.
Dans les faits, son arrivée devrait toutefois se faire en plusieurs temps. Les premiers déploiements concerneront comme à l’accoutumée les serveurs et les centres de données, où les gains de performance justifient des coûts élevés. Pour le grand public, notamment les PC de bureau et les ordinateurs portables, son adoption devrait prendre plus de temps que prévu. La crise actuelle de la mémoire laisse entrevoir un retard probable, repoussant une démocratisation de la DDR6 vers 2028 ou au-delà.
Pourquoi la RAM traverse une crise ?
En cette fin d’année 2025, la RAM traverse une crise sans précédent, au point que certains parlent déjà de « RAMpocalypse ». En cause : un déséquilibre brutal entre l’offre et la demande, largement provoqué par l’explosion de l’intelligence artificielle. La conséquence directe, c’est que les barrettes de RAM classiques ont vu leurs prix exploser, et que les produits qui en dépendent de près sont eux aussi touchés par ces hausses.
Pour bien comprendre, il faut revenir à la nature même de la RAM. Cette mémoire vive est indispensable au fonctionnement de tous nos appareils, mais elle est aussi devenue un composant stratégique pour les centres de données et les supercalculateurs d’IA. Or, ces deux mondes — grand public et intelligence artificielle — se retrouvent aujourd’hui en concurrence directe ce qui pousse certaines grands fabricants à choisir un camp.
C’est notamment le cas de Micron, le groupe derrière la marque Crucial, qui a pris la décision de cesser la commercialisation de certaines mémoires destinées au grand public afin de se concentrer sur les besoins des clients professionnels et industriels.
En effet, le principal moteur de cette crise reste la demande massive des géants de la tech comme Google, Microsoft, Meta ou encore Nvidia. Pour entraîner et faire fonctionner leurs modèles d’intelligence artificielle, leurs infrastructures reposent sur un type de mémoire très spécifique, la HBM (High Bandwidth Memory), conçue pour offrir des débits extrêmement élevés. Une mémoire non seulement plus performante, mais aussi bien plus rentables à produire que la RAM classique utilisée dans nos PC et smartphones.
Ce faisant, les fabricants de mémoire comme Samsung, SK Hynix ou Micron ont logiquement réorienté une grande partie de leurs capacités de production au profit de la HBM. En parallèle, la RAM grand public — DDR4 et DDR5, utilisée dans nos PC et smartphones — a progressivement été reléguée au second plan, réduisant fortement l’offre face à une demande qui, elle, continue d’augmenter.
Pour le moment, impossible de dire quand cette crise prendra fin. Beaucoup d’analystes estiment toutefois qu’elle pourrait s’étendre sur plusieurs années, avec des prévisions allant jusqu’à 2028.
Quels appareils contiennent de la RAM ?
On a souvent tendance à associer la RAM uniquement aux ordinateurs, comme s’il s’agissait d’un composant réservé aux PC portables ou aux tours de bureau. En réalité, c’est loin d’être le cas.
On la retrouve notamment dans :
- les smartphones ;
- les tablettes ;
- les consoles de jeux ;
- les téléviseurs connectés (Smart TV) ;
- les box Internet et décodeurs TV ;
- les boîtiers de streaming (Apple TV, Fire TV, Chromecast…) ;
- les casques de réalité virtuelle et mixte ;
- les montres et bracelets connectés ;
- les voitures modernes, via leurs systèmes multimédias et d’assistance ;
- les objets domotiques ;
- les serveurs et centres de données ;
- et bien d’autres appareils…
C’est notamment en répertoriant l’ensemble de ces appareils que l’on prend conscience qu’une crise de la RAM n’affecte pas uniquement le monde de la tech. Son impact s’étend également à d’autres secteurs, comme l’automobile, et plus largement à tous les produits intégrant de l’électronique.
Qu’est-ce que la VRAM et à quoi sert-elle ?
Vous avez sans doute déjà entendu parler de « mémoire vive » associée aux cartes graphiques, notamment à travers des termes comme GDDR6 ou GDDR6X dans les fiches techniques des GPU. Il ne s’agit pas de la RAM classique de votre ordinateur, mais d’une mémoire dédiée : la VRAM (Video Random Access Memory).
La VRAM est une mémoire spécialement conçue pour gérer tout ce qui touche à l’affichage : textures, modèles 3D, calculs graphiques, effets visuels ou rendu vidéo. Elle permet au processeur graphique (GPU) de travailler de manière autonome, sans dépendre en permanence de la RAM principale, ce qui améliore considérablement les performances, en particulier dans les jeux vidéo, la réalité virtuelle, la création graphique ou le montage vidéo.
Dans les cartes graphiques grand public, cette mémoire prend le plus souvent la forme de GDDR6, GDDR6X ou même GDDR7 pour les dernières cartes graphiques d’AMD et Nvidia, optimisée pour offrir des débits très élevés. Comme la RAM, la VRAM reste une mémoire volatile, mais elle se distingue par une bande passante bien supérieure, indispensable pour afficher des images complexes en temps réel. Sa quantité, exprimée en gigaoctets (Go), ainsi que sa vitesse influencent directement la fluidité, la résolution et le niveau de détail à l’écran.
Et oui, derrière les gigaoctets affichés sur la boîte de votre carte graphique, on retrouve toujours les mêmes acteurs. La VRAM est en effet produite par les mêmes géants de la mémoire que la RAM classique, à savoir Samsung, Micron et SK Hynix. Ce sont eux qui fournissent la GDDR utilisée dans les GPU grand public.
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