La guerre froide technologique entre la Chine et les États-Unis connaît un nouvel épisode. Beijing vient d’interdire aux grandes entreprises locales d’acheter certaines puces d’intelligence artificielle de Nvidia, le géant américain des semi-conducteurs. Un coup dur pour l’entreprise et un message clair pour les États-Unis de Donald Trump : la Chine veut réduire sa dépendance aux technologies américaines et mise désormais sur une industrie locale de plus en plus compétitive.
Que s’est-il passé entre la Chine et Nvidia ?
L’Administration du cyberespace de Chine, épaulée par le régulateur de la concurrence, a annoncé l’interdiction d’acheter plusieurs modèles de Nvidia, dont la RTX Pro 6000D, une puce spécialement conçue pour contourner les restrictions américaines. Quelques semaines plus tôt, les géants chinois de la tech avaient reçu l’ordre d’arrêter d’acheter la H20, un autre modèle de puce Nvidia.



Ces modèles avaient été créés par Nvidia après les sanctions décidées sous Joe Biden, qui visaient à empêcher la Chine d’accéder aux composants IA les plus avancés. Son successeur Donald Trump avait quant à lui promis de les interdire totalement. Mais, finalement, la Chine a pris les devants : désormais, même ces versions « bridées » en termes de performances ne pourront plus être achetées par des groupes comme ByteDance (TikTok) ou Alibaba.
Encourager l’industrie locale, l’objectif de la Chine
Officiellement, Beijing parle d’une enquête pour pratiques anti-monopolistiques. Officieusement, la décision s’inscrit dans une stratégie bien plus large : couper l’accès à des composants étrangers jugés stratégiques et pousser les champions locaux à monter en puissance. Les régulateurs chinois affirment que les processeurs IA nationaux atteignent désormais un niveau de performance comparable aux modèles Nvidia encore autorisés.
La sanction est aussi un camouflet pour Donald Trump : il s’était engagé à défendre l’accès de Nvidia au marché chinois. Or, Beijing vient de fermer brutalement la porte. Le président et co-fondateur de Nvidia Jensen Huang s’est dit « déçu », à l’occasion d’une conférence de presse mercredi à Londres. Et pour cause : la Chine représente près de 13 % du chiffre d’affaires de Nvidia.

Ce bras de fer rappelle également l’affaire Huawei en 2019. Accusée de menacer la sécurité nationale des États-Unis, l’entreprise chinoise avait été privée d’accès aux technologies américaines (Android, composants stratégiques). Résultat : l’ex-numéro deux mondial du smartphone s’est effondré hors de Chine, avant de se replier sur son marché domestique. Il fabrique aujourd’hui de meilleures puces et prend peu à peu son indépendance.
À court terme en Chine, l’interdiction pourrait ralentir certains projets en intelligence artificielle, encore dépendants des GPU américains. Mais; à moyen terme, elle offre une fenêtre d’opportunité pour les concurrents locaux (Huawei, SMIC, Cambricon), poussés à accélérer leur montée en gamme.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Pour ne rien manquer de l’actualité, suivez Numerama sur Google !