Il s’est passé à peine quatre ans depuis la création de The Exploration Company, et pourtant, l’entreprise, désormais étendard du New Space français, semble ne jamais vouloir stopper sa croissance. En octobre, la startup franco-allemande inaugurait de nouveaux locaux en Allemagne, et c’est à présent au Haillan, près de Bordeaux, qu’elle s’implante.
Le nouveau complexe contient pas moins de 5 000 m² d’espace de stockage et de production, avec 2 500 m² de bureaux, sans oublier les autres bâtiments en cours de construction à Mérignac, toujours dans la région bordelaise.
Nyx, la capsule à tout faire
Mais que fait The Exploration Company ? Le projet principal qui porte toute l’entreprise se nomme Nyx. Il s’agit d’un véhicule spatial réutilisable qui doit faire voyager des appareils, des composants, des denrées, ou même un jour des humains.
Avec un nom qui fait référence à la déesse grecque de la nuit, Nyx est une capsule spatiale qui n’a pas encore volé, mais qui doit pouvoir mettre jusqu’à quatre tonnes de charges utiles en orbite, tout en étant capable de revenir sur Terre en un seul morceau. Entièrement réutilisable, Nyx peut aussi s’amarrer à une station spatiale, ou recevoir du carburant pour allonger la durée de sa mission en orbite.
Ambitieuse, l’entreprise a même d’ores et déjà prévu plusieurs versions de son véhicule. Un modèle de base destiné à l’orbite basse, un autre capable d’aller jusqu’à l’orbite lunaire avec cinq tonnes de chargement, et qui peut en ramener jusqu’à deux sur Terre. Par ailleurs, le groupe a aussi dans les cartons un projet d’atterrisseur lunaire nommé Nyx Moon.
Quelques embuches en chemin
Le chemin est encore long, surtout que les premiers essais réalisés n’ont pas été extrêmement concluants. Le premier test surnommé Bikini a été réalisé en juillet 2024 : il s’agissait d’une petite capsule d’une quarantaine de kilos qui n’a pas pu être déployée en orbite.
Puis il y a eu Mission Possible, un démonstrateur plus massif de 1 600 kilos qui a été lancé à bord d’une fusée Falcon 9 en juin 2024, mais dont le contact a été perdu lors de la rentrée atmosphérique. Malgré cette déconvenue, le vol a permis de tester de nombreux systèmes importants de la capsule, et tout s’est bien déroulé pour ce qui concerne le lancement, la mise en orbite, et le début de la rentrée atmosphérique. La fondatrice de l’entreprise, Hélène Huby, avait alors déclaré dans un communiqué : « Mission Possible nous a rendu plus forts. Nous espérons tous un succès total et les succès partiels font aussi partie de la route pour ceux qui prennent des risques. »
Les moyens de son ambition
Désormais, The Exploration Company se concentre sur le prochain essai, Mission Odyssey, planifié pour 2026, et qui serait une sorte de version améliorée de Mission Possible. Un calendrier très serré puisque la capsule Nyx, la vraie, devrait s’envoler pour 2028, avec ses premières missions de ravitaillement en orbite basse.
Pour l’instant, impossible de dire si l’entreprise parviendra à ses fins, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle se donne les moyens de son ambition. Fin 2024, elle levait 150 millions d’euros pour assurer la construction de sa capsule, un record dans le monde des startups du spatial en Europe.
Dorénavant, il faut l’aval de l’Agence spatiale européenne pour planifier une mission vers la Station spatiale internationale. Les choses, en tout cas, avancent. The Exploration Company a déjà remporté, aux côtés du mastodonte Thales Alenia Space, un premier appel à projet pour des cargos en orbite basse à hauteur de 25 millions d’euros.
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