C'est une première, un navire de guerre japonais tire avec son canon électromagnétique sur un navire

La marine japonaise a effectué un tir d’essai avec un canon électromagnétique contre un autre navire, vidé de ses occupants. C’est la première fois que Tokyo teste un tir depuis un navire contre un autre bâtiment.

C’est inédit pour la marine de guerre japonaise. Durant des essais en mer, l’un de ses navires a ouvert le feu avec une arme d’un nouveau genre : un canon électromagnétique. Monté à bord du bâtiment d’essais et de mesures JS Asuka (ASE-6102), il a tiré son projectile contre un autre bateau qui, vidé de son équipage, a servi de cible opportune.

C’est ce tir de « bateau à bateau » qui constitue une grande première pour le Japon. Il y avait déjà eu par le passé des tests de tir depuis le JS Asuka, mais pas contre une autre embarcation. L’agence japonaise pour l’acquisition, la technologie et la logistique (ATLA) — l’équivalent de la Direction générale de l’armement (DGA) en France — s’est félicitée pour ce progrès.

canon japonais électromagnétique — Le canon faisant feu. // Source : ATLA

« L’ATLA a mené des essais de tir à partir d’un canon électromagnétique embarqué à bord d’un navire entre juin et début juillet de cette année, avec le soutien de la Force d’autodéfense maritime japonaise. C’est la première fois qu’un canon électromagnétique embarqué à bord d’un navire tire avec succès sur un navire réel », a-t-elle écrit le 10 septembre.

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Bien que le développement de ce canon électromagnétique ne soit pas encore achevé, renvoyant à plus tard son déploiement opérationnel au sein des forces armées nipponnes, cette étape délivre un signal stratégique aux compétiteurs de Tokyo. Cela, dans un contexte où le Japon est lancé dans une hausse de ses dépenses militaires.

Les avancées japonaises sur le canon électromagnétique seront cependant vues d’un bon œil en Europe, surtout en Allemagne et en France. En effet, les trois pays ont conclu un partenariat au printemps 2024 pour coopérer sur les technologies des canons électromagnétiques, qui permettent de tirer des projectiles inertes à très haute vitesse.

Le canon électromagnétique a des atouts à faire valoir

Cette vélocité est telle qu’elle dépasse les armements conventionnels, notait la DGA il y a deux ans. Par exemple, un missile de croisière naval évolue à Mach 0,8, tandis que l’Aster file de Mach 3 à Mach 4,5 selon sa version. Le projectile lancé par un canon électromagnétique peut foncer à Mach 5 ou 7 — au-delà de Mach 5, c’est le domaine de l’hypersonique.

Le canon électromagnétique présente plusieurs avantages, au-delà de la vitesse des tirs. Il remplace opportunément des armements explosifs par des munitions inertes — des projectiles en métal, qui ne risquent pas de détoner en soute. La petitesse de ces munitions encombrera aussi moins les navires, libérant de la place pour autre chose.

canon électrique railgun — À quoi ressemble un projectile éjecté d’un canon électromagnétique (test mené aux USA). // Source : John F. Williams

Les projectiles seraient également moins coûteux que des missiles, et aussi moins facilement repérables et exposés à des interceptions — notamment en raison de leur rapidité. Pratique à l’heure où les contre-mesures montent aussi en gamme. Par ailleurs, les dégâts infligés à la cible peuvent être très importants, là aussi en raison de la vitesse.

En revanche, le canon électromagnétique a un besoin d’un apport majeur en énergie pour propulser le projectile — ce qui veut dire qu’il faut que le navire soit en mesure de la produire, ou de la fournir. Il y a aussi des enjeux du côté de la dissipation thermique, les contraintes mécaniques, l’usure des rails, la précision et le guidage du tir et le poids du système.