Le prochain cycle de développement du missile nucléaire français. Le ministre des Armées a lancé le chantier du M51.4, qui équipera aussi les futurs sous-marins lanceurs d’engins du pays.

Le prochain cycle de développement du missile nucléaire français est lancé. Dimanche 7 septembre 2025, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a officialisé sur X (ex-Twitter) le top départ pour la réalisation de la prochaine version du missile balistique M51. Il s’agira du M51.4, quatrième itération d’une arme qui a fait ses débuts en 2010.

C’est ArianeGroup, coentreprise française d’Airbus et Safran, qui va se charger du développement du M51.4. La société, qui s’était déjà occupée des versions précédentes du missile, est bien connue dans le secteur de l’aérospatial : on lui doit notamment les deux lanceurs européens Ariane 5 et Ariane 6, qui donnent à l’Europe son autonomie stratégique.

Le missile M51, fer de lance de la dissuasion nucléaire française

Le missile M51 est, lui aussi, stratégique. Il est précisément un missile de type mer-sol balistique stratégique (MSBS), c’est-à-dire qu’il est tiré depuis la mer pour viser une cible à terre, selon une trajectoire balistique. Celle-ci est parabolique, en forme de cloche. Quant à la dimension stratégique, elle s’explique par la présence du feu nucléaire à bord.

Sur le papier, il n’y a pas réellement de grosse différence entre le lancement d’une fusée et celui d’un missile balistique. On retrouve la même structure en étages : le M51 en a trois, tandis qu’Ariane 6 en a deux. La partie supérieure abrite la charge utile. Pour l’un, ce sera un ou plusieurs satellites. Pour l’autre, des ogives nucléaires.

SNLE-NG
Un SNLE français. // Source : Marine nationale

La plateforme de lancement, elle, n’est pas la même : dans le cas du M51, tout passe par les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), que la France possède en quatre exemplaires. Chaque SNLE emporte 16 missiles M51, qui chacun embarque entre six et dix têtes, selon la version de l’ogive. Et chacune peut suivre une trajectoire indépendante.

Dans son message, Sébastien Lecornu n’a pas détaillé sur quels aspects cette mise à jour vers le missile M51.4 se concentrerait. Il a juste noté que la capacité de dissuasion du pays reste « la clé de voûte » de sa défense et qu’il convient de poursuivre les investissements pour « [garantir] son entretien au quotidien et sa modernisation [face] aux menaces croissantes. »

Des mises à jour incrémentales

La réflexion pour la mise à jour du missile M51 est ancienne. La perspective de passer au jalon M51.4 était déjà évoqué en 2018 dans un dossier de presse portant sur le projet de loi de programmation militaire 2019-2025. Cela, à un moment où le déploiement de la mise à jour M51.2 était alors en cours, à partir de 2016.

Il est à noter que la mise à jour des missiles M51.4 concerne bien le vecteur de l’arme et non pas l’ogive elle-même. Celle-ci suit un circuit parallèle de conception, sous l’égide cette fois de la Direction des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Depuis 2016, l’ogive principale est la tête nucléaire océanique (TNO).

M51
Vue d’artiste du M51. // Source : ArianeGroup

Les caractéristiques et les performances du missile comme de l’ogive sont largement couvertes par le secret défense. Cependant, il est supposé qu’une seule tête contiendrait une puissance explosive d’environ 100 kilotonnes, soit un peu près dix fois plus que la bombe qui a rasé Hiroshima. Et il y a en a jusqu’à dix par missile, et seize missiles par sous-marin.

Concernant le missile, il est officiellement capable de délivrer sa charge utile jusqu’à « plusieurs milliers de kilomètres » depuis son point de départ. Tiré depuis un sous-marin en plongée, le M51 évolue dans l’espace, en s’élevant jusqu’à 2 000 km d’altitude, avant de rentrer dans l’atmosphère à une vitesse hypersonique, à 20 000 km/h (Mach 20).

Un nouveau missile à l’horizon 2030-2035

Le passage du M51.1 à M51.2 a permis le déploiement de la TNO, avec des capacités supérieures à la précédente version (TN 75). La bascule vers le M51.3, dont le développement a commencé en 2014, doit advenir à partir de 2025. Un premier essai de tir, sans charge nucléaire, a eu lieu au mois de novembre 2023. Il s’est déroulé avec succès

Au rythme du déploiement des différentes versions du missile, le M51.4 ne devrait pas arriver dans les forces océaniques stratégiques avant au moins cinq, voire dix ans. Seule certitude : il sera forcément compatible avec la 3e génération des SNLE, dont le premier exemplaire devrait justement faire ses débuts vers 2035.

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